Dans un discours à la nation mercredi soir, Mohammed VI a persisté dans son entêtement à voir en l'Algérie l'ennemi du Maroc. Sans la nommer encore une fois, le souverain chérifien tient l'Algérie pour responsable de tous les maux de son royaume. Répondant indirectement au discours du président Abdelaziz Bouteflika lu en son nom à Abuja par le ministre de la Justice sur le Sahara Occidental, le roi estime qu'il n'a pas à recevoir "de leçons" surtout de ceux qui "bafouent les droits de l'Homme", sans toutefois apporter la moindre preuve de ses allégations. En effet, la réalité est tout autre, car pour l'instant, c'est Rabat qui fait l'objet de nombreuses accusations de violation des droits de l'Homme au Sahara Occidental, et même au Maroc, d'où le discours du président Bouteflika jugeant "plus que jamais d'actualité" la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Hystérique, "quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n'a qu'à descendre à Tindouf, et observer dans nombre de régions alentour, les atteintes portées aux droits humains les plus élémentaires", a affirmé Mohammed VI, en référence aux camps de réfugiés sahraouis situés dans le sud-ouest de l'Algérie. Là encore, il n'a pas appuyé ses dires par des preuves matérielles. Poursuivant dans le même ordre d'idées, il accuse l'Algérie, encore une fois sans la nommer, de recourir à des pratiques, connues pour être une spécialité du Maroc en affirmant que "mais la raison principale de cette attitude injuste à l'égard du Maroc tient essentiellement à l'argent et aux avantages par lesquels les adversaires tentent d'acheter les voix et les prises de position de certaines organisations hostiles à notre pays. Ils dilapident de la sorte les richesses et les ressources d'un peuple frère, que cette question ne concerne pas, mais se dresse plutôt comme une entrave à l'intégration maghrébine". Pourtant, nul n'ignore que c'est le Makhzen qui possède un puissant lobby aux Etats-Unis dans le but d'obtenir le soutien des élus américains. Mais à voir les récents écrits des médias US, dont le Huffington Post, le Washington Times, ou The Nation, dénonçant la torture au Sahara Occidental, et appelant au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, on est tenté de croire que le lobby marocain aux States est à court d'arguments. Dans son discours, le souverain alaouite n'a pu s'empêcher d'ailleurs de s'en prendre indirectement aussi aux Etats-Unis qui, au printemps dernier, avaient élaboré un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à élargir aux droits de l'Homme le mandat de la mission de l'ONU dans la région. Il s'est interrogé d'ailleurs sur la position américaine : "Y a-t-il une crise de confiance entre le Maroc et certains centres de décision chez ses partenaires stratégiques concernant la question des droits de l'Homme" au Sahara ? Voilà des accusations malvenues à l'approche de la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, prévue en début de semaine prochaine à Rabat, dans le cadre d'une tournée régionale. À noter que Mohammed VI tente de tromper l'opinion publique internationale en faisant croire qu'il n'est pas intéressé uniquement par les ressources du Sahara Occidental en déclarant que "contrairement aux allégations des adversaires du Maroc sur une prétendue exploitation des richesses du Sahara, une partie importante des ressources et des richesses des régions centrales et septentrionales du Maroc est dédiée à la satisfaction des besoins de nos citoyens du Sud, comme le confirment tous les indicateurs et les données économiques concernant cette région". À signaler que le roi du Maroc réaffirme sa volonté de rassembler autour de sa démarche en insistant sur le fait que "la cause du Sahara est la cause de tous les Marocains sans exception. C'est un devoir dont nous sommes tous dépositaires". Enfin, Mohammed VI ne ferme pas la porte à la coopération avec l'ONU en indiquant que "malgré les tentatives désespérées des adversaires du Maroc visant à porter atteinte à sa réputation et à sa souveraineté, nous poursuivrons notre coopération avec le secrétaire général des Nations unies, son envoyé personnel et les pays amis. Notre objectif est de trouver une solution politique définitive au conflit artificiel autour de notre intégrité territoriale, dans le cadre de notre initiative pour l'autonomie, qui est reconnue pour son sérieux, sa crédibilité et son esprit réaliste". Bref, l'obstination royale ne semble pas avoir de limites. M T Nom Adresse email