Dans une vidéo postée sur Youtube et retirée depuis, il s'en prend aux “élites multiculturelles”, à “l'invasion” de l'islam, tout en vantant l'action de l'ordre des Chevaliers du Temple ou de Charles Martel. Encore sous le choc, les Norvégiens s'interrogent. Comment en moins de deux heures, un tueur froid de 32 ans a donné la mort à 93 personnes, en posant une bombe dans le centre d'Oslo, et en mitraillant de jeunes militants socialistes rassemblés sur une île ? Vendredi 22 juillet, 13h32, une énorme explosion secoue le quartier des ministères de la capitale. Un peu plus tard, des rafales de mitraillette secouent la paradisiaque île d'Utoeya, à 38 kilomètres de là. Deux attentats qui sont l'œuvre d'un seul et même homme : Anders Behring Breivik, présenté comme un néonazi fondamentaliste chrétien, qui s'est rendu à la police. Le Viking blond assume son geste : “Il a dit qu'il pensait que ses actes étaient atroces, mais que dans sa tête ils étaient nécessaires”, a rapporté son avocat. Le drame est loin d'être élucidé, il pose encore nombre de questions. Célibataire, Breivick a vécu dans une chic banlieue où il s'est converti au fondamentalisme chrétien pour basculer dans le terrorisme “comme moyen d'éveiller les masses”, dit-il dans son blog. Il a fait son apprentissage politique au sein du Parti du progrès, une formation d'extrême droite, hostile à l'immigration et fortement islamophobe qu'il a quitté en 2007. Il participait aussi à un forum extrémiste suédois sur Internet. Dans différents documents diffusés sur la Toile, dont un quelques heures avant l'explosion, il se montre violemment anticommuniste, et prône la libération de l'Europe du marxisme et de l'islam. Dans une vidéo postée sur Youtube et retirée depuis, il s'en prend aux “élites multiculturelles”, à “l'invasion” de l'islam, tout en vantant l'action de l'ordre des Chevaliers du Temple ou de Charles Martel. La police norvégienne cherche maintenant à savoir s'il a agi seul ou s'il faisait partie d'une organisation. En effet, dans un écrit, il salue ses “frères” à travers l'Europe, dont certains en France. Breivik aurait imaginé son projet dès 2009 et a raconté son cheminement sur 1 500 pages : il y décrit comment acheter des armes et s'entraîner discrètement, mais aussi comment réaliser une bombe. Début mai, il a acheté six tonnes d'engrais, qui pourraient avoir servi à élaborer la bombe. Qui visait-il ? Apparemment le Parti travailliste norvégien (socialiste), qu'il accuse de favoriser le “multiculturalisme”. La bombe déposée dans une voiture à Oslo visait le siège du Premier ministre socialiste, Jens Stoltenberg. Tandis que l'île d'Utoeya appartient au parti depuis les années 1950 et fonctionne sous la forme d'une coopérative. Tous les ans, elle accueille l'université d'été des jeunes du Parti travailliste, au pouvoir en Norvège. Il reste à élucider comment un seul homme a-t-il pu perpétrer les deux attaques ? Au cours des interrogatoires, le tireur a affirmé avoir agi “seul”, rapporte la police qui a ajouté que des témoins de la tuerie ont évoqué la présence d'“une ou plusieurs” personnes.