Bouteflika suggère que cette révision s'inscrit dans un processus de réformes et n'est pas dictée par la pression des révoltes du "Printemps arabe". Dans un discours, à forte teneur gaullienne, lu en son nom par le président du congrès, Abdelkader Bensalah, le président Bouteflika n'a pas seulement loué "l'adhésion" et la "responsabilité", mais défendu avec ténacité une certaine idée qu'il se fait de la démocratie, histoire sans doute de répondre aux multiples critiques ciblant le système qu'il incarne, sa gouvernance et sa vision politique. "Je suis de ceux qui croient que toute société humaine est capable d'inventer et de forger souverainement, au rythme de son histoire politique particulière et selon les ambitions de son peuple, un système politique lui-même produit de cette même histoire et, par ailleurs, résolument inspiré de valeurs et principes universels. Telle est ma conviction, telle est l'aspiration profonde de notre peuple", dit-il, non sans rappeler, comme il l'avait fait en 1999, que la démocratie se construit avec le temps. "Il est tout à fait clair et universellement établi que la démocratie, l'Etat de droit et le respect des droits de l'Homme constituent un triptyque qui se construit patiemment, il se construit, pierre par pierre par le peuple et par les institutions qu'il se donne à un moment donné de son existence. Dans cette œuvre, qui s'inscrit dans la durée, il ne s'agit pas, de toute évidence, d'importer et de plaquer telles qu'elles des institutions et des concepts, produits de l'histoire politique particulière d'autres nations. Il ne s'agit pas non plus de reprendre tels quels les fruits des discours et des débats qui y sont développés, fussent-ils pertinents, en faisant fi de sa propre histoire et des spécificités de sa société. Car, reproduire ces schémas venus d'ailleurs, qui ont, sans doute, pu générer des effets bénéfiques dans les sociétés où ils sont nés, c'est non seulement s'éloigner dangereusement de sa propre réalité nationale, mais aussi et surtout courir le risque de s'identifier à ces pays et se donner l'éphémère illusion de se hisser au rang des sociétés rompues depuis des siècles au plein exercice de la démocratie". "La démocratie, en tant que principe, en tant que valeur, en tant que culture, est en effet, au regard de sa profondeur historique et des objectifs qu'elle ambitionne de réaliser, un édifice toujours inachevé mais sans cesse rénové", justifie-t-il. Dans le même ordre d'idées, il suggère que cette révision s'inscrit dans un processus de réformes et n'est pas dictée par la pression des révoltes du "Printemps arabe". "La décision d'engager des réformes politiques, comme vous le savez, est intervenue après celles que j'avais entreprises quelques années auparavant sur la concorde civile et la réconciliation nationale (...)". Aux pourfendeurs du recours à la voie parlementaire, il soutient que les parlementaires sont les "représentants" du peuple, "un Parlement librement choisi par le peuple pour exprimer sa volonté et reflétant la diversité des courants d'idées et d'opinions qui animent notre société". Tout en défendant sa démarche qui a "préservé notre pays de toute autre aventure périlleuse", le président Bouteflika pour qui le "pays vient d'écrire une nouvelle page de son histoire politique et constitutionnelle", soutient que le texte a nécessité le "consensus le plus large" et comprend des "avancées historiques", comme l'officialisation de tamazight ou encore la parité entre la femme et l'homme pour l'accès à l'emploi. Dans ce qui s'apparente à un testament, Bouteflika assure que "sa génération a fait ce qu'il fallait faire". "L'Algérie d'aujourd'hui, n'est plus celle des années 1990. Notre génération a la conviction d'avoir fait ce qu'il fallait faire, au moment où il fallait le faire et avec les moyens qui s'offraient à elle. Une autre génération, qui aura peut-être une vision différente de la nôtre, continuera, avec d'autres idées, d'autres moyens et d'autres manières, ce qui a été commencé par leurs aînés (...)". Karim Kebir