“Les enfants sans surveillance s'adonnent au jeu dangereux de réussir l'exploit de traverser les voies rapides plusieurs fois", affirme-t-on. On ne le répétera jamais assez. Les accidents de la circulation dans la wilaya d'Oran sont d'abord d'ordre comportemental, puisque l'incivisme et l'irrespect du code de la route constituent les “points noirs" de cette situation tant décriée. Rien que pour les dix derniers mois de l'année en cours, il a été relevé 357 accidents de la route ayant fait 461 victimes, dont 437 blessés (303 adultes et 134 mineurs). Même les passants sont impliqués directement ou indirectement dans cet état de fait. Dans ce contexte et si l'on tient compte d'une étude effectuée par un binôme sur les comportements en milieu urbain, seuls 35% des piétons empruntent les passerelles au niveau des voies rapides de la ville. Les équipements de cette nature sont évalués à une cinquantaine depuis leur lancement en 2006. L'étude fort intéressante des deux étudiants s'est appuyée sur un échantillon de trois passerelles situées respectivement près de l'hôtel Houna, la station El-Bahia et celle à proximité du parc d'attractions (pont Asmidal). Le choix de ces trois passerelles n'est pas fortuit, mais répond à un souci de représentation de toutes les tranches d'âge, des couches sociales et de leurs préoccupations. Ainsi, pour les deux premières, ce sont beaucoup plus les piétons adultes pressés qui “brûlent" les passerelles. S'agissant de la seconde catégorie, ce sont des enfants, seuls ou accompagnés, qui osent braver le danger. “Les enfants sans surveillance s'adonnent au jeu dangereux de réussir l'exploit de traverser les voies rapides plusieurs fois", affirme-t-on. La cadence de fréquentation de ces équipements conçus à l'effet de réduire le nombre d'accidents reste encore en deçà de la réalité du terrain. Selon des informations concordantes, deux à trois accidents de ce genre sont quotidiennement enregistrés par les services compétents. Les observations des deux universitaires concluent que les parents qui accompagnent leurs enfants et qui n'empruntent pas la passerelle sont doublement condamnables. D'abord sur le plan personnel, car ils sont en infraction, ensuite pour le mauvais exemple qu'ils inculquent à leurs enfants. Pourtant, ces passerelles ont été revendiquées haut et fort par les riverains, comme ce fut le cas à El-Hassi où une émeute a éclaté après le décès d'un passant. Au lieu des ralentisseurs en inadéquation sur une voie rapide, les autorités de la ville ont pensé à la réalisation des passerelles. Reste à savoir quelles sont les personnes qui empruntent ces passerelles ? Une question à laquelle répondent les deux jeunes étudiants en sociologie urbaine, affirmant que ce sont les personnes de sexe féminin qui le font. Les hommes âgés de plus 40 ans constituent pour leur part ceux qui empruntent fidèlement les passerelles. Malheureusement, on aimerait bien voir ce nombre augmenter, car aujourd'hui des passerelles sont complètement abandonnées, à l'exemple de celle de l'Enset, (la première à Oran) qui croule sous l'effet de la corrosion et de l'oubli. K. R-I