Guerre de succession a l’assemblée

Les députés “redresseurs� du FLN veulent la tête de Karim Younès

La bataille de succession n’est pas terminée
L’APN, otage de la crise du FLN
Les députés “redresseurs� s’acharnent à vouloir éjecter de leur poste le président de l’APN et le chef du groupe parlementaire FLN.
Bien que l’élection présidentielle soit passée depuis un mois, l’APN n’est toujours pas sortie de la tourmente générée par la crise du FLN. La Chambre basse continue à vivre au rythme des soubresauts de la guerre larvée que se livrent les députés, membres du mouvement de “redressement�, et les quelques élus restés fidèles à la trajectoire tracée par Ali Benflis.
Les premiers, ragaillardis par la victoire de Abdelaziz Bouteflika, veulent rasseoir leur hégémonie sur l’Assemblée nationale, tandis que les seconds refusent de céder leurs places sans lutter.
À vrai dire, les partisans de la première heure du chef de l’État entendent écarter toutes les personnes qui lui ont été hostiles durant la campagne électorale – et même bien avant — des postes de responsabilité.
Leur détermination à enlever la présidence de l’APN à Karim Younès reprend de la force. “On destituera le président de l’APN par des voies réglementaires�, nous affirme un député de Tiaret. Il précise, néanmoins, que cette démarche n’est pas urgente. Selon certains de ses collègues, notamment de l’alliance présidentielle, Karim Younès ne sera pas délogé de son poste avant la tenue du congrès réunificateur du FLN, afin de préserver ne serait-ce qu’un semblant de cohésion au sein de l’APN.
D’autant que la vacance du siège du président suscitera des convoitises qui feraient inévitablement imploser le mouvement de “redressement�. “Nous procéderons par étape�, nous confirme l’élu de Tiaret.
Le cap est mis sur le retrait de confiance au président du groupe parlementaire Abbas Mikhalif, au motif qu’il ne peut pas encenser le programme du gouvernement (autant parler du programme du président de la République), que présentera Ahmed Ouyahia vers la mi-mai, qu’il a pourfendu avant et durant la campagne électorale.
Une réunion du groupe parlementaire avec Abdelaziz Belkhadem, programmée, initialement pour hier puis reportée à la semaine prochaine, à cause d’un déplacement du ministre des Affaires étrangères à l’extérieur du pays, devrait se solder par le départ de Abbas Mikhalif, selon nos sources. “Il a pris des positions tranchées contre le président de la République. Il ne peut pas endosser le programme du gouvernement au nom du parti�, nous dit-on.
Joint par téléphone, Abbas Mikhalif infirme l’existence de pression le poussant vers la sortie, en apparence du moins. “Rien n’a changé. Je resterai à la tête du groupe parlementaire jusqu’au renouvellement annuel des instances au mois de juin prochain. L’Assemblée générale des députés est la seule instance habilitée à prendre une décision pareille via l’urne�, certifie-t-il.
Il se dit nullement embarrassé de cautionner le programme d’action de l’Exécutif, à l’issue de son passage par la première chambre parlementaire. “Ma position politique en tant que personne est restée la même. La position du groupe parlementaire est, quant à elle, dictée par la direction politique du parti�, nous explique-t-il. Il est utile de signaler que le mouvement de “redressement� a réussi à fédérer, au lendemain du scrutin présidentiel, la majorité des élus FLN à l’APN.
Seuls quelque vingt irréductibles — encore se sont surtout des députés qui ont du mal à se replacer car s’étant profondément investis aux côtés de Ali Benflis – qui continuent à entretenir la division.
En attendant la normalisation de la situation, les activités de l’APN sont en stand by. Depuis l’ouverture de la session de printemps, le 2 mars dernier, aucune plénière n’a été programmée. Pourtant, une quinzaine de projets de loi ont été transmis par le gouvernement au bureau de la Chambre basse.
Souhila H.
Abdelkrim Abada, coordinateur du comité des “douze� du FLN
“Nous irons au congrès avec les redresseurs�
Les divergences traversant le mouvement dit de “redressement� n’affectent nullement sa volonté de réconciliation avec la direction légale du FLN. La raison est que les contestataires au sein de cette structure pilotée par Abdelaziz Belkhadem ne sont que minoritaires. Ils se réduisent en effet au trio : Wahid Bouabdellah, député d’Alger, Abdelhamid Si Affif, ex-député de Mostaganem et Saïd Barkat, ministre de l’Agriculture. Ces derniers se distinguent du reste des animateurs du mouvement dit de “redressement� par leur rejet de toute idée de réunification du parti sous la houlette des instances légales du FLN issues du 7e congrès. Leurs arguments sont que la reconduction de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’État leur donne toute la “légitimité� à même de leur permettre d’imposer leur hégémonie au sein du FLN.
Agissant par dépit en ce sens que Wahid Bouabdellah et Abdelhamid Si Affif, aigris de ne pas figurer dans l’actuel gouvernement, et Saïd Barkat, désenchanté de ne pas avoir pu prendre la direction du mouvement dit de “redressement�, ce trio ne manque aucune occasion pour saper l’avancée des pourparlers entre la direction légale du FLN et la structure de Belkhadem. C’est ce qui explique d’ailleurs le communiqué qu’ils ont rédigé et distribué, avant-hier, à la presse, à l’issue de la réunion des coordinateurs de wilaya du “redressement� tenue à l’hôtel Mouflon d’or. Dans ce communiqué, ce trio a exhorté Belkhadem de “constituer la commission de préparation du 8e congrès et de la présider sans aucune médiation (avec le FLN)�.
En somme, le trio demande à Belkhadem de préparer le 8e congrès du FLN en dehors de la légalité. Abdelkrim Abada, le coordinateur du comité des “douze� du FLN, constitué à l’occasion de la session extraordinaire du comité central (CC), ne fait pas cas de ce communiqué. Son argument est que “le communiqué est manuscrit, non signé, non cacheté et non officiel�. “C’est un communiqué qu’on n’a pas lu, qu’on ne lira pas et auquel on ne répondra pas�, dira-t-il, tout en précisant encore que “les rédacteurs de ce texte font dans la provocation et en ce qui nous concerne, nous ne répondrons pas à la provocation�.
Et pour cause, “le langage de ce texte va à contresens de ce qui nous a été dit par Belkhadem qui se trouve être complètement opposé à cette logique�. “Nous tiendrons le 8e congrès ensemble avec les redresseurs�. Qu’en est-il de la position de Belkhadem ? En effet, Abdelaziz Belkhadem tout autant que Abdelkader Hadjar, une des figures de prou, n’approuvent nullement la démarche de Bouabdellah, Si Affif et Barkat. Revendiquant de travailler dans le cadre des instances légales du FLN, ces deux responsables prônent la réunification du parti. Mais Belkhadem et Hadjar réussiront-ils à vaincre la contestation de Si Affif, Bouabdellah et Barkat ? C’est chose indispensable s’ils veulent avancer dans la préparation du 8e congrès à l’instar de la direction légale du FLN. Depuis, en effet, la session extraordinaire du CC tenue le 19 avril dernier, et la constitution du comité des “douze� chapoté par Abdelkrim Abada, chargé de gérer les affaires courantes, le parti n’a de cesse de progresser dans ses travaux.
Après avoir rencontré “le groupe parlementaire et ses responsables au niveau des structures de l’APN autour de la nécessité de la réunification des rangs pour préparer le 8e congrès�, la commission Abada se réunit aujourd’hui à Hydra avec les mouhafedhs. “On fera le point sur la situation au niveau de la base et des perspectives du parti�, relève Mahmoud Si Youssef, un membre de la commission Abada.
N. Mellal