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Le gouvernement algérien a-t-il tiré les leçons du scandale de Khalifa ?
Publié dans Liberté le 19 - 12 - 2013

L'affaire Khalifa revient sur la scène après que les Anglais ont décidé d'extrader Abdelmoumen Khalifa. Mais cela peut prendre plusieurs mois, voire des années si l'intéressé procède à un recours auprès de la cour européenne des droits de l'homme ou extradé vers la France. Un dossier de plainte existe au niveau du Tribunal correctionnel de Nanterre (région parisienne). L'affaire concerne non seulement des détournements de fonds mais aussi des délits qui ont mené à la faillite plusieurs filiales françaises de la compagnie aérienne Khalifa Airways et de Khalifa Rent. Or, depuis ce scandale qualifié à l'époque par l'ancien Premier ministre algérien (2007) de hold-up du siècle se sont greffés d'autres scandales qui font la une des journaux et tribunaux internationaux.
Cette modeste contribution a pour souci de situer la problématique, du fait que les derniers rapports internationaux de 2003/2013 montrent clairement que le niveau de corruption en Algérie est à un niveau très élevé. Mais est-ce que ces pratiques occultes de Khalifa ou d'autres sont-elles le fait d'un groupe limité ou ont-elles pu se réaliser sans la complicité de nombreux acteurs du système ? Nous avons pu assister lors du procès Khalifa à l'interpellation de plusieurs ministres dont certains en fonction actuellement ou de leurs proches et du secrétaire général de l'UGTA et ancien président du conseil d'administration (CA) de la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) lors de son audience le 10 février 2007, où il est le seul, il faut lui reconnaître ce courage, à avoir reconnu avoir procédé aux placements, les autres responsables accusant leurs collaborateurs.
1.-Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent l'ensemble des secteurs public et privé, la corruption s'étant socialisée, relatés chaque jour par la presse nationale et internationale discréditant l'image de l'Algérie, dépassent souvent l'entendement humain du fait de leur ampleur, encore que tout état de droit suppose la présomption d'innocence afin d'éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Comment a-t-il pu programmer 500 milliards de dollars de dépenses publiques entre 2004/2013 sans prévoir les mécanismes de contrôle, tant démocratique qu'institutionnel et le dernier rapport de la Cour des comptes parlent de 100 milliards de dollars de non-recouvrement fiscal cumulés depuis plus de 20 ans dont plus de 26 milliards de dollars hors BCIA ? Ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l'état censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures en cette période difficile de transition d'un système étatique à une véritable économie de marché concurrentielle. Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective, du fait que ces montants détournés sont la propriété de toute la collectivité nationale, et comme frein à l'investissement national et international porteur de croissance et de création d'emplois durables. Cela dénote de l'urgence d'une moralisation de la vie publique, en mettant en place d'autres mécanismes qui évitent que ces pratiques ne se reproduisent. La mise en place de ces mécanismes transparents renvoie à plus de liberté, d'efficacité économique, de justice sociale (indépendance de la justice), de moralité des institutions et de démocratie.
2. La moralisation de la société et donc en atténuant la corruption implique la refondation de l'état, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Cela implique la fin de l'état de la mamelle et celle de la légitimité révolutionnaire afin que le pouvoir de bienfaisance inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice. Sans cela, les grandes fractures sont à venir. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la nation de la faire, car la gouvernance est une question d'intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Dans toute société où domine un état de droit, c'est la norme du droit qui doit reprendre sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Le passage de l'état de "soutien" à l'état de droit est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la nation et l'état.
Dès lors, la question centrale qui se pose est la suivante : vers quelle mécanique politique se penchera la refondation politique souhaitable reposant sur la moralité. La question qui mérite d'être posée aujourd'hui : est-ce que les pouvoirs politiques algériens successifs de 1963 à 2013 ont édifié un Etat national d'abord et qu'est-ce qu'un Etat national dans le cas algérien précisément car, il faut bien le rappeler, il n'y a pas d'Etat national standard, mais que les équipements anthropologiques intrinsèques qui peuvent modeler le système politique inhérent à chaque situation socio-anthropologique.
Le poids de "l'anthropologique" dans l'élaboration du modèle politique algérien renvoie à des constructions historiques de terroir dont la assabia (relation de clientèles familiales et régionales) est la pièce maîtresse.
Or si l'Etat reste une entité assabienne, elle risque de péricliter comme le démontre Ibn Khaldoun quand son âge politique tire à sa fin dont la cause fondamentale est l'immoralité (corruption) qui tend à dominer toutes les structures de tout pouvoir. Lorsque la valeur travail est dévalorisée, la distribution passive de la rente des hydrocarbures, tant que les recettes sont élevées ne fait que différer ce cycle descendant, d'où l'urgence de la refondation de l'Etat. Un ancien ministre algérien des Finances, théoricien du socialisme bureaucratique, défendant les dictatures en place, affirmant que le "le printemps arabe" aurait déstabilisé les régimes en place - oublie d'abord que la démocratisation en Europe, s'est faite sur plusieurs décennies, voire une décennie et que comme l'ont montré les prix Nobel de sciences économiques que de nouvelles institutions ont pour conséquence à court terme une décroissance, oublie que ces révoltes sont le produit de l'immoralité des dirigeants où le monde a pu constater leurs immenses fortunes et celles de leurs proches au détriment de leur peuple.
3.- Dès lors, la refondation de l'Etat ne doit pas être comprise comme une négation de notre identité mais ayant pour objectif la symbiose des relations Etat-citoyens. La prospérité ou le déclin des civilisations de l'Orient et de l'Occident avec ce brassage des cultures à travers le temps, ont montré qu'il ne s'agit pas de renier les traditions positives qui, moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement : l'expérience du Japon, de la Chine, de l'Inde et de bon nombre de pays émergents l'atteste, car un peuple sans sa culture est comme un peuple sans âme. Or, l'absence d'une élite organique agissante en Algérie capable d'élaborer des idées structurantes et peser par ses analyses sur les tendances et les choix majeurs qui fondent et marquent le lien social, se fait cruellement sentir en Algérie. Ce vide culturel a des incidences sur la dé-crédibilisation de la politique, ce qui réduit l'influence de l'élite politique qui, avec la tendance actuelle de son discours, populiste, souvent déconnecté tant des réalités internes qu'internationales, risque d'être disqualifiée. La refondation de l'Etat actuellement dépasse et de loin l'aspect technique de la politique. Elle touche en réalité le fondement de la République. Les exigences d'un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d'autonomie de pouvoirs locaux (une véritable décentralisation et non déconcentration autour d'éco-pôles régionaux) qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. Un Etat fort ne se mesure pas uniquement par une quelconque action sociale et économique, mais aussi par une opposition féconde capable de prendre le relais. Si refondation de l'Etat il y a, ce n'est pas non plus des retouches techniques touchant la réorganisation bureaucratique du territoire.
La refondation de "l'Etat algérien" passe nécessairement par la refondation de son esprit (philosophie) et ses lois (règles) pour qu'elles deviennent un Etat droit.
Aussi, dans le cadre de cette refondation politique, l'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de la promotion sociale et limiter l'action de l'immoralité et de la "assabia".
C'est que les résurgences identitaires et tribales peuvent les conduire à un comportement conservateur, surtout qu'à un certain temps, ils ont joui de privilèges importants qui les poussent progressivement à former des lobbys discrets, mais efficaces, de blocage pour bloquer les réformes.
Depuis la crise de 1986, n'ayant pas tiré les leçons, de l'impact d'une économie rentière où en 2013 comme en 1986, 97/ 98% des exportations sont le fait d'hydrocarbures et 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées importés (syndrome hollandais), nous assistons à deux logiques contradictoires au niveau des sphères du pouvoir : la logique rentière dominante mue essentiellement par l'importation et bloquant les réformes de structures et la logique entrepreneuriale minoritaire, assistant paradoxalement à un frein aux réformes lorsque les cours du pétrole s'élèvent et une accélération timide lorsque les cours baissent.
4.-En résumé, ne soyons pas pessimistes quant à l'avenir de l'Algérie par une prise de conscience générale de l'urgence du changement, fondement de la stabilité de l'Algérie, qui conditionne la stabilité de toute la région euro-méditerranéenne et euro-africaine, le statu quo actuel étant suicidaire. Car, au-dessus de tout, l'Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. Un processus de mutations internes est en train de se faire, par une certaine autonomie qui annonce de nouvelles mutations identitaires - pas celles qu'on croit, mais celles qu'on soupçonne le moins qui s'imposeront. Nous devons devenir des citoyens qui se respectent parce qu'ils se respectent d'abord entre eux, d'où l'importance de la tolérance et de débats contradictoires productifs et une opposition féconde nécessaire à tout pouvoir qui a besoin de se corriger. Aussi, face aux mutations géostratégiques importantes qui se dessinent notamment au niveau de l'Afrique dont fait partie l'Algérie, il est impératif de penser à un nouveau mode de gouvernance dont le fondement est la liberté, au sens large, pour une société participative et citoyenne tenant compte de notre anthropologie culturelle historiquement datée, comme en témoignent les différents cycles de civilisations depuis que le monde est monde.
Car, c'est seulement quand l'Etat est droit qu'il peut devenir un Etat de droit.
Quant à l 'Etat de droit, ce n'est pas un Etat fonctionnaire qui gère un consensus de conjoncture ou une duplicité provisoire, mais un Etat fonctionnel qui fonde son autorité à partir d'une certaine philosophie du droit d'une part, d'autre part par une assimilation consciente des besoins présents de la communauté et d'une vision future de ses perspectives.
L'affaire Khalifa et bien d'autres dossiers de scandales financiers aussi importants, sinon plus importants, pour ne citer que quelques-uns, comme le programme agricole (PNDA)-la BCIA ayant un passif de plus de 70 milliards de dollars (avec les pénalités cumulées)-, l'autoroute Est-Ouest, Sonatrach, interpellent tous les Algériens dirigeants et citoyens sur l'urgence de rétablir la morale dans la gestion de la Cité, en fait rétablir la valeur travail, fondement de la richesse de toute Nation.
A. M.
(*) Expert International, docteur d'état en sciences de gestion (1974), professeur des universités, ancien directeur général des études économiques et magistrat (premier conseiller) à la Cour des comptes.
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