Les critiques assénées contre le travail des magistrats, qui reviennent dans presque chaque rapport annuel établi par la CNCPPDH de Me Farouk Ksentini, ne sont pas du goût du président du Syndicat national des magistrats, (SNM), Djamel Laïdouni. "Je défie M. Ksentini de nous ramener des statistiques réelles et des preuves palpables qui prouveraient que des magistrats aient, comme il les accuse, bâclé un travail quelconque et/ou prononcé des décisions ‘aléatoires''', a-t-il répondu, furieux, hier au Forum de Dk-News, à un confrère lui rappelant les critiques de M. Ksentini, contenues dans le dernier rapport de la CNCPPDH. Pour M. Laïdouni, ces accusations sont "infondées" tant que, juge-t-il, les rapports de la CNCPPDH ne sont pas basés sur un travail d'investigation sur le terrain, mais plutôt sur "un travail de bureau". Il appelle, de ce fait, Me Ksentini à "cesser de présenter de faux rapports et de mettre en porte-à-faux le président de la République". "Les magistrats ont les derniers salaires !" Ce chapitre clos, l'invité de DK News consacrera le reste de son intervention essentiellement aux deux sujets liés, l'un à la situation socioprofessionnelle des magistrats, l'autre aux réformes du secteur devant consolider l'institution judiciaire et garantir l'indépendance effective de la justice. Les magistrats, dont la noblesse de la fonction ne permet pas d'enclencher un mouvement de protestation, seraient, selon leur représentant, "sous-payés" par rapport aux cadres de tous les secteurs dans notre pays. "Aujourd'hui, nous avons les derniers salaires par rapport à ceux attribués à tous les cadres algériens", a-t-il dénoncé, sans citer le seuil. Selon lui, la corporation des magistrats est la seule à ne bénéficier que d'une seule prime de l'ordre de 25% (indemnité de représentation), alors que les autres corporations de la Fonction publique bénéficient toutes de trois primes évaluées à 40%, (indemnités de représentation, de responsabilité et d'astreinte). L'actuel cadre socioprofessionnel, regrette M. Laïdouni, n'est que décourageant et ne plaide guère pour la garantie de l'indépendance de la justice. Ceci, d'autant plus, relève-t-il encore, que le travail des magistrats est devenu "surchargé" au vu du nombre insuffisant des juges, notamment aux cours d'appel. Ce manque n'influe-t-il pas négativement sur le travail des juges ? Même s'il reconnaît l'"encombrement" des dossiers dans les bureaux des juges, M. Laïdouni juge que cela n'affecte pas les décisions prononcées. Tout en se gardant bien de commenter les récentes décisions du ministre de la Justice, Tayeb Louh, lui-même ancien président du SNM, M. Laïdouni a, par ailleurs, plaidé pour une véritable autonomie de la justice, dans le cadre de la prochaine révision constitutionnelle. Dans sa conception du principe de la séparation des pouvoirs, M. Laïdouni a beaucoup insisté sur l'autonomie du pouvoir judiciaire qui, selon lui, ne pourrait se faire sans l'autonomie financière de l'institution judiciaire. Il propose, à ce titre, que le budget de la justice ne soit plus décidé par le ministère des Finances mais, soit par l'institution elle-même, soit par le Parlement. Nom Adresse email