La 14e édition de la Fête du bijou vient de baisser le rideau de clôture, après une bonne semaine d'intenses activités dans un climat de canicule infernale. Au bilan, des satisfecit pour les uns, quelques manques à gagner pour d'autres. La dimension nationale du bijou berbère prend son effet à partir des collines oubliées, c'est un fait historique, soutient-on aux Ath Yanni. Le devenir de cette industrie d'antan, artisanat d'aujourd'hui ne tient pas la cote de l'authenticité. À en croire des organisateurs, pour subsister, l'heure est à la concurrence déloyale qui pousse l'artisan le plus traditionnel à innover dans ses créations afin de se maintenir. L'artisanat du bijou nourrit-il son homme ? Que reste-t-il de l'authenticité ? Avec la mondialisation et le caractère purement commercial du secteur artisanal, le bijou berbère des Ath Yanni tend à perdre son poinçon authentique pour entrer de plain-pied dans les exigences du commerce actuel et du marketing. "La pièce ancienne est de plus en plus rare, et le génie de l'artisan se joint à la demande du tourisme culturel local et national comme le veut cette année la 14e édition", nous apprend Hamid, un jeune artisan bijoutier. Pour revenir au bilan, d'aucuns regrettent la baisse de l'affluence des visiteurs parallèlement aux éditions précédentes. Une autre particularité de la fête du bijou est cette tendance à charrier en filigrane d'autres activités artisanales fidèles au rendez-vous des sept collines. Les stands installés dans les deux habituels sites ne dégorgent pas de monde, selon Mohand et une dame d'un certain âge, couturiers et modélistes qui tiennent ce même langage : "Nous avons doublement souffert de la canicule. D'abord par les conditions intenables que nous endurons depuis une semaine dans cette salle sans ouverture, et ensuite par le manque de visiteurs et surtout de clients, alors que nous avons payé cher les frais de participation." Ce qui ne semble pas être l'avis de quelques bijoutiers qui avouent que la fête redonne chaque fois espoir aux artisans. "Il y a certes moins de visiteurs, mais ceux qui osent venir dans cette canicule viennent réellement pour acheter, ils sont dans le besoin, nous en sommes donc satisfaits." Par ailleurs, pour les autorités locales de la daïra et la commune de Beni Yenni, l'heure est à "l'ouverture prochaine d'une maison de l'artisanat et d'un musée du bijou qui commencerait début septembre, car l'enveloppe allouée à ce projet est d'ores et déjà dans les comptes de l'APC", comme l'a annoncé le P/APC d'Ath Yanni. Finalement, nul ne pourrait contester la dimension voulue mondiale par les concepteurs de cette 14e édition, pour peu que les hautes autorités décident de mettre un jour une politique de soutien aux artisans ; inutile de revenir sur les prix exagérés de la matière première qui poussent des artisans bijoutiers à choisir entre le dilemme : quitter le métier ou se ranger du côté du bricolage tous azimuts, loin de l'authenticité pure, simple et originale du bijou berbère. La cérémonie de clôture s'est déroulée en présences des autorités locales, des associations et des artisans – plus ou moins contents – mais unanimement fidèles au principe du maintien de la Fête du bijou de Beni Yenni, car dira un autre organisateur "la localité d'Ath Yanni aurait tout à y gagner".