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Avilissement d’un peuple
Sévices infligés par les soldats américains et britanniques à des détenus irakiens
Publié dans Liberté le 13 - 05 - 2004

Soumis pendant près de trois décennies à la tyrannie de Saddam Hussein, les Irakiens ne s’attendaient point à voir leurs “sauveurs� user de pratiques plus immondes.
Les images choquantes qui ont fait le tour du monde auront surpris plus d’un, d’autant que les scènes horribles qu’elles montraient étaient l’œuvre de soldats appartenant à deux pays qui se déclarent champions de la liberté et des droits de l’Homme. Ces actes sont d’autant plus inadmissibles, car la présence des militaires américains et britanniques en Irak avait pour unique but de libérer le peuple de ce pays du joug d’un dictateur. Malheureusement, le monde aura vu à quoi s’amusent à passer leur temps libre les bidasses de l’oncle Sam et de Sa Majesté la reine Elizabeth II, dans les prisons irakiennes.
La partie visible de l’iceberg
Les images et les informations qui ont été rendues publiques ne représenteraient qu’une infime partie des œuvres dégoûtantes des soldats de la coalition dans les centres de détention. “Le pire c’est à Baghdadi�, une prison située entre Ramadi et Hit à l’ouest de la capitale irakienne, assure un membre du parti islamique sunnite modéré de Falloudjah. “Beaucoup y sont morts, et des corps torturés ont été rendus aux familles ou jetés sur les routes�, ajoute le témoin, qui se souvient même du nom d’un prisonnier martyrisé (Nafé Khalaf Ghadban). Des actes de torture plus terribles encore sont pratiqués sur les détenus bien avant leur arrivée dans les prisons. Un vieillard soufi de 60 ans, qui a transité pendant quelques jours par Baghdadi, confirme l’atrocité des actes qu’ont subis ses compagnons de détention. Ces derniers “brutalement frappés, humiliés étaient ramenés nus des interrogatoires�, raconte le vieil homme qui précise que contrairement aux prisonniers de droit commun qui “mangeaient à leur faim, les autres avaient tout le temps faim et soif�. Généralement, c’est dans les centres de tri où ils sont cantonnés, deux à dix jours, avant qu’ils ne soient orientés vers Abou Gharib ou un autre pénitencier, que les prisonniers passent les pires moments de leur détention. Au cours des interrogatoires préliminaires effectués dans ces lieux, les personnes interpellées subissent les pires sévices, témoignent ceux qui sont passés par là . Le but de la torture est d’obtenir l’information que leur demandent leurs services du renseignement militaire. Devant l’incapacité de leurs troupes à venir à bout de la résistance irakienne, qui leur tient la dragée haute du nord au sud du pays. les stratèges de la coalition ont recours à ce vil procédé espérant trouver le point faible de leurs adversaires dont ils étaient loin de soupçonner les potentialités. Plus grave, certains des soldats joignaient l’utile à l’agréable, assouvissant leurs “vices� personnels et accomplissant le sale boulot qui leur était demandé. Il suffit de voir les photographies et de prendre connaissance des différents témoignages, que ce soit des tortionnaires ou des torturés, pour s’assurer de l’ardeur dont ont fait preuve les bourreaux dans l’accomplissement de la sale besogne. Les sévices administrés ne sont généralement pas justifiés, car rien ne prouve que les prisonniers ciblés soient en mesure de fournir le moindre renseignement.
Torture systématique
En effet, les manifestants qui ont protesté des jours durant devant la prison d’Abou Gharib après la divulgation du scandale, affirment que leurs proches emprisonnés n’ont rien à voir avec la résistance. Ils criaient tous leur colère contre l’occupant, assurant qu’il y avait erreur sur les personnes dans la majeure partie des cas, comme cette vieille dame qui demande la libération de ses trois fils. “Je vous en supplie, rendez-moi mes enfants, ils n’ont rien fait. S’ils vous plaît, ne les torturez pas�, criait-elle aux soldats américains. Pour être plus convaincante, elle raconte que ses fils “travaillaient comme boulangers et n’ont rien à voir avec la résistance. Ils n’ont jamais connu la prison sous Saddam et ont déserté pendant la guerre�. Une autre femme, dont le fils a été arrêté il y a de cela onze mois, ne se fait pas d’illusion sur la torture pratiquée par les soldats de l’occupation. “Ils l’ont frappé devant moi, alors comment ne vont-ils pas le torturer ? Les Américains sont des terroristes. Il faut en finir avec eux�, hurle-t-elle.
Ce sont les sentiments de révolte des parents et des proches. Quant aux victimes, elles en sont arrivées à préférer la tyrannie de Saddam à la liberté de Bush, comme le dit Hamid Jassim. Ce dernier, qui a connu la prison durant neuf années sous le règne du président irakien déchu, et qui a été emprisonné pendant deux mois par les forces de la coalition, est catégorique : “Entre Saddam et Bush, je préfère Saddam. Mieux vaut être torturé par son président que par son colonisateur.� Pour conforter ses dires, il ajoutera : “Les interrogatoires étaient musclés et souvent humiliants. L’espace était si petit que l’on dormait accroupi.� Le prisonnier apparaissant sur une photo, les parties génitales attachées avec des fils en métal, a déclaré aux enquêteurs américains : “On m’avait dit que si je tombais de l’estrade, je serais électrocuté.� Issam Mohamed, un jeune homme, 20 ans, arrêté en compagnie de trois de ses frères, affirme avoir passé les pires moments de sa vie dans les quatre centres de détention où ils sont passés. “J’étais nu en dehors de mon caleçon et ils m’ont jeté de l’eau sur le dos avant de m’envoyer des décharges électriques�, raconte-t-il à des journalistes. “Outre les menaces avec des revolvers braqués sur la tempe, continue Issam, “les tortionnaires nous disaient que si nous ne parlions pas, ils amèneraient notre mère et nos sœurs ici�. Plus grave encore, il a affirmé que son père qui s’était rendu aux soldats américains après leur arrestation est mort de torture. “Pendant deux mois, il a été torturé. Et quand il est mort à cause de la torture, ils ont déposé son corps devant un hôpital et l’ont laissé là -bas�, poursuit-il. Selon lui, sa famille est en possession d’un rapport d’autopsie certifiant la mort de son père d’une crise cardiaque provoquée par la torture. “Les coups et les humiliations étaient la norme�, assure Nadjim Abdoul Madjid, qui a été arrêté avec son fils âgé de 17 ans. “Une fois, il m’ont emmené voir mon fils se faire torturer à l’électricité. Il était attaché à un poteau, et deux fils pendaient dans son dos�, déclare-t-il. Son fils est toujours en détention, alors que lui a été libéré avec des excuses après six mois passés à la prison d’Abou Gharib. Aucune preuve n’avait été établie quant à sa culpabilité après les accusations de détention d’explosifs qui lui avaient été adressées lors de son arrestation.
Séquelles et traumatismes
Des traces indélébiles sont laissées sur les victimes de la torture, comme le montrent les témoignages. “Si les Américains reviennent pour m’emprisonner, je me suiciderai avant d’être à nouveau emmené dans cet endroit�, affirme Chaâban Al-Djanabi, accusé de participation aux attaques contre les forces américaines. Durant les vingt-cinq jours qu’il a passés à Abou Gharib, Al-Djanabi a été battu quotidiennement. “J’avais les yeux bandés et des menottes aux poignets. On nous a laissés dehors pendant dix jours dans un enclos en gravats. On nous donnait une bouteille d’eau pour toute la journée pour boire et nous laver�, affirme-t-il. Abdullah Doulaïmi se souvient surtout de la minuscule boîte en bois, où il a passé deux jours. Cet endroit appelé “cercueil� était tellement petit qu’il était impossible de se tenir debout. Doulaïmi raconte aussi que “si l’on parlait au prisonnier d’à côté, on devait faire des pompes avec un soldat assis sur le dos. Ils nous faisaient déshabiller, puis un soldat venait nous frapper avec un bâton. Nous étions battus, privés de sommeil et humiliés�. En dépit de tout cela, des membres du Conseil transitoire du gouvernement irakien n’ont pas hésité à minimiser la gravité de ces actes méprisables.
Les valets de Washington et Londres
Au moment où un mouvement de condamnation sans équivoque s’amplifiait dans le monde entier, il s’est trouvé des Irakiens de surcroît, membres du Conseil de gouvernement transitoire qui dirige l’Irak, qui n’ont pas hésité à défendre les responsables des tortionnaires. Outre, Mohammed Bahr Al-Ouloum qui a cherché à trouver des excuses aux actes horribles des occupants de son pays, le chef kurde Jallal Talabani a carrément réduit à néant la gravité de ce que le monde entier a condamné fermement. Se contentant de dénoncer ces “actes indignes�, Talabani a estimé que pour “les Irakiens, qui ont bien connu le pire sous Saddam Hussein, cela n’était pas très important� (?!? ) Cette déclaration faite aux chaînes de télévision mondiales n’a pas manqué de provoquer la colère de beaucoup d’Irakiens, notamment les partisans de la résistance contre l’occupation. En essayant de défendre l’indéfendable, ces personnalités ont certainement perdu le peu de crédit qu’ils avaient encore auprès de leurs compatriotes et de la communauté internationale.
Amnesty International et le CICR cloués au pilori
Ce qu’ont fait subir les soldats américains et britanniques à des prisonniers irakiens remonte à plusieurs mois, selon l’organisation non gouvernementale, Amnesty International, et le Comité international de la Croix-Rouge. La Maison-Blanche et Downing Street avaient été mis en garde, il y a bien longtemps, par ces deux institutions sur le risque de voir ce type de pratiques se généraliser juste après qu’elles eurent pris connaissance des premiers actes de ce genre. Ainsi, le CICR, qui se considère comme le garant de l’application de la convention de Genève sur les droits des prisonniers de guerre, affirme avoir remis à Tony Blair des rapports détaillés en février dernier, sans qu’ils soient pris en considération.
Des documents similaires sur les agissements des militaires américains dans les centres de détention ont été également transmis à l’Administration Bush bien avant ceux adressés aux Britanniques. Ces mises en garde ne constituent en fait que des facteurs aggravants pour les premiers responsables américains et les britanniques. Ils ne peuvent prétendre n’avoir pas été informés. La gravité des violations signalées dans les rapports transmis, tel l’assassinat par les soldats des deux pays de civils qui ne représentaient aucune menace par exemple, ternit davantage l’image de marque de Washington et Londres. Il est rare de voir les ONG de défense de droits de l’Homme épingler dans leurs rapports des démocraties occidentales. Mais, à leur décharge, Amnesty International et le CICR ont manifestement manqué de courage. En effet, au lieu de dénoncer et de condamner publiquement ce genre d’agissements, ils ont transmis à leurs maîtres les rapports de mise en garde. Ces deux organisations ne font preuve de courage que quand des actes similaires sont commis par des régimes du tiers monde. Lamentable !
K. A.


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