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Un village entre mer et montagne
Publié dans Liberté le 09 - 08 - 2004

La baie de Chetaïbi, demi-cercle immense, est un veritable cadeau de la nature. Les estivants, qui font halte dans ce décor paradisiaque pour les vacances, ont bien compris leur chance.
Après la fournaise de la plaine de Berrahal et la route sinueuse qui serpente sur plus de trente kilomètres à travers un épais maquis de pin, de chêne-liège et d'oliviers sauvages, apparaît enfin comme un cadeau de la nature la baie de Chetaïbi, en un demi-cercle immense, bordé de montagnes brumeuses sur la droite, et de deux jetées à gauche. Sur le bleu de la mer tranche la blondeur du sable de la plage, sous le versant de la montagne où s'accrochent les maisons du village, blanches et beiges, d'anciennes demeures qui presque toutes datent de l'époque coloniale.
Ce qui frappe au premier abord, dans ce petit village perdu au milieu de la montagne et qui semble oublié de la “civilisation”, c'est le calme, la lumière, la propreté des rues, malgré la pauvreté des lieux que l'on devine à la petitesse des commerces et des cafés mis à la disposition des touristes de plus en plus nombreux chaque été dans cet endroit paradisiaque où l'on revient toujours.
Derrière la plage, sur une terrasse ombragée par un toit de branchages, pompeusement appelée “Le restaurant du Port”, on peut déguster de délicieux plats de poissons provenant de la dernière pêche. Autour d'une table, des hommes parlent de la beauté des lieux avec de grands gestes. “La télévision devrait venir filmer ces lieux et programmer une des émissions de Mesk Ellil sur la plage, la nuit, ce serait vraiment formidable.” Les autres acquiescent d'un hochement de tête, guère convaincus. la télévision à ChetaIbi ? Le seul garçon se démène entre les tables allant et venant, portant des plats où trônent des poissons fumants sortant du four ou des boissons glacées. On l'appelle de toutes parts. “Ya khouya, s'il vous plaît, a kho, a jeune”, le doigt levé et il semble ne plus savoir où donner de la tête.
On savoure les plats en embrassant du regard l'immensité de la mer scintillante sous le soleil de midi, tout en admirant les gestes précis des pêcheurs assis à l'ombre d'une vieille bâtisse, derrière la terrasse raccommodant leurs filets avant la prochaine sortie en mer. Les touristes sont nombreux venant des coins les plus reculés du pays, attirés par ce bout de paradis avec sa quiétude, la gentillesse des riverains et leur disponibilité. Parmi les visiteurs de Chetaïbi, beaucoup d'émigrés. Comme il n'y a pas d'hôtel, on loue des appartements à des prix élevés, qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. On paie cher cette quiétude, et les gens semblent en profiter pleinement. Pour se faire un peu d'argent durant la période estivale, beaucoup de riverains louent leurs habitations et vont loger chez la famille à Annaba ou dans les mechtas environnantes, à Zaouïa ou à Laggaâ.
Sur la plage, une cinquantaine de parasols assez éloignés les uns des autres, on est loin de la surpopulation des plages de Annaba. “Je reviens chaque année à Chetaïbi, dès que nous prenons nos congés, mon mari et moi”, dit cette dame fonctionnaire dans une administration à Alger, entourée de quatre jeunes enfants bronzés qui jouent sur le sable. Ici, pas de saleté, ni de bouteilles en plastique, on est bien élevé et on fait attention. Comme le soleil tape dur, presque tous les estivants s'abritent à l'intérieur de leurs habitations pour faire une bonne sieste. Dans l'eau cristalline, quelques baigneurs, parmi lesquels le mari de la dame faisant la planche, nonchalant. De temps à autre, il se relève, jette un regard à sa petite famille, et reprend sa position, les yeux fermés.
Assise sous le parasol voisin, une vieille dame en gandoura interpelle, dans un accent typiquement constantinois, deux jeunes filles dans l'eau : “Ya benet, oualiou hneya, ma tbaâdouche” (les filles revenez ici, ne vous éloignez pas !). Mais les filles continuent leur baignade dans la fraîcheur de l'eau, au milieu des rires. Derrière la plage, appuyés au parapet des jeunes gens en short, les yeux cachés derrière des lunettes de soleil, ne perdent pas une miette du spectacle. “Ici, reprend la dame de la poste, tu peux faire ce que tu veux, personne ne fait attention à toi, et c'est tellement tranquille !”
Sur la route qui descend vers la mer, des jeunes ont installé sous des parasols des petits commerces de fortune, des friandises, des fruits et légumes, des vêtements… Sur de larges étalages, jetée en vrac ou accrochée à des cintres l'omniprésente fripe où fouillent des ménagères, visiblement des riveraines. “On essaie de trouver quelque chose pour les enfants avant la rentrée, elle n'est plus si loin !” La pauvreté de la population est frappante dans ce coin retiré qui ne semble vivre que de petits métiers et de quelques produits de la pêche, exercée à un niveau artisanal, à voir le nombre réduit des barques échouées sur le sable ou ancrées à la jetée, et “réussissant tout juste à faire vivre les familles des pêcheurs”, comme le déclare l'un d'eux, assis à l'ombre d'une barque retournée sur le sable. “Nous n'avons pas les moyens pour acheter les embarcations et exploiter cette richesse dont Dieu nous a pourvus”. Et il pointe du doigt l'eau d'où émergent, de temps à autre, des flèches brillantes : “Tu as vu, le poisson est si abondant qu'il s'aventure tout près de la rive !” Attablés devant un thé à la menthe, près de la porte d'un petit café sombre, deux hommes âgés, habillés de vêtements éculés semblent assoupis et ne relèvent la tête qu'à notre approche.
“Le tourisme ? Oui, beaucoup de gens viennent ici chaque année et ils louent des habitations pour passer l'été ; moi-même, j'ai cédé mon appartement à une famille de Biskra, et je vis avec mon frère, on est un peu serré, car il a une famille nombreuse mais cela me permettra d'avoir un peu d'argent.” Les deux vieux se regardent d'un air entendu et sourient. Le vieux n'avoue que difficilement le prix de la location, car de réputation, les gens de Chetaïbi ne s'ouvrent guère aux étrangers, malgré leur bonne humeur et leur gentillesse. Après un silence, il nous dit : “Trois millions, je l'ai loué à trois millions ! Mais, bien sûr, cela dépend des logements, il y en a pour tous les prix.” L'autre vieux, appuyé sur sa canne, lève les yeux et déclare d'une voix chantante : “Il y a ceux qui louent leurs maisons jusqu'à cinq millions, ça dépend de la surface de la maison.” Les yeux brillants, les deux vieux nous parlent des autres plages de Chetaïbi : “Il faut voir les quatre autres plages plus à l'ouest, ce sont de véritables paradis. Ici, vous n'avez rien vu.”
Et il fait le compte sur ses doigts desséchés : Fontaine romaine, la Baie ouest, Sidi Akacha, Sable d'or 1 et Sable d'or 2. Puis, il nous évoque le chômage, l'absence de ressources, se lamentant de ce que les jeunes quittent peu à peu le village pour les aléas de la ville de Annaba… Dans les mechtas de Chetaïbi, et pour lutter contre la misère qui sévit dans cette agglomération qui compte beaucoup de jeunes chômeurs et dont le seul handicap, selon les responsables, est son isolement, la conservation des forêts de Annaba vient de lancer, entre autres, un vaste programme de production de miel en dotant de nombreux ménages, dans le cadre du Pndra, de 2 000 ruches, dans une première étape, après la découverte de la présence de plantes hautement melifères dans les montagnes entourant Chetaïbi. “Nous pourrons compter sur une bonne récolte dans une année”, déclare le P/APC que nous avons interrogé sur l'avenir de ce village, qui semble tourner le dos à une formidable opportunité de développement du tourisme de haut niveau, pour peu que des solutions soient trouvées pour rompre avec son isolement. La daïra de chetaïbi est desservie par 6 minibus seulement qui assurent la navette avec Berrahal, un gros bourg situé à trente kilomètres sur la route de Annaba.
À ce sujet, on nous parle du possible retour à l'utilisation de la mer comme moyen de communication, “comme cela se faisait du temps de la colonisation où l'on se rendait à Annaba par bateau. L'étude est encore au niveau du ministère de tutelle, et nous comptons beaucoup sur cette solution qui permettra le développement de Chetaïbi à travers ses ressources naturelles, à savoir le tourisme et la pêche, sans parler de la création d'emploi”.
Le problème du tourisme dans cette région est le sujet numéro un de notre conversation, et nous apprenons que chaque année les cinq plages de Chetaïbi accueillent plus de trente mille touristes durant la période estivale, une affluence qui n'a pas diminué même pendant la décennie noire. “Les gens sont en sécurité ici, et ils se sentent bien. Au contraire, leur nombre augmente au fil des ans, et nous essayons, avec les faibles moyens de la commune, de trouver des solutions aux problèmes les plus urgents. comme, par exemple, l'aménagement d'une aire de camping sur la baie ouest qui sera mise à la disposition des campeurs dès l'année prochaine. une initiative dont l'APC compte tirer des dividendes qui seront les bienvenus. Pour le moment, la commune délivre des autorisations de camping gratuitement pour attirer plus de touristes”.
“Pourtant, les demandes d'investissement ne semblent pas manquer, toutes tournées vers le tourisme.” Et le P/APC nous montre la dernière en date, une proposition d'un ressortissant algérien vivant en France, pour la création d'un restaurant de 100 couverts. Nous apprenons alors que, lancée en 2002, l'étude du programme de la Zone d'extension touristique ( ZET) de Chetaïbi englobant une surface de 30 ha est à son niveau de finalisation, un programme qui va faire de Chetaïbi une véritable station balnéaire, selon le responsable du bureau d'études concerné que nous avons contacté. En attendant, le maire de Chetaïbi revient de nouveau sur l'enchantement des sites de la région, parlant de la baie ouest qui fait la légitime fierté de la région, car classée au niveau international comme la plus belle baie au monde, des sept grottes du cap Tekouch où les bateaux se cachaient autrefois pour échapper aux pirates, de l'existence d'une source d'eau douce au milieu de la petite île face à la plage de la Fontaine romaine. Puis, pour conclure, le maire de Chetaïbi nous rapporte fièrement les paroles d'un touriste italien en extase devant les sites de la baie ouest : “Celui qui vit ici ne peut mourir que de vieillesse.”
H. M.


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