En obtenant, contre toute attente, 19,3% des suffrages, la candidate du Parti Vert, Marina Silva se retrouve dans la position d'arbitre entre les deux postulants à la magistrature suprême, Dilma Rousseff et José Serra. Dilma Rousseff, la dauphine du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, et son rival social-démocrate José Serra, se sont lancés lundi dans la bataille pour le second tour de l'élection présidentielle dont les écologistes détiennent la clé. L'ancienne ministre chef du gouvernement de Lula, Dilma Roussef, 62 ans, était en bonne position pour être élue présidente le 31 octobre après avoir gagné largement le premier tour avec 46,8% des voix face à José Serra, 68 ans, un ex-gouverneur de Sao Paulo qui a obtenu 32,6% des votes, selon un décompte officiel quasi définitif. La candidate du Parti Vert, Marina Silva, ex-ministre de l'Environnement de Lula, 52 ans, a obtenu contre toute attente 19,3% des suffrages exprimés, près de six points de plus que prévu par les sondages, et a forcé un ballottage le 31 octobre peu probable à quelques jours du scrutin. L'analyste Ricardo Ribeiro a expliqué que des rumeurs sur un engagement de Dilma en faveur de la dépénalisation de l'avortement ont conduit les puissantes églises évangéliques à déclarer la guerre à Dilma dans les derniers jours de la campagne. Un scandale de trafic d'influence ayant contraint à la démission une ministre importante du gouvernement en fin de campagne, a aussi fait perdre des voix à Dilma. Au sein du Parti des Travailleurs (PT-gauche) de Lula, le second tour a fait l'effet d'une douche froide et le ton était à la prudence. «C'est le moment de se montrer humble» après avoir crû trop tôt à la victoire au premier tour, a estimé un des coordinateurs de la campagne de Dilma, le député PT Candido Vaccarezza. La stratégie du parti de Lula est de conquérir les voix de l'écologiste, membre du PT pendant trente ans, en faisant appel à son «coeur pétiste» et à son attachement à Lula. Marina est souvent apparue comme l'héritière en jupe de Lula, ayant le même parcours depuis la pauvreté jusqu'au sommet de la politique. Dilma a confirmé lundi son souhait de négocier l'appui de l'écologiste Marina Silva pour le second tour de l'élection présidentielle au Brésil. «J'ai appelé aujourd'hui Marina pour la féliciter pour son score au premier tour. Il m'a paru un peu délicat de commencer à négocier. Mais nous allons discuter et j'espère qu'elle y trouvera le même intérêt», a dit Rousseff lors d'une conférence de presse à Brasilia. De son côté, Marina Silva a déclaré à la presse à Sao Paulo avoir été appelée par Dilma et par José Serra. Mais elle a affirmé ne pas avoir décidé si elle resterait neutre ou si appuierait un candidat. «Je n'ai pas de position a priori», a-t-elle dit en indiquant que cette décision sera prise par le Parti Vert lors d'une convention qui se réunira d'ici à quinze jours. «Les 20% de voix de Marina valent de l'or. Au cours des trois prochaines semaines de campagne, c'est elle qui aura les cartes en main», a déclaré l'analyste Pereira Cesar du consultant CAC. Le parti Vert est divisé et compte des sympathisants dans les deux camps, mais selon des sondages, «50% des voix de Marina iraient à Serra tandis que 30% se reporteraient sur Dilma», affirme Globo.