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“Je pense que le cinéma africain pose un problème”
Rencontre avec Nadia Kaci sur la croisette
Publié dans Liberté le 17 - 05 - 2005

Occupée entre le théâtre et la préparation d'un nouveau film en Algérie, son cinquième long métrage, l'actrice Nadia Kaci, installée à Paris depuis dix ans, pose son regard sur la manifestation, l'état du cinéma et celui de son pays. Marraine de la campagne “20 ans barakat”, elle combat aussi le code de la famille. Interview.
Liberté : Quand on est comédienne, il est important d'être à Cannes ?
Nadia Kaci : Oui, ça peut l'être… Mais on peut aussi ne pas y aller. Ça dépend du travail que l'on a et, si on est occupé, c'est plutôt bon signe. Maintenant, c'est aussi important pour discuter, rencontrer des gens, regarder ce qui se fait…
Justement, que pensez-vous de cette édition ?
Kusturica… C'est bien d'avoir des présidents comme ceux-là. Il y a quelque chose qui me plaît dans son personnage. Son cinéma n'est pas conformiste et lui aussi. Il n'est pas tout seul, mais le choix et celui de son jury permettraient peut-être de mettre en lumière une projection différente. Il défend le cinéma d'auteur et, s'il est là, c'est peut-être que Cannes s'est souvenue que ça existait.
Et que vous inspire la sélection ?
Je ne me suis pas vraiment penchée dessus. C'est ça mon rapport à Cannes : je prends le temps de découvrir, au festival ou par la suite. Il y a beaucoup d'habitués. Quelque part, je comprends, ce sont des valeurs sûres, pas seulement dans le financement, les préoccupations sont cinématographiques. Maintenant, s'ils continuent plusieurs années, ça va devenir un peu sclérosant. Ce n'est pas comme ça qu'on va découvrir de nouveaux noms, un nouveau genre de créations. Beaucoup de bons films ne passent pas par Cannes. Ce festival n'est pas le cinéma. Il en existe 5 000 autres, où des réalisateurs ont des choses à dire, à exprimer. Certains ne sont sélectionnés nulle part et c'est à nous d'aller les découvrir. Mais, la manière de fonctionner du cinéma, aujourd'hui, privilégiant les grosses machines au cinéma d'auteur, est dangereuse.
Sentez-vous votre métier en danger ?
Bien sûr… Je suis de naturelle confiante, mais quand vous voyez les producteurs et les distributeurs qui ne parlent que de chiffres... Dès le premier mercredi en salle (jour de sortie des films en France, ndlr), ils savent quand est-ce qu'ils vont dégager le film. Trop de distributeurs ne laissent pas le temps aux créations d'être exposées. Heureusement qu'avec Viva l'Aldjérie, on est resté deux mois à l'affiche et on a fait 250 000 entrées. C'est rare dans ce genre de cinéma…
Qu'est-ce qui a fait le succès de ce film ?
Ce qui est intéressant dans ce métier, c'est justement qu'on ne sait jamais si la mayonnaise va prendre. On ne sait jamais si ça va marcher ou pas. À part si vous avez un bon service communication. Pour Viva l'Aldjérie, on avait une bonne promotion, mais on était écrasé devant les grosses machines. La réaction du public a été un peu miraculeuse.
Deux films africains en compétition à Cannes, Lève-toi et marche, du Burkinabée Pierre Yameogo et Marok de la Marocaine Leïla Marrakchi, c'est peu…
Oui. Peut-être qu'on est un peu marginalisé… J'étais totalement ahurie de voir certains présidents de festival — je ne parle pas que de la France mais aussi du Canada, de l'Allemagne... — vouloir instaurer des quotas et d'entendre répondre : “On ne prend plus de films algériens, on en a déjà un.” Je commence à penser que le cinéma africain pose problème, à moins qu'il ne soit pas à la hauteur. Mais, moi, je vois des films et des projets très intéressants qui restent sur la touche des sélections officielles…
Pour quelles raisons ?
On manque de moyens. Il y a toute une nouvelle génération qui a des choses à dire, veut s'exprimer, vit dans un état d'urgence, aimerait le faire savoir d'une façon nouvelle, mais qui ne le peut pas toujours. Par exemple, en Algérie, il y a très peu de salles. Il va falloir penser à en ouvrir, à les restaurer. Mais, est-ce la préoccupation du pouvoir en place ?
C'est pourtant la préoccupation de beaucoup de gens, il y a une demande, une envie, des ciné-clubs, le festival de Béjaïa (en juin)… Il ne faut plus que ce genre d'entreprise soit inaccessible.
Comment avez-vous pu percer personnellement ?
Grâce à la Cinémathèque algérienne. Ça a été le point de départ. Car, en tant que femme, ce n'était pas évident du tout. Rien d'ailleurs l'est pour les femmes en Algérie. Mais elles s'accrochent, tentent de se faire entendre, souvent, d'ailleurs, dans le domaine culturel…
Le thème de la femme est particulièrement traité par le cinéma maghrébin, notamment dans Viva l'Aldjérie, L'Enfant endormi ou encore Badis ou Marok, sélectionné dans Un certain regard…
Oui, car le cinéma doit tenir un rôle, avoir une force d'engagement, doit déranger. Et on l'utilise comme tel. Sinon, j'appelle cela du cinéma de discours et ce n'est pas intéressant. Mais, le code de la famille n'est pas le seul problème traité : il y a aussi le niveau de vie très bas, la crise du logement ; mais autant, il y a quelques années en rentrant, j'avais vu une espèce de fatalisme, autant je sens aujourd'hui que les gens veulent se battre en créant des boîtes, en faisant des choses. Moi, j'essaie de rester fidèle à mes engagements artistiques, à mes convictions de justice et d'égalité, et je pense que c'est ce que je peux apporter de mieux au pays, si jamais on peut apporter quelque chose à un pays.
L'enthousiasme que vous décrivez se traduit-il au niveau du cinéma ?
Il est en train de se passer plein de choses. Malgré les difficultés, je vois une dizaine de films réalisés par an, je constate qu'il y a beaucoup de projets à mettre en place. Espérons que ça dure.
Nicolas Le Gardien


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