La sécurisation de cet événement international démontre que les forces de sécurité “classiques” ne sont pas, à elles seules, en mesure de prévenir ou de réagir aux risques. Dans plusieurs pays, les zones de conflits ou les multinationales d'envergure, le recours aux sociétés de sécurité est devenu un geste “naturel”. Plusieurs groupes, opérant à l'échelle internationale, ont créé leur propre filiale de sécurité qui, en plus de la prévention “maison”, sous-traite à la demande. Leur nombre ne cesse d'augmenter. L'invasion de l'Irak, l'insécurité qui y a prévalu et son corollaire les attentats ciblés et les enlèvements ont multiplié de manière vertigineuse la création et la demande de ces sociétés. Elles peuvent s'appeler DynCorp, BlackWater, Brown and Root, Vinnell, MPRI, Sandline, Kroll, Task, Cubic, AirScan, DSL, Betac, Aegis Defense et opèrent dans le chaos irakien pour le compte de sociétés installées dans le pays ou pour celui du département d'Etat. Une grande partie de ces sociétés de sécurité a été créée dans les années 1990 par d'anciens officiers des forces de sécurité. Pour des besoins précis, et sous prétexte de réduire les factures, autorités et managers font appel aux services de ces sociétés qui s'imposent comme un élément incontournable, que ce soit pour la formation des forces de sécurité, comme en Irak, pour l'intervention (les Balkans) ou pour assurer la sécurité de sites sensibles ou de personnalités diplomatiques et politiques. “Le vide sécuritaire” explique la création et l'intervention, moyennant de juteux contrats, de ces sociétés, notamment en Irak où “elles prolifèrent”. Pour les opposants à cette sécurité tous azimuts, l'intervention des MPC est la continuité “légalisée” du mercenariat. A-t-on d'ailleurs assimilé les différentes opérations de ces groupes de sécurité privés à celles des Schramme, Tavernier et autres Bob Denard qui se sont effacés tout naturellement devant l'internationalisation de l'insécurité. Même la France découvre des vertus, à l'image des anglo-saxons, à la privatisation de la sécurité. Les 3G ou la Secopex, pour ne citer que ces deux-là, se présentent comme des forces de persuasion, de prévention et d'intervention. Un champ d'action très vaste pour ne pas dire qu'elles empiètent sur le terrain des forces de sécurité régulières. En fait, la première société de sécurité privée connue a été créée au Danemark en 1901. Group 4 devient en 1906 Group 4 Falck. La dégradation de la situation sécuritaire induite par le terrorisme, la délinquance et le banditisme ont favorisé la naissance de ce nouveau marché allant de la sécurité des établissements à la “Corporate Warriors” américaine. Toutefois, des craintes et des doutes ont été émis quant à l'implication des sociétés de sécurité privées dans des trafics d'armes ou dans les dépassements, notamment sur les civils, lors des interventions. La persistance de l'insécurité promet de beaux jours à ces sociétés devenues incontournables. Djilali Benyoub