Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a exigé, hier, des Etats-Unis qu'ils retirent leurs troupes à travers le monde et s'excusent pour leurs “crimes” contre l'Iran, alors que son homologue américain, Barack Obama, se dit prêt à dialoguer si Téhéran “desserre le poing”. Ahmadinejad, qui remet en jeu son mandat en juin, a toute la confiance de la plus haute autorité de l'Etat, l'ayatollah Ali Khamenei, qui n'a pas encore répondu à l'offre de M. Obama. Le message du président iranien à ce dernier a été sans concessions. “Ceux qui parlent de changement doivent présenter des excuses au peuple iranien et essayer de réparer leurs mauvais actes passés et les crimes qu'ils ont commis contre l'Iran”, a-t-il dit dans un discours à Kermanshah. Il a ensuite énuméré une liste de griefs contre les Etats-Unis, remontant jusqu'à leur organisation d'un coup d'Etat en 1953 pour renverser le Premier ministre Mohammad Mossadegh. Il a aussi mentionné l'opposition de Washington à la révolution islamique de 1970 ou son soutien à l'Irak dans la guerre contre l'Iran. Les Etats-Unis et la République islamique n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Obama, dont le slogan de campagne était le “changement”, s'est dit prêt, lundi, à engager un dialogue avec l'Iran si ce dernier “desserre le poing”. Sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a appelé, mardi, l'Iran à “manifester sa volonté de dialogue sérieux”, en précisant que, pour les Etats-Unis, il revient aux dirigeants iraniens de décider “si ce poing va se desserrer ou non”. Mais Ahmadinejad a dénombré des conditions à un éventuel dialogue concernant aussi bien la politique américaine en général que celle visant son pays. S'agissant de la première, il a appelé Washington à “respecter les peuples”, à “ne plus s'ingérer dans les affaires des autres peuples”, à “mettre un terme au soutien aux sionistes sans racines, illégaux et fantoches” et, enfin, à permettre au peuple américain “de décider de son propre sort”. Ces conditions avaient été énumérées récemment par un conseiller de Ahmadinejad. Concernant l'Iran, il revient à Obama, outre la présentation d'excuses et la réparation des “crimes” américains, d'engager une rupture radicale avec son prédécesseur George W. Bush. Si “quelqu'un veut parler avec le peuple iranien avec le même état d'esprit que Bush (...) mais avec des mots nouveaux, la réponse de l'Iran sera la même que celle donnée ces dernières années à Bush et ses valets”, a-t-il prévenu. Bush conditionnait l'ouverture de discussions avec l'Iran à sa suspension de ses activités nucléaires les plus sensibles. Obama s'est dit par le passé favorable à un dialogue sans condition avec l'Iran, mais l'objectif ultime de son Administration est le même que celui de la précédente. R. I. /Agences