Ce prénom féminin fait partie de la nomenclature traditionnelle. On le connaît sous cette forme : Malha, et, son diminutif, Mliha. Il dérive du mot arabe du sel, milh, en dialectal, melh, et connote le charme et la joliesse. Le sel est un élément indispensable à la vie, l'ingrédient sans lequel tout aliment serait insipide. Autrefois, avant que le sel industriel ne se répande, on allait le chercher très loin. Dans la tradition algérienne, le sel est considéré comme un excellent préservatif contre le mauvais œil et les djinns qu'il chasse. C'est pourquoi on en confectionne des jouets que l'on porte suspendus au coup ou dans les poches. Pour conjurer le sort, on pratique le rite du sel : une vieille femme enferme une poignée de sel dans sa main et la fait tournoyer sept fois au-dessus de la tête du patient, en récitant des formules conjuratrices, puis elle lui présente le sel, sur lequel il souffle pour expulser le mal. Le sel est ensuite dispersé, pour disperser le mal. Enfin, pour empêcher qu'un rêve funeste ne se réalise, on verse du sel au réveil, en formulant le vœu que le rêve ne se réalisera pas tant que le sel n'aura pas germé. Avant 1954, on célébrait à l'oasis de Ghat (Libye) une cérémonie dite “fête du sel" ou, dans le parler local, n'tchisent. Les jeunes filles de deux localités se rassemblaient, vêtues de leurs plus beaux vêtements et croisant leurs longues ceintures sur leur poitrine, comme on le ferait d'une cartouchière. Elles sont armées de bâtons et, au milieu des chants et du son des tambours, elles récoltent du sel, puis elles miment un combat qui se transforme en danse. Après cela, deux ou trois matrones procèdent, et en public, à l'inspection de leur virginité. Cette fête, qui se déroulait le 27e jour du Ramadan, a été supprimée par les autorités libyennes qui la trouvaient immorale. Cette cérémonie rappelle une autre cérémonie, signalée au Ve s. avant J.-C. par Hérodote, dans la petite Syrte (actuelle Libye) : deux tribus locales, les Auses et les Machyles, célébraient tous les ans, au bord du lac Triton, un rite de litholobie (combat avec des pierres), dédié à la déesse et pratiqué par les jeunes filles : “(Durant cette fête) les jeunes filles se séparent en deux troupes et se battent avec des pierres et des bâtons disant qu'elles suivent une coutume instituée par leurs pères en l'honneur de la divinité que nous appelons Athéna. Elles prétendent que celles qui meurent de leurs blessures sont de fausses vierges. Avant de cesser le combat, voici ce qu'elles font : de chaque côté, elles ornent la jeune fille la plus belle d'un casque corinthien et d'une armure grecque complète; elles la font monter sur un char et la promènent autour du lac.'' (Traduction S. Gsell). M. A. H ([email protected])