"Quand les symptômes apparaissent, le cancer de l'ovaire est déjà à un stade III ou IV", affirme le professeur Fatiha Hadj Arab, oncologue au Centre Pierre et Marie-Curie d'Alger. Et parce que ce sont les troubles physionomiques qui incitent à la consultation, cette maladie est diagnostiquée, dans 75% des cas, alors qu'elle est déjà métastatique. "Les délais de diagnostic vont de 4 à 12 mois. La difficulté de dépistage de ce type de cancer rend nécessaire la recherche de drogues (comprendre médicaments, ndlr) plus efficaces", suggère la praticienne, qui précise que, selon les registres des tumeurs d'Alger, l'incidence se stabilise autour de 80 nouveaux cas par an, soit une proportion de 6,7/1 000 habitants. Ce qui revient à dire que le cancer de l'ovaire se positionne en 6e place dans le classement des cancers typiquement féminins. Les facteurs à risque sont la ménopause tardive, la puberté précoce, la stérilité, une alimentation riche en gras, l'obésité, l'exposition aux radiations et les antécédents familiaux de cancers du sein ou de l'ovaire. Par contre, les grossesses multiples et rapprochées, ainsi qu'une contraception bien équilibrée protège contre cette maladie qui tue, selon le professeur Djedeat, du service chirurgie A du CPMC, "davantage que le VIH". Il a assuré que la mortalité pour cause de cancer de l'ovaire a baissé de 15% ces dix dernières années. "Au stade précoce, les objectifs de la chirurgie sont généralement atteints. Il est même possible de recourir à la chirurgie conservatrice de fertilité." Aussitôt, il a relativisé l'optimisme en reconnaissant que la rechute est quasiment inévitable, dans les cinq ans, malgré une bonne réponse au traitement. Et en matière de traitement, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière vient d'avaliser l'extension de l'indication du Bevacizumab au cancer de l'ovaire métastasé. Cette molécule, développée par les laboratoires suisses Roche, était utilisée jusqu'alors en association à une chimiothérapie, dans d'autres types de cancers, dont celui du sein et celui colorectal. Il est établi, en attendant une meilleure appréciation du service rendu de la molécule dans ces deux extensions d'indication (cancer de l'ovaire en première récidive, sensible aux sels de platine et cancer de l'ovaire en rechute, résistant aux sels de platine), que ledit traitement ne garantit que le gain de quelques mois de survie. Un infime espoir pour les patientes, le temps que les big pharma trouvent des traitements plus efficients. Le groupe Roche, qui a organisé jeudi un symposium sur le cancer de l'ovaire métastasé, affirme, par la voix de sa directrice médicale, Mme Haddouche, que 9,3 milliards de dollars ont été investis, en 2015, dans la recherche et le développement. À ce titre, 27 molécules, dont 14 pour l'oncologie, sont en développement à la phase II et III. Souhila H.