Chassez le naturel, il revient au galop ! Abdelmalek Sellal ne pouvait se départir de ses traits de caractère, même pour une séance de réponses aux questions des députés, avant l'adoption du programme d'action de son gouvernement. Hier encore, il a usé de proverbes et d'expressions du terroir pour marteler ses priorités et rassurer les députés qui avaient exprimé certaines inquiétudes sur bon nombre de dossiers. Très à l'aise, le nouveau Premier ministre, pour son premier test grandeur nature, s'est montré comme à son habitude : un bon blagueur. Même s'il a tenu à faire preuve de sérieux et de fermeté s'agissant des dossiers sensibles, Abdelmalek Sellal ne pouvait s'empêcher d'user à fond de l'humour où il semble exceller, ne laissant pas indifférent l'hémicycle. Habitués à des discours plus “conventionnels" où chaque chef de l'Exécutif y allait de ses slogans, les députés, mais aussi les téléspectateurs qui auront suivi l'intervention de M. Sellal retransmise en direct, découvrent un nouveau style de communication. Bon ou mauvais ? C'est selon. Le Premier ministre, comme beaucoup de membres de l'Exécutif, tâtonne en parlant en arabe classique, commet parfois des bourdes, les unes plus acceptables que les autres. Mais il excelle, en revanche, quand il s'exprime avec le langage du terroir. Seul bémol : sa tendance à jongler maladroitement avec des versets coraniques et les hadiths, lui qui, pourtant, appelait de tous ses vœux hier à dépolitiser l'histoire et la religion. Mais, à son avantage, le nouveau Premier ministre évite d'emprunter la voie de la démagogie et préfère emprunter au pays profond ses expressions pour parler de problèmes de fond. Ainsi, il empruntera aux jeunes harragas leur expression : “Nous voulons vivre, respirer" et lancera à l'assistance : “Laissez-les respirer un peu." M. Sellal est conscient de ses atouts et il le dit tout haut : il n'appartient à aucun parti et n'a de problème avec aucun parti. Il apprécie les positions des uns et des autres et trouve normal que l'opposition exprime ses appréhensions et ses doutes. Mieux encore, il martèle que tous les chiffres avancés dans son programme peuvent être vérifiés par les députés auprès de qui de droit. Son leitmotiv : “Je veux du bien pour ce pays." Et pour bien convaincre l'assistance de la nature de son gouvernement, que beaucoup hésitent à considérer comme “technocrate", “apolitique" ou de “coalition", M. Sellal usera de l'humour pour mieux le définir : “Nous ne sommes pas une équipe de football. Nous sommes une équipe de handball. Nous attaquons ensemble et nous revenons vite défendre ensemble." A B