Contrairement aux précédentes éditions où il est question de revendications syndicales et patronales, le rendez-vous de juin prochain sera celui d'un appel à la solidarité des travailleurs et des chefs d'entreprise pour apporter leur appui à la nouvelle politique d'austérité que prône le gouvernement. La tripartite du mois de juin prochain sera annonciatrice des lendemains difficiles que vivra l'Algérie à cause de la crise économique qui secoue le monde. À partir de la plénière qui accueillera le gouvernement et ses deux partenaires, que sont l'UGTA et le patronat, sera proclamé le temps des sacrifices à l'attention de tous les Algériens. Contrairement aux précédentes éditions, la réunion de juin ne claironnera pas de nouveaux acquis sociaux mais se contentera d'en préserver ceux déjà arrachés auparavant. La rencontre ne sera plus cet espace où seront satisfaites les revendications des organisations syndicales et patronales. La période des vaches maigres commence réellement à montrer ses premiers signes d'indigence. Dans l'ordre du jour du prochain rendez-vous ne figureront ni revendications socioprofessionnelles ni augmentations salariales et, encore moins, d'avantages au profit des travailleurs. Ces derniers seront, au contraire, sollicités — encore une fois — pour apporter leur soutien à la nouvelle politique économique que prône l'Exécutif dont le principal fondement est l'austérité. La session de juin sera baptisée "Tripartite de la solidarité". Celle qui rassemblera ses trois composantes autour d'un seul et même objectif, les obligeant à se solidariser pour passer, sans trop de dégâts, cette conjoncture décisive que traverse le pays. L'époque du programme d'ajustement structurel où chacune des trois parties ne faisait que défendre ses propres intérêts semble révolue. Aujourd'hui, les trois alliés doivent faire preuve de maturité et de solidarité, tel que le suggère Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta. Pour lui, la tenue de la prochaine tripartie a été décidée d'un commun accord avec l'Exécutif. Autrement dit, la Centrale syndicale et le patronat, précise M. Sidi-Saïd, étaient informés, voire associés, dans cette décision. "Des questions économiques et sociales seront à l'ordre du jour", indique le patron de l'Ugta sans donner plus de détails car, argue-t-il, les dossiers sont encore à l'étude au sein des institutions concernées. Une chose est certaine, les trois principaux acteurs seront invités à cette rencontre pour débattre des solutions à même de dégager le pays du gouffre de la crise. La tripartite sera également le cadre idoine pour que la mise en œuvre du nouveau modèle économique annoncé, il y a quelques jours à l'APN, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, jouisse de l'adhésion du partenaire social, c'est-à-dire des centaines de milliers de syndicalistes affiliés à la Centrale syndicale et celle des patrons. Cette nouvelle stratégie programmée pour les trois années à venir (2016-2019), qui exige effectivement le soutien de tous les intervenants sur la scène économique, fait en ce moment l'objet d'examen par les structures compétentes. La tripartite se veut aussi, estime M. Sidi-Saïd, une occasion pour maintenir la dynamique de développement enclenchée depuis quelques années par les pouvoirs publics. Le SG de l'Ugta parle, évidemment, de son principal cheval de bataille enfourché depuis des décennies. Il s'agit, affirme-t-il, de développer davantage la production algérienne et d'encourager la consommation nationale tout en réduisant encore plus les importations. Autant d'orientations et de choix qui s'inscrivent, faut-il le souligner, en droite ligne avec les options gouvernementales.