Altercations, délit de presse et conflits commerciaux peuvent conduire en prison. Malnutrition, torture, drogue, corruption, maladies, harcèlements sexuels, suicides, mais surtout surpopulation et entassement des prisonniers dans les cellules. Voilà de quoi sont faites les prisons marocaines. Voilà les termes utilisés par un rapport reproduit par la presse et destiné à alerter, aussi bien l'opinion publique, que l'opinion internationale sur la dégradation de la situation du milieu carcéral au Maroc. L'Observatoire marocain des prisons (OMP) et l'Organisation marocaine des droits de l'homme (Omdh) sont outrés par le non-respect des droits de l'homme par les autorités marocaines. On compte plus de 60.000 prisonniers marocains répartis sur les 65 établissements pénitentiaires; notons que la capacité des établissements est limitée à 40.000 places et que 86 détenus se partagent une cellule de 48 m². il est évident que cet aménagement de l'espace n'est pas conforme aux normes qui délimitent une superficie entre 3 à 6 m² par détenu, alors que le Maroc réserve à peine 1,5 m² par personne incarcérée. La faute incombe, selon ces deux ONG, à la non-ratification par le Maroc du protocole facultatif de la Convention des Nations unies contre la torture et les mauvais traitements, prévoyant un système de visites régulières des lieux de détention par des experts de l'ONU sans autorisation préalable des Etats concernés. Ce protocole habilite, par ailleurs, les experts nationaux à effectuer ce genre de visites dans le cadre d'un mécanisme de prévention une fois que le Maroc, qui a ratifié la Convention de l'ONU en 1993, aura également ratifié ce protocole facultatif. Après étude et analyse, les ONG qui militent pour cette cause considèrent qu'il serait illusoire de vouloir réformer l'institution carcérale marocaine, et penser pouvoir la guérir de ses maux sans commencer par une refonte du Code pénal et du Code de procédure pénale. Car, il est plus qu'évident qu'avec l'actuel code marocain, tout peut mener en prison. Depuis les altercations dans la rue jusqu'au délit de presse en passant par les délits de l'action syndicale, de commerce, de fiscalité ou de propriété. L'Omdh et l'OMP notent ainsi que le nombre de prisonniers en état de détention préventive (en attente de jugement) a atteint le nombre de 29.360, soit presque la moitié du total des prisonniers marocains. A fin 2009, il y avait au Maroc 61.202 prisonniers dont 56.111 hommes, 1452 femmes et 4839 de moins de 20 ans. 125 sont morts en 2009 dont 32 dus à des maladies chroniques et 8 cas de suicide. Il est important de relever ici un point réellement tragique. En cas de prise en considération, ce qui est peu probable, par les autorités marocaines des réclamations et des revendications de ces deux ONG, celles-ci prévoient une solution qui ne pourrait être autre que l'introduction d'alternatives aux peines privatives de liberté afin de réduire l'effectif de la population carcérale et lutter contre l'entassement (...) dans les prisons. Décidément, les Marocains sont très cruels envers tous ceux qui font l'erreur de se trouver en travers du chemin des autorités en place. Et dire que le gouvernement ne cesse de prodiguer des leçons à ses voisins sur cette question sensible.