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Pourquoi les touristes ne se sont pas rués à timimoun
Ils sont à peine 500 étrangers à visiter la ville jusqu'à fin décembre 2008
Publié dans Liberté le 20 - 01 - 2009

Crise économique, prestations d'Air Algérie et mesure du ministère interdisant l'hébergement des touristes chez des privés pour des raisons de sécurité sont en cause.
Il est des lieux qui sont à ce point magiques et envoûtants qu'on ne s'extrait de leurs nasses qu'au prix d'un serment dûment prêté de les revisiter à la première occasion qui se présente. Timimoun est de ces lieux-là. Généreusement pourvue par Dame Nature, l'oasis Rouge a ce don de conquérir le cœur des visiteurs qu'elle sait payer largement en retour. Qu'on s'accorde seulement une balade dans les vieux ksour aux ruelles ombreuses et labyrinthiques, qu'on écoute les grappes d'hommes vêtus tout de blanc chanter l'ahellil, cette belle et étrange musique qui vous berce et vous jette dans une indéfinissable félicité, et, alors, on voue un respect sans borne à ces Zénètes humbles jusqu'à l'effacement, hospitaliers jusqu'au sacrifice mais créatifs jusqu'à l'ingéniosité.
Qu'on s'autorise une incursion dans sa palmeraie, certes, mourante parce que délaissée mais verdoyante et fort apaisante, qu'on s'attable, le soir, sur la terrasse de l'hôtel du Gourara pour s'offrir la vue d'un des plus beaux couchers du soleil au monde, qu'on se paie une échappée dans ses infinis espaces désertiques (Ighzer, Aghlad, Thala, Tinerkouk,…) et on sort à jamais amoureux inapaisable de Timimoun.
De la grandeur d'âme de sa population et de la féerie de ses paysages. Aussi beaucoup de touristes se sont précipités cette année sur Timimoun histoire de (re) découvrir sa beauté mais aussi de se retaper une santé. La capitale du Gourara grouille de monde en cette fin décembre 2008.
Le musée qui abritait une exposition d'artisanat ne désemplit pas de toute la journée. Ses ruelles sont bariolées à souhait. On y rencontre de toutes les couleurs : des noirs, des blancs, des bruns.
De tous les âges et sexes aussi : des vieux, des jeunes, des enfants, des femmes.
Malgré leur extrême pauvreté, les autochtones, emmitouflés dans leurs gandouras, ne se départissent jamais de leur sourire. Les touristes venant du nord du pays ou de l'étranger se rendent où bon leur semble sans être inquiétés par personne.
Le long des journées, des couples flânent, traînant la savate comme pour arrêter la machine du temps et immortaliser ces instants magiques. Jamais la cité ocre à l'architecture néo-soudanaise ne porte si bien l'épithète de ville cosmopolite qu'en ces jours de fin d'année. Dormant du sommeil du juste dans son mausolée tout de blanc qui trône au beau milieu de la ville, le saint Moulay Hocine protège de sa baraka tutélaire tout ce beau monde.
Une saison touristique 2008-2009 mi-figue, mi-raisin
Pour autant, est-ce le rush de touristes sur Timimoun ? Non, tranche un Timimouni d'un certain âge. “On est très loin du compte. Durant les années 1970-80, le nombre de touristes est égal à celui des habitants de Timimoun. Notre palmeraie était alors submergée de tentes. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui”, explique-t-il. Un avis que ne partage pas M. Mohammed Bourad, directeur du tourisme de la wilaya d'Adrar, qui estime que le tourisme à Timimoun a quelque peu redoré son blason terni. “Cette année, il y a beaucoup de monde. Ce sont les nationaux qui y viennent en grand nombre. Quant aux étrangers, c'est vrai que leur nombre a quelque peu diminué”, affirme-t-il. Chiffres à l'appui, il assure que la ville de Timimoun a reçu, durant la période allant du 20 au 30 décembre 2008, la visite de 500 à
600 touristes étrangers et 15 000 à
17 000 touristes nationaux. Et sur le long de l'année, quelque 4 500 touristes étrangers et 45 000 autres nationaux y ont séjourné. Et les professionnels du tourisme comment apprécient-ils la présente saison touristique?
“La saison touristique est passable. Comparée à l'année dernière, le nombre de touristes a chuté”, regrette Bachir Aqassem, responsable de l'Office national du tourisme (Onat) de Timimoun.
Et d'expliquer : “Jusqu'ici nous avons reçu une soixantaine de touristes nationaux et une trentaine d'étrangers. Et nous attendons une autre vague d'une vingtaine de touristes pour le mois de février. Comparé à celui de l'année dernière, le nombre de touristes reçus a chuté.” M. Djebaïli Mustapha, directeur de l'agence de voyages Gourara tours, ne semble pas trop s'en plaindre. “Cela se présente mieux que l'année dernière. Depuis le mois d'octobre à ce jour, j'ai acheminé à Timimoun, quelque 50 touristes nationaux et 15 étrangers. Ce n'est pas beaucoup mais ça va”, se réjouit-il.
Quant à M. Mouloud Arab, directeur de l'hôtel Gourara, seul établissement hôtelier public dont dispose la région, il est, lui, tout bonnement euphorique. “Ça se présente très, très bien. Nous avons finalisé les réservations depuis le mois de juillet. Notre hôtel affiche complet”, se félicite-t-il avant d'ajouter : “Le tourisme ça marche tant qu'il n'y a pas de kidnapping. Pour le moment il n'y a pas de risque palpable.” Mais de l'avis général, le nombre de touristes a baissé. Comment explique-t-on ce reflux ?
Les causes du reflux touristique
Pour le directeur du tourisme de la wilaya d'Adrar, la baisse du nombre de touristes cette année s'explique par la crise qui a frappé de plein fouet l'économie mondiale. “Beaucoup de touristes ont annulé leur voyage en Algérie. Et le rapport qualité/prix n'est pas en notre faveur. Comparée à d'autres, la destination Algérie est trop chère.
Un voyage à Timimoun coûte quelque 500 euros au touriste français alors qu'il peut se rendre au Maroc avec moins de 90 euros”, explique-t-il. Un point de vue que fait sien Daniel Emery, président de l'association des amis de Timimoun. “Oui la crise économique y est pour beaucoup. L'essentiel des touristes qui viennent ici sont des retraités.” D'autres intervenants, en revanche, pointent du doigt la compagnie publique Air Algérie qui, à leurs yeux, ne joue pas le jeu. M. Djebaïli reproche à Air Algérie le non-respect des horaires. “Contrairement aux années précédentes, la compagnie a, cette année, trois vols par semaine assurant la liaison Alger-Timimoun. Malheureusement, les avions mettent énormément de temps pour décoller. Il leur arrive de faire un retard de plus de 10 heures. Or, les touristes étrangers exigent ponctualité et respect des horaires car avec de tels retards, ils sont alors obligés de faire une réservation à l'hôtel. Et s'ils ne viennent pas en vol charter, ils seront dans l'obligation de payer un autre billet”, explique-t-il. Comme le directeur de l'agence de voyages Gourara Tours, M. Arab Mouloud jette lui aussi la pierre à la compagnie Air Algérie. “Les vols d'Air Algérie ne sont pas réguliers. Il n'y a pas de vol direct Paris-Timimoun alors que les touristes préfèrent éviter Alger”, souligne-t-il. Et d'ajouter : “Les prix sont excessivement chers. Tant que Air Algérie garde le monopole, ça ne pourra pas aller mieux. Honnêtement on ne peut pas faire du tourisme avec cette compagnie publique.” Tout le monde jure par un vol charter direct Alger-Timimoun.
Le propriétaire de l'hôtel Moulay déplore l'absence d'infrastructures en nombre à Timimoun. “Comment voulez-vous faire face au flux de touristes avec seulement trois hôtels et trois campings ? C'est impossible”, se désole-t-il. Mouloud Arab parle de la nécessité de mettre à niveau les infrastructures hôtelières existantes. “Il faut rénover les infrastructures existantes car elles sont dépassées. Sur papier, l'hôtel que je gère est classé trois étoiles. Mais en réalité, il ne dépasse pas une étoile. Et c'est le cas de la majorité des établissements publics. On parle d'une enveloppe dégagée par les autorités pour mettre à niveau les infrastructures hôtelières publiques existantes mais pour le moment, on n'a rien vu.” Autre cause de la baisse du nombre de touristes avancée par d'autres intervenants : certains articles de la presse nationale traitant de l'interdiction de l'hébergement chez l'habitant émise par la wilaya d'Adrar qui, à leurs yeux, a eu un effet
dissuasif.
Hébergement chez l'habitant : l'interdiction de la controverse
“À mon avis, les articles de presse parus ces derniers jours et traitant du sujet ont été pour beaucoup, puisque juste après, nombre de touristes ont annulé leur voyage à Timimoun. L'image du pays est assez écornée à l'étranger pour cause de terrorisme pour que la presse algérienne en rajoute”, s'emporte M. Aqassem qui dit avoir perdu beaucoup de clients depuis la mi-décembre. “J'ai perdu 15 clients depuis une semaine”, renchérit Mustapha Djebaïli. Mais les gens sont partagés quant à l'existence de cette décision. Mustapha Djebaïli jure par ses grands dieux qu'il n'y a aucune décision interdisant aux professionnels d'héberger les touristes chez des particuliers. “Moi-même j'ai un touriste qui habite chez un habitant”, appuie-t-il. “Ce sont les clandestins qui en ont fait tout un plat. Pour les professionnels que nous sommes l'existence de ces clandestins pose problème. Nous sommes face à une concurrence déloyale. Ils baissent les prix avec moins de prestations et ils ne paient aucun impôt”, s'élève-t-il encore. Mouloud Arab, lui, est catégorique : il n'y a aucune mesure interdisant aux habitants d'héberger chez eux des touristes étrangers. “C'est faux. Ce n'est pas interdit d'héberger les touristes chez des particuliers. Il est vrai que quelqu'un qui héberge un touriste doit absolument le déclarer aux services de sécurité. C'est une prévention sécuritaire. Car il suffit d'un kidnapping dans une quelconque région du Sud pour que la saison touristique soit compromise”, explique-t-il. Ce n'est pas l'avis de Abdelmadjid Ghandour, responsable de la maison d'hôtes Ghandour, qui atteste de l'existence d'une telle mesure. “Ce sont les services de sécurité qui nous ont informés de cette décision. Certainement qu'ils ont leurs raisons.
Me concernant, je n'ai aucun étranger dans mon établissement”, affirme-t-il. Le gérant du camping la Palmeraie avance autre chose : il est interdit d'héberger plus de 2 touristes étrangers qu'il faut toutefois déclarer. Document à l'appui, un responsable de l'association Grand Erg pour les échanges touristiques a attesté de l'existence de la mesure d'interdiction de l'hébergement du touriste étranger chez l'habitant. “Après une réunion que nous avons eue, le
8 octobre dernier, avec le directeur du tourisme, le chef de daïra, le P/APC de Timimoun, les responsables des services de sécurité… pour parler des problèmes du tourisme dans la région et de la sécurité, la wilaya nous a rendu destinataire le 5 décembre d'une instruction nous interdisant d'héberger les touristes étrangers. Nous avons envoyé le 29 décembre une lettre de recours au wali d'Adrar mais nous n'avons aucune réponse”, témoigne-t-il.
Se défendant de faire une activité lucrative, ce responsable assure ne faire que “du tourisme culturel”. “Notre mission est de faire des échanges touristiques. Notre seul souci est le développement du tourisme qui est le seul gagne-pain de nos populations. On essaie de faire connaître la culture et les traditions de notre région aux touristes qui nous rendent visite”, explique-t-il. Si l'année dernière, ce jeune a reçu quelque 28 étudiants étrangers, ce n'est pas le cas cette année. “Franchement, j'ai peur d'enfreindre la mesure au risque d'avoir des démêlés avec l'Etat. Il faut dire que, par le passé, la direction du tourisme a fait beaucoup de choses pour nous. Mais la mesure de cette année nous a fait beaucoup de mal. Notre souhait est qu'elle soit levée”, assure-t-il. Un autre responsable d'une autre association a pris langue avec le président de la commission culture et tourisme de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour le sensibiliser sur la question. Ce dernier posera une question orale au ministre de tutelle à qui il compte demander de recevoir une délégation du mouvement associatif de Timimoun.
Il faut dire que beaucoup de gens ne s'expliquent pas la décision des autorités d'empêcher les habitants de Timimoun de se faire un peu d'argent pendant cette saison. Certaines mauvaises langues sont allées jusqu'à parler de connivence entre la direction du tourisme et les responsables des agences de voyages.
Direction du tourisme : “Faites du tourisme mais dans la légalité”
D'un revers de la main, M. Bourad balaie ces assertions. Son credo ? Le travail dans la légalité. Il jure que la mesure d'interdiction ne vise que les gens qui sont tombés dans l'illégalité et non pas les professionnels qui travaillent dans le cadre de la loi. “Les services de sécurité ont reçu une directive leur demandant d'assurer la sécurité des 5 000 touristes étrangers qui se trouvent en Algérie, plus précisément à Tamanrasset, à Djanet et à Timimoun. Aussi la commission de sécurité de la wilaya ou siège le commandant de la gendarmerie, la Sûreté de wilaya et le commandant du secteur a pris ses responsabilités. Une telle mesure est appliquée un peu partout sur le territoire national. C'est une mesure préventive. Ils ont des données qui ne sont pas en notre possession. Pour notre part, nous avons réuni en octobre dernier les hôteliers, les responsables d'agences de voyages et les animateurs du mouvement associatif pour les sensibiliser sur cette question”, soutient-il. Et d'ajouter : “Pour assurer une sécurité maximale aux touristes, les professionnels doivent fournir aux services de sécurité les noms et prénoms de leurs clients, le programme et l'itinéraire de leurs sorties dans le désert. Ainsi s'ils tombent en panne ou rencontrent un quelconque problème, les services savent où ils se trouvent et peuvent intervenir à temps. Il suffit d'un incident pour que toute la saison touristique soit compromise. Le risque est d'autant plus grand à Timimoun que beaucoup d'entreprises étrangères s'y sont installées, notamment depuis la découverte du pétrole à Tinerkouk et Reggane. Sachez que le jour où quelque chose se passe, tous les doigts accusateurs seront pointés du côté de la direction du tourisme et des services de sécurité.” Convaincu du bien-fondé de cette mesure, il assure qu'elle a pour finalité de mettre un terme au travail au noir. “Les gens qui font du tourisme illégal sont inconscients. Ils n'ont aucune assurance et si un quelconque malheur arrive aux touristes, ils peuvent tout bonnement se retrouver en prison. C'est dangereux de s'aventurer dans le désert avec des touristes”, remarque-t-il avant de poursuivre : “Dans les pays sérieux, le tourisme solidaire est une activité réglementée. C'est le cas du Maroc qui a réglementé l'écotourisme et qui dispose d'une police du tourisme. En Angleterre, la formule bed and breakfast est elle aussi réglementée. Chez nous, cela se fait dans l'anarchie la plus totale. Le pire est que Timimoun est classé comme pôle d'excellence. Mon message aux gens de Timimoun est : faites du tourisme mais dans la légalité.” Mais que fera sa direction pour mettre un terme à cette situation ? Sa réponse : “Il n'est pas du tout exclu qu'une mesure administrative soit prise pour ester en justice tous ceux qui entraveront l'interdiction des autorités sous l'accusation d'exercice illégal de la profession.”
Le hic est que, faute d'une autorisation des autorités, nombre de citoyens de Timimoun n'ont d'autre choix pour exercer le seul métier qui s'offre à eux que de verser dans l'informel. C'est Touhami Bendjaouane, gérant du camping La Palmeraie, un professionnel ayant plus de 30 ans au compteur qui a d'ailleurs soulevé ce problème. “Beaucoup de gens à Timimoun ont déposé, depuis quelques années déjà, des dossiers de création d'agences de voyages au niveau du ministère du Tourisme. À ce jour, ils n'ont aucune réponse. Personnellement, on ne m'a pas donné l'agrément alors que je gère un camping. Il y a beaucoup de compétences à Timimoun, il faut seulement leur faciliter la tâche pour qu'ils puissent travailler normalement.” Un argument qui ne semble pas trop convaincre le directeur du tourisme de la wilaya d'Adrar qui estime que “ce n'est pas parce que les autorités n'ont pas délivré d'agrément que les gens vont travailler dans l'illégalité”. “La délivrance des autorisations administratives pour créer une agence de tourisme est du ressort de la commission nationale des agréments au niveau du ministère du Tourisme. Il y a 4 ou 5 personnes qui n'ont pas eu leur agrément”, explique-t-il non sans assurer que sa direction fait tout pour faciliter la tâche aux professionnels et aux investisseurs dans l'espoir d'insuffler une nouvelle dynamique au secteur du tourisme dans la région. “On a essayé de mettre des actions promotionnelles en invitant ici à Timimoun des responsables d'agences de voyages étrangères : espagnoles, italiennes et françaises, qu'on compte mettre en contact avec leurs homologues locales. On compte aussi participer aux salons internationaux de Paris, Berlin et Milan pour promouvoir la destination Timimoun”, explique-t-il. Comme actions entreprises en guise de soutien au tourisme, Mohamed Salah Nekkar, maire de Timimoun et son staff évoquent un grand forum qui sera organisé dans 2 ou 3 mois et auquel prendront part des opérateurs du tourisme. Autre action louable à mettre à l'actif de l'APC : le lancement d'un programme de réalisation de 11 fouggaras pour revivifier la palmeraie qui meurt à petit feu. Démunis, les responsables de l'APC lancent un appel aux investisseurs pour venir s'établir à Timimoun. Ils exhortent aussi les autorités centrales pour doter la région d'infrastructures à même d'absorber le flux de touristes surtout que Timimoun est considérée comme un pôle d'excellence. C'est dire combien la relance du tourisme à Timimoun a besoin du concours de toutes les parties. Comme l'a si bien dit Mouloud Arab, directeur de l'hôtel Gourara, “le tourisme est l'affaire de tout le monde”.
Ces Nordistes qui s'établissent à Timimoun
C'est connu : la vie commerciale des villes du sud du pays est en grande partie animée par des citoyens du nord qui, pour cause de chômage, s'y sont établis. Mais un phénomène nouveau a vu le jour à Timimoun : des gens n'y travaillant pourtant pas mais seulement séduits par le charme de l'oasis Rouge, achètent des lots de terrain pour construire des maisons. Selon Daniel Emery, président de l'association Les amis de Timimoun, pas moins de 50 Algériens originaires du nord du pays se sont offerts des demeures à Timimoun. Mieux encore, parmi ces nouveaux débarqués figurent des Algériens vivant en France et même des Français comme lui (il a la carte de résidence). Moralité : il faut être plus près de la source pour mieux apprécier le goût de son eau.
Route Adrar-El Bayadh : un projet structurant qui tarde se concrétiser
L'espoir des populations de Timimoun de voir le projet de route reliant la wilaya d'Adrar à El-Bayadh, en passant par Timimoun et Tinerkouk est en passe de devenir une chimère. Et pour cause, ils ne voient rien venir alors que l'inscription de ce projet remonte à 2003. Pourtant, il est d'une utilité incontestable.
Il réduira l'actuel trajet Adrar-Oran en passant par Béchar de moitié. En effet, pour se rendre à Oran, les habitants de la wilaya d'Adrar sont dans l'obligation de passer par Béchar en faisant plus de 1200 km de route. En revanche, s'ils empruntent la route d'EL Bayadh, ils ne feront que 700 km. En plus, c'est une dizaine de wilayas qui en bénéficieront si un jour le projet se concrétise.
A. C.


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