Présent au Mondial de l'automobile de Paris 2016, qui se déroule jusqu'au 16 octobre à la Porte de Versailles, le P-DG de Nissan Algérie et néanmoins président de l'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) a bien voulu répondre à nos questions pour aborder les nouveautés de la marque nippone, ses projets et les dernières décisions du gouvernement sur le secteur. Liberté : Quelles sont vos principales attentes du Salon de Paris face à la crise qui secoue le secteur automobile en Algérie ? Sefiane Hasnaoui : Le Mondial de Paris a souvent cette tendance à proposer des véhicules pour le marché européen. On a eu souvent des décalages par rapport à ces marchés pour l'ensemble des marques. Aujourd'hui, et pour la première fois, le Mondial de Paris apporte pour Nissan un produit qui sera présenté avec beaucoup de similitudes en Algérie, sans compter ce qu'il pourrait apporter en termes de projets industriels pour Nissan Algérie. Vous voulez dire un nouveau partenariat ? Le partenariat existe depuis 1993 avec Nissan. En revanche, il y a la mise en place d'un investissement industriel. Nous l'avons déjà annoncé, et les discussions sont toujours en cours. Sans compter les négociations techniques qui nous permettent d'affiner notre plan. Notre volonté est d'avoir un véritable investissement industriel structurant aussi bien pour l'Alliance, pour Nissan Motors, pour Nissan Algérie et pour le groupe Hasnaoui. Notre projet s'inscrit, dans le long terme, aussi bien pour l'industrie algérienne que pour l'intégration locale, sans compter les investissements directs du groupe Hasnaoui et l'ensemble du tissu industriel pour créer une valeur-ajoutée, notamment en termes de création d'emplois. Justement, pensez-vous que l'activité des concessionnaires sera, d'ici au 1er janvier, opérationnelle pour pouvoir bénéficier des agréments et des quotas d'importation pour 2017 ? Je ne suis pas d'accord avec vous. La loi de finances de 2014 a accordé un délai de trois ans pour se préparer ! Il ne faut pas mélanger les éléments de cette loi qui ont pour objectif de contribuer au développement de l'industrie automobile avec la volonté de tous les acteurs. Du coup, tout opérateur qui n'a pas développé une activité industrielle ou semi-industrielle se verra retirer son agrément et ne pourra pas prétendre à la licence d'importation. Les ministères du Commerce et de l'Industrie ont été très clairs, et ces délais ont été fixés de manière transparente. Et ce sont des instructions qui émanent du président de la République et du Premier ministre. Vous ne pensez pas que la limitation des quotas pénalise l'importation des nouvelles technologies et des voitures hybrides ? Les concessionnaires ne ressentent-ils pas également une certaine frustration de ne pas avoir en Algérie ce qu'on voit dans ce genre de salons ? Je pense que ce sont deux choses différentes. Les quotas sont une nécessité. C'est un choix courageux qui a été fait par le président de la République, le Premier ministre et les ministères de tutelle, et cela concerne l'intérêt général de notre pays. Le secteur de l'automobile pèse de tout son poids sur l'économie algérienne et représente un pourcentage assez élevé. C'est légitime, car cela touche tous les secteurs où il faut, désormais, serrer la ceinture. Concernant les quotas, il s'agit de la volonté des opérateurs de vouloir démocratiser les nouvelles technologies et les véhicules dont vous parlez, comme l'hybride. Aujourd'hui, la qualité de notre carburant ne répond pas aux normes internationales. C'est une limite technique. En revanche, il faut reconnaître les efforts de l'Etat à investir dans de nouvelles raffineries pour avoir un carburant aux normes internationales. Retour ou pas retour du véhicule de moins de 3 ans ? L'AC2A a exprimé sa position. En face, on assiste à un cafouillage et à des déclarations contradictoires entre des ministres d'un même gouvernement. Est-ce un effet d'annonce ? Qu'en est-il exactement ? Le président de la République a signé le décret interdisant l'importation des véhicules de moins de 3 ans. En ma qualité de président de l'AC2A, j'ai exprimé l'opinion de l'ensemble des membres de notre organisation et qui va dans l'intérêt de notre pays. Notre volonté est de développer une industrie automobile. Du reste, dire qu'il y a une volonté de perturber l'investissement industriel peut être sujet à discussion. Mais nous sommes dans une dynamique de traçabilité des opérations. La clarification faite dans le cahier des charges, notamment le constructeur, les flux financiers et la normalisation technique des véhicules, sera battue en brèche et mise à défaut avec l'ouverture des importations des véhicules de moins de 3 ans. Aujourd'hui, en qualité d'opérateur qui crée des emplois, qui paye ses taxes et ses impôts, investit à Alger, à Tamanrasset, à Batna, à Souk-Ahras et sur l'ensemble du territoire national, je m'interroge pourquoi voudrait-on privilégier un concessionnaire du Sud de la France qui ne crée aucun emploi, ne paye aucune taxe et fait dans la surfacturation pour pénaliser un concessionnaire algérien qui existe depuis plus de 50 ans ? La nouvelle Micra vient de bouleverser les codes stylistiques des citadines. Quand est-ce que vous comptez la présenter en Algérie ? C'est le cas de le dire, la 5e génération de la Micra a marqué un bouleversement de tous les codes. Elle sera présentée au Salon de l'automobile de 2017 à Alger. On la présentera et commercialisera pour bousculer son segment en Algérie. Entretien réalisé à Porte de Versailles (Paris) par : Farid Belgacem