Les cinq accusés dans le cadre du procès Coca-Cola, qui a eu lieu lundi au tribunal correctionnel de Sénia, risquent des peines allant d'une année à quatre ans de prison ferme. Dans son réquisitoire, le ministère public a, en effet, estimé que A. Ould Laïd, directeur commercial du groupe Coca-Cola, A. Farouk, responsable commercial de l'usine d'Oued Tlélat, K. Selim, ancien cadre de l'usine, ainsi que Kh. Mokhtar et Kh. Yacoub, deux clients de l'entreprise, étaient coupables des faits qui leur sont reprochés. Il a, par conséquent, requis quatre années de prison contre les deux responsables commerciaux, deux ans contre les clients et une année contre l'ancien cadre commercial. Les accusés sont notamment poursuivis pour escroquerie, faux en écriture privée, de commerce ou de banque, utilisation de registres du commerce appartenant à autrui et concurrence déloyale. L'affaire a éclaté au printemps 2016 lorsque Z. Mohamed Lamine, propriétaire d'une start-up chargée de la distribution de Coca-Cola à Oran et à Mostaganem découvre que la boisson est cédée sur le marché à des prix inférieurs à la normale. Inquiet et déterminé à trouver une explication, il prend attache avec les propriétaires des registres du commerce au nom desquels la boisson est ainsi "bradée" pour dénoncer cette concurrence déloyale. À sa grande surprise, il découvre que les "commerçants" en question ignorent qu'ils étaient vendeurs de Coca puisque, lui expliquent-ils, les dossiers qu'ils avaient introduits pour exercer en tant que distributeurs ou dépositaires avaient été rejetés par la direction générale. Quelques semaines plus tard, ils découvrent qu'ils étaient enregistrés comme distributeurs mais qu'ils étaient redevables aux services des impôts. M. Mohamed, B. Ahmed et B. Mohamed devaient respectivement 48 milliards de centimes, 134 milliards et 107 milliards. Confrontés à ces accusations, les cinq suspects nieront avoir trempé dans pareilles malversations. Les trois responsables de Coca-Cola expliqueront que les procédures de l'entreprise étaient très rigoureuses, que l'utilisation frauduleuse des registres du commerce comme toute autre forme de fraude, était impossible. Les deux clients rejetteront également les accusations et nieront même connaître les présumées victimes. Durant le procès, tous les protagonistes maintiendront leurs déclarations : les uns se plaignant d'avoir été abusés, les autres se défendant d'avoir enfreint la loi. Soumis au feu des questions des avocats des plaignants, les accusés continueront de soutenir avoir respecté les protocoles de l'entreprise et agi dans le cadre de la loi. Le directeur commercial du groupe, A. Ould Laïd, accusera Z. Mohamed Lamine, l'homme à l'origine du scandale, d'avoir voulu arnaquer l'entreprise de 5 milliards. Et lorsque l'un des avocats évoquera un enregistrement - réalisé par Mohamed Lamine sur réquisition du parquet - dans lequel Ould Laïd et le responsable commercial de l'unité d'Oued Tlélat proposeraient des compensations financières contre le retrait de la plainte, les deux cadres nient fermement. "Nous n'avons jamais tenté de le corrompre, il nous doit de l'argent et nous avons porté plainte", s'emportera Ould Laïd. Dans leurs plaidoiries, les avocats de la partie civile dénonceront la mauvaise gestion qui caractérise Coca-Cola et "l'entente frauduleuse" entre des cadres de l'entreprise et les deux clients qui ont compromis l'avenir de la start-up de Z. Mohamed Lamine et mis trois malheureux dans une position très délicate vis-à-vis du fisc. Ils demanderont des dommages et intérêts au profit de leurs clients et une expertise pour déterminer le préjudice subi. Les avocats de la défense ont expliqué que leurs clients n'ont jamais violé les procédures de l'entreprise, leurs agissements ayant toujours été conformes aux protocoles. Mis en délibération, le verdict est attendu pour la semaine prochaine. S. Ould Ali