Rien n'arrête la dégringolade des prix du pétrole. Entamée il y a plusieurs mois, la tendance baissière des cours du pétrole brut se poursuit et se confirme. Les prix du pétrole reculaient nettement vendredi à New York. Au début de l'après-midi, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en novembre perdait 77 cents dollar à 85 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Dans les échanges asiatiques, le WTI est tombé jusqu'à 83,59 dollars. À Londres, le Brent évoluait à ses plus bas prix depuis fin 2010. Les cours du pétrole, actuellement en berne, risquent, s'ils continuent sur cette lancée déclinante, de peser lourdement sur le niveau des recettes de l'Algérie qui, malgré une longue embellie financière, n'est pas parvenue à trouver une alternative aux exportations exclusives d'hydrocarbures. Cette baisse du prix des hydrocarbures inquiète en Algérie, parce que l'économie est intimement dépendante de l'or noir et du gaz et que son modèle est presque exclusivement bâti sur la rente. Cette baisse, continue, inquiète beaucoup, surtout lorsque l'on sait que la balance commerciale accuse déjà un grand déficit. Dans son rapport annuel, la Banque d'Algérie notait que la baisse du prix du pétrole au 1er trimestre 2014 avait tiré vers le bas les recettes d'exportations de l'ordre de 2,6%. Avec un baril inférieur à 100 dollars, l'économie algérienne est clairement menacée. Dans son dernier examen annuel de l'état de l'économie algérienne, le Fonds monétaire international avait relevé la "vulnérabilité" du pays aux développements du secteur des hydrocarbures. De nombreux spécialistes estiment qu'à ce rythme la baisse de la fiscalité pétrolière finira par engendrer une tension sur la balance des paiements. Il y aura aussi un problème de financement des projets. L'expert international, Abderrahmane Mebtoul, va encore plus loin en mettant en garde le gouvernement contre le risque d'une bulle immobilière avec des tensions sociales. Dans sa mise en garde datant du 10 septembre dernier, le professeur précise qu'"en cas de chute des cours des hydrocarbures et d'épuisement du Fonds de régulation, les banques devront forcement relever leur taux d'intérêts, ne pouvant plus être recapitalisées via la rente des hydrocarbures. Avec l'insolvabilité de bon nombre de citoyens ayant acquis des logements à des taux d'intérêts bonifiés, ce qui risquerait de provoquer une véritable crise sociale et politique". Le professeur souligne que "c'est le même effet de l'impact de la crise de 1986 où pendant les années 1989/1991 pour des projets agréés par l'Oscip, (...) le taux d'intérêts était passé de 5% à 15% ayant entraîné la faillite de bon nombre d'opérateurs privés". Pour rappel, la baisse très marquée du prix du baril s'explique par différentes raisons. D'abord, le ralentissement de la demande mondiale. L'un des plus gros acheteurs de pétrole brut dans le monde, la Chine, a vu sa production industrielle diminuer cet été. Par ailleurs, le ralentissement de la croissance en Europe et la baisse de la demande des géants sud-américains (Brésil en tête) ont accéléré le phénomène. Malgré l'abondance de l'offre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe un tiers du brut mondial, n'a, pour l'instant, pas montré de volonté claire de réduire sa production. Le prochain sommet de l'Opep est prévu pour le 27 novembre à Vienne, et jusque-là, le marché va suivre de près comment l'organisation va gérer l'actuelle chute des prix et sa conséquence sur les revenus des pays membres. S. S.