Sélectionné à la Semaine de la critique du 57e Festival de Cannes (9-19 mai 2018), le court métrage d'Elias Belkeddar a été projeté avant-hier dans la soirée, à la faveur des deuxièmes Rendez-vous cinématographiques d'Alger (13, 14 et 15 du mois en cours), organisés conjointement par l'établissement Arts et Culture et le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCMMO). La difficile tâche d'inaugurer cet évènement est donc revenue à l'œuvre du jeune réalisateur, producteur et scénariste franco-algérien Elias Belkeddar, à qui l'on doit le court métrage franco-mexicain Todo se puede (réalisateur), ou encore Miracles et Apnée en tant que producteur. D'une durée de quinze minutes, cette fiction, au rythme nerveux, nous immerge dans Alger, dans toute sa splendeur et sa mélancolie à travers le personnage de Karim, interprété par Milou Berra, un voyou français exilé à Alger, qui continue son business de trafiquant. Sur fond de rapports hommes/femmes, religion ou encore mal-vie, l'œuvre suis les péripéties de ce roi du crime, qui se retrouve coincé, bien malgré lui, dans cette "prison à ciel ouvert", qui le tenaille, l'étouffe et l'isole peu à peu. Pour décompresser, il oscille entre les bars, les cafés entre potes et son business douteux. Pourtant, dans cette ville ensevelie sous le poids du quotidien et du désespoir de sa jeunesse, Elias Belkeddar montre un autre visage de la capitale, plus optimiste, qui préfère prendre les bons côté de la vie. Alger la cosmopolite est au centre de la première moitié du film, où l'on se délecte de l'accent 100% algérois d'un marchand chinois. Pour ses deux brèves apparitions durant le court métrage, Mourad Khan, qui campe le rôle de l'un des amis de Karim, apporte une belle touche d'humour et de spontanéité, le point faible peut-être d'autres acteurs de cette fiction, qui font plus dans la récitation que l'interprétation. Par ailleurs, la bande originale est assurée, entre autres, par la voix de feu Hasni, qui apporte des relents de nostalgie et de douceur dans cet Alger sombre et triste. À noter enfin qu'Un jour de mariage a reçu le prix Canal + du court métrage et a été nommé au prix Découverte du court métrage de 2018. Yasmine Azzouz