Résumé : Amel prenait l'avion pour Constantine. Comme à ses habitudes, à chaque fois qu'elle avait recours à ce moyen de transport, sa phobie la reprenait. Malgré sa bonne volonté, elle n'arrivait pas à dominer sa peur. Une vieille dame assise à ses côtés tentait de la distraire. Elle ouvre les yeux et rencontre le regard bienveillant de sa compagne de voyage. - Voyons, nous allons arriver à destination dans moins d'une heure, détendez-vous. - Je ne peux pas. J'ai une boule dans l'estomac. - Tenez, voici un bonbon. Cela vous aidera à surmonter votre angoisse. Amel prend le bonbon plus par politesse que par envie et le met tout de suite dans sa bouche. Un bon goût de menthe sucrée imprègne sa langue et pénètre ses sens aussitôt. Elle se sent moins nerveuse et relaxée. - Ça va mieux ? Amel se retourne vers la dame. - Oui. Merci madame, vous êtes bien aimable. - Ce n'est rien. J'aimerais tant vous débarrasser de votre anxiété et vous démontrer que le voyage en avion n'est pas aussi désagréable que ça. Regardez ! Elle tend son index en direction du hublot. - Admirez la nature. Sa beauté en altitude est des plus fascinantes. N'est-ce pas un cadeau de Dieu toute cette verdure et ce bleu en dessous de nous ? Amel jette un coup d'œil par le hublot, et pour la première fois de sa vie, elle ressent un calme et une quiétude bienfaisante. La beauté de la nature au-dessus des nuages donnait l'impression de frôler les portes d'un autre monde. Des reflets solaires luisaient sur tous ces flocons d'un blanc neigeux. La jeune fille avait l'impression de pouvoir les toucher rien qu'en tendant sa main. Elle remarque aussi les hautes montagnes, les filets de rivières, les lacs, etc. Jamais encore jusqu'à ce jour, elle n'avait osé regarder par un hublot d'avion. En réalité, sa phobie l'avait empêchée de contempler ces tableaux féeriques, qu'on ne pouvait réellement apprécier que lorsqu'on est en altitude. Elle ébauche un sourire et se retourne vers la vieille dame. - Vraiment. Je ne sais comment vous remercier madame. Pour la première fois de ma vie, j'ai osé admirer la terre à partir d'un hublot, et grâce à vous je sais maintenant que je n'aurai plus autant peur de voyager en avion. La vieille dame lui tapote encore la main. - Je voulais juste vous rassurer ma fille. Au fond, tout le monde a peur du danger, et le fait de survoler ainsi la terre peut provoquer chez n'importe qui ce sentiment de frustration et de diminution de soi. Alors, autant admirer la nature et oublier que nous ne sommes que de faibles créatures que n'importe quoi effraie. - Tout à fait. C'est exactement ce que je ressens devant l'immensité de cette nature si belle et si mystérieuse. D'autant plus que j'ai toujours eu le mal d'altitude. - Il suffit de s'y habituer, notre subconscient finit toujours par s'adapter à tout changement dans nos habitudes. Pour une fois, je me sens très détendue et même heureuse. J'ai eu une chance inouïe de vous rencontrer sur ce vol. - Ah ! Et moi donc ! Aussi bavarde que je suis, je ne cherchais que la compagnie d'un être jeune avec qui je pourrais bavarder jusqu'à la fin du voyage. - Vous m'avez donc trouvée. - Le hasard fait toujours les choses à sa manière. Pour être franche, ce voyage sur Constantine, je ne l'ai pas prévu pour cette semaine. Seulement, comme mon fils y fait escale, je ne voulais pas rater l'opportunité de le rejoindre et de rendre visite aussi à ma fille qui vient d'accoucher d'une petite fille. (À suivre) Y. H.