Belkhadem, en s'en prenant vigoureusement à Ouyahia – sans le nommer comme le veut la pratique du sérail – nous apprend que c'est déjà la veillée d'armes dans les campements de la coalition. Le duel à distance entre le numéro deux du FLN et le numéro deux du gouvernement nous rappelle que le pouvoir reprend vite sa place comme enjeu principal et permanent des péripéties politiques du sommet. Assez palabré du code de la famille, de réforme de la spécialisation post-scolaire, du plan de relance et même de l'amnistie. On range tout. Il faut occuper un peu plus les institutions. Et c'est — déjà ! — pour bientôt les joutes de relève : 2007, année des élections locales et parlementaires. On n'avait pas eu le temps de réaliser un programme pour le quinquennat 1999-2004. On se promettait de se rattraper pour 2004-2009. Mais voilà : les 4 200 milliards sont enfin prêts, mais pas ceux qui doivent les dépenser. À part un métro à rebondissements et une autoroute à tiroirs, on ne sait pas non plus comment les dépenser. On ne va tout de même pas faire des logements et des trémies pour cinquante-cinq milliards ! D'ailleurs, une des cinq années du plan sera bientôt passée. Mais comme notre côté levantin nous dispense de coller au temps, on aura peut-être à réaliser un plan quinquennal en quatre ans. L'amnistie n'en finit pas de peser sur ce qui reste de mémoire, comme ces lettres de menace dont on ignore le moment de leur mise en œuvre. Mais là aussi, et le Président s'en est ouvert devant la communauté des Algériens au Portugal, il semble que quelques adversités expliquent son implicite ajournement. Tous chantiers et d'autres encore, souhaités par les uns et appréhendés par les autres, patientent depuis quelques années. Mais maintenant que l'horizon 2007 commence à pointer, charriant les vrais enjeux, ceux pour lesquels tout ce beau monde s'agite, ces projets reprendront certainement leur véritable statut, celui de promesse électorale. Comme dans un programme informatique dit récursif, le pouvoir, tout en s'appliquant à nous, demande sa mise en œuvre. C'est ce que fait Belkhadem : il refuse que quelque opération “mains propres” soit infligée aux élus du FLN, exigeant que ces mêmes élus soient mis hors de portée de la tutelle administrative dans les futurs codes communaux et de wilaya. En s'attaquant au RND de cette manière, le FLN-pouvoir vient de s'engager dans ce qui l'occupe le plus sérieusement : la guerre politique. Sans doute que le MSP, de son côté, continuera sa guérilla permanente. Belkhadem craint probablement que le FLN ne fasse les frais du négoce politique qui fait office de coalition de gouvernement. Mais que peut un numéro deux de parti, fût-il du Président, contre un numéro deux de l'Exécutif ? Dénoncer, comme un démocrate, le maniement politique de la justice ? Exiger, comme un démocrate, une réelle indépendance des instances délibérantes et législatives ? Mais imaginons, un instant, que cela puisse se réaliser. Imaginons, un instant, que cela ait pu se réaliser avant avril 2004. Belkhadem et Ouyahia en seraient-ils alors à se disputer déjà les sièges de 2007 ? M.H. Ps : La chronique du jour n'est pas disponible