Mardi dernier, Kamel Hamadi s'assied au premier rang de l'immense salle aménagée de l'esplanade de la Maison de la culture de Béjaïa, quelques heures avant que Djamel Allam n'entre en scène. En digne fils de la ville de Yema Gouraya, c'est à lui qu'échoit l'honneur de clôturer la 4e édition du Festival de la chanson et de la musique kabyles. L'ancien élève du conservatoire de cheikh Saddek et d'Abdelouahab Abjaoui – auquel le festival est dédié – n'a pas manqué de rendre un hommage appuyé à Kamel Hamadi, lequel malgré le poids des années est resté jusqu'à la fin de la soirée. C'est un Djamel Allam des grands jours auquel a eu droit le public béjaoui, qui a suscité l'admiration de tous les chanteurs qui se sont produits. Sur scène, on a eu droit à un vrai show-man. L'orchestre dirigé par un de ses acolytes, Bazou, un des plus talentueux musiciens d'Algérie, était également composé de Boualem Bouzouzou, qui malgré sa discrétion a fait un travail titanesque. L'orchestre a quasiment fait un sans-faute. En face, un public fin connaisseur. Tout Béjaïa intra-muros était présent, jusqu'à la fin. Et ce n'est pas les quelques sifflements, émis par des jeunes, manifestement éméchés, qui déstabiliseront l'interprète de Fella, Salimou et Djaouhara. Paroles de Kamel Hamadi, musique de Safy Boutella. Ce n'était pas le seul geste de reconnaissance de Djamel Allam à ses aînés, “sans lesquels, a-t-il dit, rien n'aurait été accompli”. Après avoir salué la mémoire de feu Hamid Abjaoui, il a interprété avec brio les chansons révolutionnaires de Hsissen (Tir El-Kefse) et de Farid Ali (Ayema Amed Uratru). Durant la première partie de la soirée, le public a eu à communier par deux fois avec des grands noms de la chanson kabyle : une première fois avec Boudjemaa Agraw qui a, entre autres, interprété Lessouar Ezzind. Le chanteur engagé a rendu hommage à Matoub Lounès et à feu Hamidouche en interprétant deux de leurs chansons. La deuxième communion a eu lieu avec le groupe Tagrawla, qui demeure la force tranquille de la chanson kabyle, amazighe. Une de leurs chansons n'est-elle pas interprétée en tamzabit ? Le public, qui a vibré aux sons et à la musique, a repris en chœur Yema Teda Hafi, Tadartiw . Le chanteur du groupe confessera : “Il avait raison Chérif Khedam. "Bgayet telha, derouh elkbayel"” (Béjaïa est l'âme des Kabyles). Et comme l'un des principaux objectifs du festival, du moins tel qu'il a été imaginé par les précurseurs, était de susciter des vocations, trois grands prix ont été décernés, respectivement à Massyla (Béjaïa), Ouali Massinissa (Béjaïa) et Bouraï Farid (Boumerdès). La récompense consiste en la participation au prochain Festival de la chanson amazighe de Tamanrasset. Le jury du festival a en outre attribué trois prix d'encouragements.