La vie étant ce qu'elle est, le chômage, le manque d'opportunité, ne laissent aucune chance aux jeunes de toute une région de l'est de la wilaya de Bouira. Il s'agit bien sûr, de la commune de Thaourith Nath Mansour. Lieu de passage obligatoire vers l'est du pays, cette commune vit d'une agriculture traditionnelle et des commerces qui sont installés aux abords de la RN5. La population, bien intégrée dans son environnement a adapté son existence au contexte naturel qui l'entoure. La région est hautement pourvue en carrière, de cette pierre bleue ornementale qui décore des résidences et des villas bâties très loin de Ath Mansour. Considérant ce matériau comme une aubaine, ils sont des dizaines à exercer ce métier même si eux préfèrent parler d'art. Des jeunes, marteau et burin en main, s'affairent à donner à la pierre la forme, le poli et la configuration les plus parfaits pour la proposer à la vente. «Ce sont des pierres qui vont embellir les villas de Annaba, d'Oran ou de Béjaïa», nous dira un adolescent portant sur le visage un masque pour se protéger de la poussière. Les mains portent les stigmates et les traces de ce dur labeur. La pierre est extraite des entrailles de la terre, à la lisière ou à l'intérieur de la forêt. Un peu plus loin, sur les bords d'Amarigh (référence à l'oued salé qui prend sa source du côté de Hammam Biban) et au pied de la butte d'Azrou Kallal, des spirales de poussière montent vers le ciel, poussées par un vent de l'est. Elles proviennent des carrières et stations de concassage. Une autre activité est spécifique à cette région de la wilaya: la production de plusieurs variétés de prunes. Le passage de l'autoroute est hélas l'annonce et le début de la fin pour les centaines de jeunes qui, chaque matin s'installent au bord de la RN 5 pour écouler quelques caisses de ces fruits succulents. Il en est de même pour les tailleurs de pierres qui voient de moins en moins de passagers s'arrêter pour examiner le produit. Certes, les clients sont recommandés et l'activité a encore de beaux jours devant elle, mais le contournement et l'évitement de cette commune risquent d'influencer le volume-travail de toute la région. L'échangeur d'Ahnif permettra l'accès vers Ath Mansour pour ne pas l'isoler entièrement. Espérons seulement que cette autoroute ne sera pas la cause de la mort d'un métier artisanal et la disparition d'un produit label.