C'est un Lakhdar Brahimi qui est apparu et qui est intervenu gravement, ce jeudi à Oran, en évoquant la situation de guerre, de conflit, de chaos régnant dans bien des pays arabes, en raison de l'antagonisme sunnites et chiites, parlant de fitna. En effet, l'ex-diplomate et envoyé spécial de l'ONU se trouvait à Oran à l'occasion d'une cérémonie où il a été fait docteur honoris causa par l'université d'Oran 1 Ahmed-Ben Bella. Dans son allocution, le diplomate évoquera longuement la situation qui prévaut dans les pays arabes comme la Syrie, l'Irak ou encore la Libye, le Yémen, ajoutant que cette partie du monde était confrontée "à la période la plus difficile de son histoire" en raison, notamment, de la fitna entre sunnites et chiites, et de l'extrémisme religieux. D'ailleurs, pour ce qui est de la Syrie ou de l'Irak, Lakhdar Brahimi, bien au fait de la situation sur place, rappelle que ces situations de chaos ont pour conséquences d'avoir plongé les peuples dans la souffrance et la misère, avec les millions de déplacés. Plus loin, en parlant de cet antagonisme et de la fitna sunnites et chiites, l'orateur estimera que cela a amené l'intervention de forces étrangères occidentales ou de pays riverains. Derrière, selon l'ex-diplomate, il est évident que des enjeux géopolitiques aux contours religieux sont la cause de cette situation. Expliquant encore que l'extrémisme religieux, comme en Egypte et en Irak, entre autres, provoque des divisions ethniques et religieuses mettant en danger les Etats et l'unité des peuples, ajoutant qu'en Egypte, il n'a jamais pu faire de distinction entre coptes et musulmans. Pour l'intervenant, la fitna sunnites et chiites est une menace qui ne relève pas de l'utopie, s'agissant du Maghreb. Il enjoindra les dirigeants maghrébins à prendre conscience de cette menace, de ce risque de voir nos populations poussées, elles aussi, à l'affrontement religieux. Il demandera encore aux universitaires, présents dans la salle, de se pencher sur ces faits et de mener des travaux pour mieux cerner le phénomène et l'appréhender. Il n'omettra pas encore de réagir au dernier attentat en Angleterre (Manschester) en déclarant : "Nous devons élever nos voix pour dire que nous rejetons l'extrémisme religieux, le fanatisme et le terrorisme, qui sont étrangers à notre religion." D. LOUKIL