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Nelson Mandela
Eclaireur de conscience, guide, combattant et humaniste
Publié dans Liberté le 08 - 12 - 2013

Nelson Mandela est l'un des combattants de la liberté du XXe siècle, un siècle caractérisé par le colonialisme, le racisme et l'apartheid, le fascisme... Il meurt à quelques mois du général Giap, un autre symbole de la lutte des peuples pour leur indépendance et leur dignité. Mandela était une étoile parmi les étoiles d'un siècle qui a engendré des fournées entières d'hommes exceptionnels et d'une même trempe, en Afrique, en Asie comme en Amérique latine. Eclaireur de conscience, guide, combattant, humaniste, celui que son peuple appelait affectueusement Madiba, du nom de sa tribu, était un briseur de chaînes, un homme du peuple trempé dans la même conscience et le même idéal que tous les héros engendrés par le siècle passé et qui, par leurs actes et leur charisme, suscitent encore l'enthousiasme et l'admiration des foules. Toujours resté fidèle à ses principes et ses idéaux, Mandela écrira, longtemps après la chute de l'apartheid : "En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres." Preuve qu'il considérait que le combat de l'homme contre les injustices n'est pas terminé et que les peuples ont toujours besoin d'éclaireurs, de guides, de symboles.
Et pour rappeler qu'en Palestine ou ailleurs l'injustice ne peut être combattue par l'injustice et encore moins par une injustice plus grande. Nelson Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 au village de Mvezo, dans la province de l'actuel Cap-Oriental en Afrique du Sud. Son prénom, Rolihlahla, signifie "enlever une branche d'un arbre" ou, plus familièrement, "fauteur de troubles". Il est issu d'une famille royale de l'ethnie Xhosa qui règne sur une partie de la région du Transkei. Son arrière-grand-père paternel était Inkosi Enkhulu, c'est-à-dire roi du peuple. Rolihlahla descend donc d'une lignée royale, et c'est le nom de son grand-père qui deviendra le nom de sa famille. Son père était le chef de Mvezo mais il s'aliène les autorités coloniales qui le déchoient de sa fonction et exilent sa famille dans un autre village.
À la mort de son père, Nelson est adopté par le régent du roi, Dalindyebo qui veillera à son éducation. Le combat politique de Mandela commence au sein de l'ANC, le Congrès national africain, en 1944, conscient de l'importance de la mobilisation contre un système basé sur la ségrégation raciale. Inspiré de la lutte de Ghandi, qui a séjourné en Afrique du Sud, il est adepte de la lutte non violente. Adoptées entre 1913 et 1942, une succession de lois interdit aux Noirs d'être propriétaires de terres en dehors des "réserves" indigènes qui représentaient à peine 7 % puis 13% de la superficie totale de l'Union sud-africaine, outre une politique d'expropriation de nombreux paysans indépendants noirs et la constitution d'un prolétariat agricole, puis le confinement des Noirs dans des sortes de bantoustans. Les élections générales de 1948 sont remportées par le Parti national, formation alors exclusivement afrikaner, ce qui entraîne la mise en place d'une nouvelle politique de ségrégation connue sous le nom d'apartheid, qui fait des Noirs des citoyens de seconde zone. Dans ce système, la nationalité et le statut social dépendent du statut racial de l'individu, défavorisant largement les sous-citoyens de couleur et interdisant les mariages mixtes.
En 1951, Olivier Tambo et Nelson Mandela sont les deux seuls avocats noirs de Johannesburg. En 1952, en qualité de président de l'ANC du Transvaal et vice-président national de ce parti, Mandela mène une campagne de désobéissance civile, dont le mouvement culmine dans une manifestation le 6 avril 1952 où 8 500 sur les 10 000 manifestants seront arrêtés, y compris lui-même. Le gouvernement décide de suspendre les libertés individuelles et proclame l'état d'urgence. Placé en résidence surveillée chez lui à Johannesburg, Mandela décide de passer à une deuxième phase de la lutte, la résistance passive, et décide d'organiser l'ANC en cellules clandestines. Cette campagne, qui prend fin en avril 1953, permet à l'ANC de gagner en crédibilité, passant de sept mille à dix mille adhérents.
Fin stratège politique, Mandela tente de rallier à sa cause les Indiens et les communistes blancs, mais les métis restent plus circonspects. Outre son militantisme, il est associé avec Oliver Tambo dans un cabinet qui ne manque pas de fournir des conseils juridiques gratuits ou à bas coût aux Noirs. Dans un système où les formations politiques sont majoritairement racistes, il constate que la lutte politique devient une gageure, d'autant que le 5 décembre 1956, il est arrêté ainsi que 156 autres personnes et accusé de trahison, avant d'être acquitté en 1961.
L'apartheid impose aux hommes noirs le port d'un carnet, ou plutôt un passeport, dans tous leurs déplacements hors de leur domicile, sous peine d'être arrêtés ou déportés. C'est contre cette mesure qu'est organisée une manifestation du Congrès panafricain contre l'extension aux femmes du passeport intérieur. Le massacre de Sharpeville, qui a lieu le 21 mars 1960, sera décisif pour Mandela. La manifestation pacifique organisée dans ce village du Transvaal a vite tourné au drame : les policiers ont tiré sur une foule, faisant soixante-neuf morts, dont huit femmes et dix enfants. Le gouvernement déclare encore l'état d'urgence pour faire face aux manifestations qui s'ensuivent et interdit l'ANC et le PAC, dont les dirigeants sont emprisonnés ou assignés à résidence.
Le 1er avril de la même année le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 134 qui condamne le massacre et enjoint le gouvernement sud-africain "à abandonner ses politiques d'apartheid et de ségrégation raciale", tandis que le président de l'ANC, Albert Lutuli, obtient le prix Nobel de la paix la même année.
De la lutte armée à la chute de l'apartheid
La lutte pacifique devenant caduque après l'interdiction de l'ANC en 1960, Mandela fonde et dirige la branche militaire de l'ANC, UmkhontoweSizwe, en 1961, qui mène une campagne de sabotages contre des installations publiques et militaires.
La même année, il lance avec succès une grève générale où les grévistes restent à leur domicile, obligeant le gouvernement à faire intervenir la police et l'armée. Par ailleurs, la lutte armée qu'il prône vise des cibles symboliques et non pas à faire des massacres, bien au contraire : pour Mandela, le passage à la lutte armée était un dernier recours mais en essayant de limiter au maximum le nombre des blessés ou des morts. Il favorise le sabotage, qui "n'entraîne aucune perte en vie humaine et ménage les meilleures chances aux relations interraciales". Un membre de l'ANC, Wolfie Kadesh, explique que ces sabotages à la bombe menée visaient à "faire exploser des lieux symboliques de l'apartheid, comme des bureaux du passeport interne, la cour de justice pour natifs, et des choses comme ça... Des bureaux de poste et... des bureaux du gouvernement. Mais nous devions le faire d'une telle façon que personne ne serait blessé, personne ne serait tué". Entre 1961 et 1963, quelque cent quatre-vingt-dix attaques armées sont répertoriées, principalement à Johannesburg, Durban et Le Cap. La lutte de Mandela n'aurait pu être possible sans le soutien de mouvements de libération, notamment du FLN-ALN qui, d'ailleurs, lui offrira une formation militaire. Le 5 août 1962, sur indication de la CIA, Nelson Mandela est arrêté après dix-sept mois de clandestinité, puis condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité. Pour sa défense, il fait des aveux où il reconnaît qu'après le massacre de Sharpeville et l'interdiction de l'ANC, la seule issue qui restait était la résistance armée. Il reconnaît aussi être le rédacteur du manifeste UmkhontoweSizwe avant de finir par ces mots : "Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir." Il aurait été condamné à mort, n'était la mobilisation internationale, comme celles du syndicat des dockers qui avait menacé de ne plus charger les marchandises pour l'Afrique du Sud, ou la protestation d'une cinquantaine de membres du Congrès américain et du Parlement britannique. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l'égalité raciale et bénéficie d'un soutien international croissant. Les vingt-sept années qu'il a passées en prison, dans des conditions très dures, sont les moments les plus engagés de Mandela, car l'ANC ne cessera de lutter, par tous les moyens.
Dans la prison de l'île-prison de Robben Island, Mandela passe dix-huit de ses vingt-sept années. Comme tous les détenus il y effectue des travaux forcés dans une carrière de chaux, où il a contracté une maladie, la kératite, du fait de la poussière et de la lumière. Mais la notoriété du prisonnier sur le plan international ne fera que grandir et, pour ses pairs détenus, il devient un acteur encourageant qui leur permet de garder le moral, car la détention était un enfer où, lorsqu'ils n'étaient pas à la carrière à chaux, ils étaient en train de casser des cailloux à des cadences éprouvantables. Durant l'apartheid, les détenus étaient séparés selon leur couleur de peau, et les rations alimentaires des Noirs étaient plus petites que celles des Blancs. Séparés des criminels de droit commun, les prisonniers politiques, dont faisait partie Nelson Mandela, avaient encore moins de droits. Prisonnier de classe D, il n'avait droit qu'à un visiteur et une seule lettre tous les six mois. Cette lettre a souvent été retardée durant une longue période et rendue illisible par la censure de la prison.
Madiba était confiné dans une cellule minuscule, et pour se laver, il n'avait que l'eau de l'océan. Mais si Robben Island était un lieu pour mater les prisonniers les plus durs, Mandela semblait tirer son courage de cette même détention.
Selon le témoignage d'Amhed Kathrada, un de ses codétenus, il n'acceptait aucun traitement de faveur, que ce soit pour le travail ou les vêtements, et menait toutes les actions de contestation avec les autres prisonniers, dont des grèves de la faim. Libéré le 11 février 1990, Mandela a soutenu la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk qui s'était engagé, timidement au début, certes, à faire des réformes. En 1993, il reçoit avec ce dernier le prix Nobel de la paix pour avoir conjointement et pacifiquement participé à mettre fin au régime d'apartheid et jeté les bases d'une Afrique du Sud démocratique et multiraciale.
Après une transition difficile où de Klerk et Mandela réussissent à éviter une guerre civile entre les partisans nostalgiques de l'apartheid, ceux de l'ANC et ceux de l'Inkhata à dominante zoulou, Mandela est élu au poste de président en 1994. Sa politique de réconciliation entre Noirs et Blancs ira de pair avec une lutte contre les inégalités économiques et la sous-industrialisation du pays, qui connaîtra un véritable boom économique depuis la fin de l'apartheid.
Mandela, dont l'aura vaut celle de Gandhi ou presque, a su gagner le cœur de l'humanité entière, pas uniquement celui de la minorité blanche que l'aveuglement avait amenée à l'apartheid où les Noirs étaient des citoyens de seconde zone qui, en outre, n'avaient même pas le droit de monter dans le même wagon ou le même bus que les Blancs, ni de fréquenter les mêmes lieux qu'eux. Madiba n'est plus apparu en public depuis la finale de la Coupe du monde de football, en juillet 2010 à Johannesburg. Il tire sa révérence à près de 95 ans passés à défendre des principes sacrés de l'humanité, la justice, l'égalité entre les hommes. C'est par le sacrifice de l'un d'eux que les hommes avancent vers la lumière.
A. E. T.
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