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Ikhlidjen, le jour d'après
Ses habitants creusaient hier 25 tombes pour enterrer les siens
Publié dans Liberté le 12 - 08 - 2021

Le spectacle n'est que désolation. Douleur. En ces villages, encore une fois, frappés par le drame de ces "absurdes" pertes sont restés dignes à tout le moins par respect pour ces morts qui méritent de nobles sépultures. Cela s'appelle rester debout.
"Nous avons vu l'enfer sur terre. L'apocalypse est passée par là. La mort aussi", balbutie, la gorge nouée, Samir, un jeune rescapé, à Aït Aggouacha. Tout comme ce jeune qui a survécu miraculeusement aux flammes qui l'ont cerné, mardi en fin de matinée, les habitants de cette localité perchée sur les hauteurs de Larbâa Nath Irathène, semblaient, hier, tous traumatisés. Mais certains villages de la région ont payé un tribut encore plus lourd que d'autres.
C'est le cas, entre autres, du village d'Ikhlidjen où les survivants n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. Notre tentative, durant la fin de la matinée d'hier, de rallier ce petit village, que l'on peut gagner en empruntant une courte bifurcation à partir de la RN15, à la sortie de la ville de Larbâa Nath Irathène, est restée vaine. La route était coupée à hauteur du village Azouza où les flammes qui ravageaient le village depuis mardi ont repris de plus belle au lieudit Ivachiren atteignant même la chaussée, empêchant ainsi toute circulation. Cependant, à Ikhlidjen, ce petit village perché sur une petite colline entourée, jusqu'à lundi dernier, d'une luxuriante végétation, les habitants s'affairaient, la mort dans l'âme, à creuser des tombes à n'en plus finir.
"Vingt-cinq tombes sont en cours de préparation à Ikhlidjen qui a connu une véritable hécatombe", nous dira une source sur place précisant qu'en plus des personnes décédées, une vingtaine d'habitants n'ont toujours pas donné signe de vie. Dans ce village en larmes et aux âmes meurtries, on préfère les qualifier de "disparus". "Une véritable horreur !" décrivent les habitants que nous avons réussi à contacter. Des morts aussi atroces et choquantes les unes que les autres. "Après le passage des flammes, trois personnes carbonisées ont été retrouvées sous un pont où elles se sont réfugiées. En vain. Deux enfants du village d'Ighil, l'un âgé de 7 ans et l'autre de 4 ans, ont également trouvé la mort dans cet incendie. Le choc était à son paroxysme lorsque deux frères ont été aussi retrouvés morts dans une posture fraternelle qui n'est pas sans rappeler Pompéi", nous racontent Samir et son ami Abdenour qui ont cru vivre leur dernière heure.
C'est en allant prêter main-forte aux habitants du village mitoyen, Ath Mimoun, que ces deux amis ont failli laisser la vie. "En arrivant à Ath Mimoun, situé à environ un kilomètre plus bas que le chef-lieu d'Aït Aggouacha, les flammes étaient encore loin de plusieurs kilomètres. Mais nous avions à peine entamé le débroussaillage aux alentours proches des habitations, voilà que les flammes arrivent à une vitesse inimaginable", témoigne Samir encore sous le choc. "On croirait qu'une force surnaturelle souffle sur un déluge de feu. Faute d'eau, on utilisait des branchages pour tenter d'éteindre les flammes mais c'était peine perdue", décrit-il, lui qui, avec son ami, se sont vite retrouvés cernés presque de partout par les flammes.
"À plusieurs reprises j'étais sur le point de m'évanouir à cause de la fumée mais on s'accrochait à la seule urgence de regagner le chef-lieu pour sauver nos familles qui étaient coincées dans des appartements déjà à deux doigts d'être atteints par les flammes au chef-lieu d'Aït Aggouacha. Sur le chemin on ne voyait que des véhicules et des habitations en flammes", se rappelle-t-il. En fin de journée, les deux compagnons ont eu, certes, la vie sauve mais aussi beaucoup d'amertume de voir toute leur région réduite en cendres et nombre de leurs concitoyens ne pas avoir cette même chance. Certains villages n'ont dû leur salut qu'au seul fait que leurs habitants ont été évacués à temps. Icheridhen, Ath Mimoun, Ikhlidjen, Imatouken, Ath Mraou et d'autres encore sont venus allonger la longue liste des villages déjà calcinés la veille tels que Taourirt Mokrane, Aït Frah et Aït Atteli où même si des décès n'ont pas été enregistrés, les personnes brûlées atteignaient un nombre tout simplement effarant. C'est dans cette localité que 18 soldats de l'ANP ont, malheureusement, laissé leur vie en tentant de prêter main-forte aux habitants menacés.
Même si cette petite commune de haute montagne a payé un lourd tribut, il n'en demeure pas moins que c'est toute la région de Larbâa Nath Irathène qui n'offre plus qu'un paysage noir, où les larmes et la désolation sont partout. Mardi, en début d'après-midi, la commune d'Irdjen qui était jusqu'alors épargnée, a fini par être livrée, elle aussi, aux flammes.
Ça brûle encore
Portées par des vents forts, les flammes qui consumaient dans la matinée le vaste territoire de Béni Douala n'ont pas tardé à traverser le barrage Taksebt par un endroit sec en aval. En deux temps trois mouvements, les flammes ont atteint les trois villages Aït Hague, Aït Yacoub, Aït Halli et Aït Saâd Ouzeguène. Deux morts dont l'un a été retrouvé hier matin. Faute d'eau dans les robinets et faute d'intervention des autorités, déjà débordées, les habitants n'avaient que leurs pelles, pioches et branchages ou encore leurs jambes pour s'enfuir. La situation n'a été maîtrisée que grâce à un impressionnant élan de solidarité qui s'est vite mis en place.
Avec des centaines, voire des milliers de citernes d'eau acheminées de Boumerdès, d'Alger, de Blida et d'autres wilayas encore, et avec la contribution de nombreux volontaires venus de plusieurs wilayas, par dizaines, à bord de camions ou de camionnettes, la situation a plus ou moins été maîtrisée après une longue nuit de lutte et de suffocation. En début de soirée, les flammes ont encore gagné du terrain en atteignant, dans ses deux versants, le gros village d'Azouza, et le village mitoyen d'Aguemoun, où les habitations étaient prises en tenailles et plusieurs d'entre elles ont été réduites en cendres et plusieurs habitants brûlés. Au total, le conservateur des forêts a fait état de 16 incendies, dont 12 étaient toujours en cours, rien que dans cette région de Larbâa Nath Irathène, la région la plus meurtrie jusque-là par ces incendies que d'aucuns qualifient de criminels.
Hier encore, Larbâa Nath Irathène continuait de brûler et de perdre ses derniers arbres encore debout mais n'abdiquait toujours pas devant cette tragique situation qui restera sans doute longtemps gravée dans les mémoires. Mais, à Larbâa Nath Irathène, la population est loin d'être abandonnée. Les aides en eau, en nourriture et en bras continuaient d'affluer de partout. Des files interminables de citernes, de véhicules transportant des vivres et d'autres des volontaires continuaient à circuler sans interruption vers l'apocalypse. Une solidarité dont la région se souviendra encore longtemps.

Samir LESLOUS


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