La tenue d'une université d'été par Madani Mezrag et ses acolytes de l'ex-Armée islamique du salut (AIS), dans une forêt à Mostaganem, n'a pas encore cessé de susciter des indignations. Si au RCD comme à Jil Jadid, un tel fait reflète un grave dysfonctionnement au sommet de l'Etat, il n'en demeure pas moins qu'ils soupçonnent le pouvoir de jouer avec le diable pour entraver tout projet de transition démocratique. Le secrétaire national chargé de la communication au RCD, Athmane Mazouz, estime d'abord que "la tenue de l'université d'été d'une aile terroriste déclarée est en soi la meilleure preuve de la faillite d'un Etat". Ensuite, il considère que les déclarations faites par Madani Mezrag au journal électronique TSA, à savoir qu'il n'a pas besoin d'une autorisation administrative pour réunir les caporaux de son ex-armée, "n'a rien d'un défi". Bien au contraire, Athmane Mazouz pense que la tenue d'un conclave maquisard "renseigne sur l'instrumentalisation de l'islamisme de terrorisme par les tenants du pouvoir". D'où, souligne-t-il, qu'"il est important de rappeler aux Algériens que Madani Mezrag a été reçu au siège de la Présidence par Ahmed Ouyahia, alors que des partis légaux sont souvent interdits d'activité". Des faits qui ne manquent pas d'inspirer des soupçons au secrétaire national du RCD, en ce sens qu'"à chaque fois qu'un projet démocratique est mis en avant, on nous renvoie aux années de terrorisme". Athmane Mazouz est sur ce point catégorique : "Le pays est à la dérive et le pire est à craindre avec des institutions illégitimes, une administration hors la loi et une justice soumise." Même état d'âme, mêmes soupçons au parti Jil Jadid. Son chargé de la communication, Sofiane Sakhri, s'interroge si le pouvoir "n'est pas en train de jouer avec Madani Mezrag et sa clique pour décourager les Algériens d'aller vers un projet démocratique". Il rappelle, à ce propos, que "le pouvoir a fait de Madani Mezrag une personnalité politique en l'invitant à El-Mouradia pour donner son avis sur la révision de la Constitution". Il s'interroge aussi sur "les critères retenus par le pouvoir pour accorder le statut de personnalité politique et nationale à un ex-chef terroriste". L'indignation est encore plus vive chez Jil Jadid, lorsque Sofiane Sakhri relève que "des partis politiques agréés par le ministère de l'Intérieur sont interdits de réunion, faute d'autorisation administrative, alors que Madani Mezrag arrive sans la moindre difficulté à regrouper une armée parallèle dans une forêt à Mostaganem". Il s'interroge d'ailleurs à nouveau "si l'Algérie ne compterait pas deux armées, celle régulière de l'ANP et celle islamique de Madani Mezrag, puisque lui-même se revendique de l'Armée islamique du salut".La conclusion du chargé de communication de Jil Jadid est tout aussi amère lorsqu'il fait remarquer que "s'il n'y avait pas un dysfonctionnement au sommet de l'Etat, cette personne aurait été arrêtée sur-le-champ". M.M.