Il aura fallu le tragique acte fondateur du 11 septembre 2001 pour que le monde entier et les capitales européennes en particulier se dessillent pour découvrir la bête immonde qui a eu jusque-là la ruse de voiler sa nature foncièrement violente sous des dehors politiquement corrects. Dans le royaume de Sa Majesté, les islamistes sont devenus — du jour au lendemain — un danger public qui menace la quiétude des sujets. Hier encore, une nouvelle descente policière est opérée au grand jour dans un des antres de la subversion intégriste. Fini, et bien fini, le temps où la capitale britannique était la Terre Promise des partisans de la dawla islamia qui, en plus d'un confortable asile, bénéficiaient de la protection bienveillante des autorités de Londres, lesquelles, dans le même temps, demeuraient de marbre face aux râles des égorgés de Bentalha et Sidi-Hamed. C'était l'époque où le “qui tue qui ?”, tel un tube à la mode, était tenu pour parole d'Evangile dans les milieux politico-médiatiques européens. Il est vrai qu'à cette époque encore, le danger était extra-muros. La mystification des islamistes qui se faisaient passer pour victimes persécutées à cause de leurs opinions politiques aura ainsi duré plusieurs années. Il aura fallu le tragique acte fondateur du 11 septembre 2001 pour que le monde entier et les capitales européennes en particulier se dessillent pour découvrir la bête immonde qui a eu jusque-là la ruse de voiler sa nature foncièrement violente sous des dehors politiquement corrects. En dépit des preuves accablantes que constituent les attaques d'Al-Qaïda contre les Twin Towers et le Pentagone, les autorités anglaises ont dû attendre qu'un policier soit tué chez elles par un islamiste pour qu'elles se décident à faire violence à leur vision de l'islamisme et à entreprendre le nettoyage des écuries d'Augias. Mieux vaut tard que jamais. Mais voilà que dans cette Algérie qui a pourtant enduré, pendant une longue décennie, le calvaire islamo-intégriste, on assiste à un renversement spectaculaire de la situation. En effet, et par la grâce d'une loi scélérate, affublée de l'appellation de la concorde civile, nos islamistes ont toute latitude de rentrer aujourd'hui au bercail. Bouteflika a besoin de leur soutien en prévision de la présidentielle 2004. N. S.