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Ces algériens qui se marient par internet
Enquête sur les nouvelles pratiques matrimoniales
Publié dans Liberté le 18 - 02 - 2007

Si la musique a la réputation d'adoucir les mœurs, la technologie, en Algérie, les transforme à coups de clic de souris. Car même si aucune statistique des mariages, conclus par l'entremise du Net, n'est possible, il s'avère que le nombre de nos compatriotes qui ont trouvé l'âme sœur grâce au clavier de leur ordinateur semble en progression.
Même si les bonnes vieilles méthodes, une première rencontre suivie d'une demande, restent indétrônables, le nombre de personnes interrogées qui disent avoir un parent, un voisin, un ami, un collègue… qui s'est marié grâce à Internet est édifiant sur une mutation sociale qui s'installe. La parité des sexes, dans ce cas, est parfaitement respectée. Internet n'étant que timidement présent dans les foyers algériens, ce sont les cybercafés qui offrent l'espace indispensable aux rencontres d'abord virtuelles mais qui peuvent aboutir à une union sacrée.
Au commencement, la magie du chat
“L'écrasante majorité de ceux qui viennent au cyber le font pour chatter. Des hommes mariés ou pas, des femmes jeunes et moins jeunes, des étudiants, des étudiantes… tous se connectent pour dialoguer des heures entières”, témoigne le gérant d'un cybercafé de la rue Hassiba-Benbouali d'Alger qui ne semble pas manquer d'humour : “Il n'y a que les femmes âgées de 80 ans que je n'ai pas encore vues chatter.” À raison de 50 DA de l'heure, les Algériennes et les Algériens traversent les frontières sans le visa qui leur est difficile, pour ne pas dire pratiquement impossible à obtenir, établissent des contacts à travers le monde qui parfois se terminent la bague au doigt. Pourtant, par pudeur peut-être, ceux-là mêmes qui reconnaissent s'être mariés grâce à une connexion disent que le mariage n'était pas leur premier objectif. Mais devant l'immense liberté qu'offre l'anonymat, face à la possibilité de se créer une identité sur mesure, qui permet de passer de femme à homme et vice-versa, d'un habitant d'un vague village à un milliardaire, le pas est facilement franchi. Comme le reconnaît Amel, une accro du Net rencontrée dans un cyber de Chéraga : “Par le biais du chat on sympathise, on discute de tout et de rien. Avec le temps et l'habitude les liens s'installent. Sur le chat on retrouve les mêmes personnes dans les mêmes salons. Des affinités se tissent à l'image des discussions conventionnelles où il peut y avoir de l'humour et de l'esprit…” Et le mariage dans ces entretiens en est-il question? Pas nécessairement, répond cette femme, divorcée qui souhaiterait refaire sa vie : “Sur Internet, il n'y a pas de censure, les frontières n'existent pas, nous ne sommes jamais gênés par une présence inopportune.” Ainsi donc, les internautes agissent, consciemment ou non, comme s'ils remplaçaient les lieux de rencontres traditionnels par les liens de la toile. La crainte, pour les femmes notamment, d'être reconnues par des proches dans un endroit public, en moins. Les pesanteurs sociales alors disparaissent dans l'intimité d'un cybercafé et dans la complicité d'un logiciel informatique. Merci M. Bill Gates. Et c'est dans ce même espace Internet de Chéraga que la gérante s'est rendue à “l'insu de son plein gré” témoin d'un mariage : “J'avais pris l'habitude de voir une jeune femme venir tous les après-midi. Cela a duré des mois. Jusqu'au jour où je l'a vue arriver avec une boîte de gâteaux. C'est mon cadeau pour vous, m'avait-elle dit. Je viens de me marier avec un homme grâce à votre cyber !”
Naïm et Vanessa Soltani : l'immigration prise à contre-pied
Cependant, une question s'impose d'elle-même : les Algériens, qui ont recours aux ordinateurs devenus entremetteurs, visent-ils nécessairement l'immigration ? Rien n'est moins sûr. Un bel exemple est donné par Naïm et Vanessa Soltani. Lui, Naïm, était animateur à la chaîne El Bahdja. Elle, Vanessa, journaliste en France. Leur histoire pourrait très bien commencer par le traditionnel “il était une fois…” et se poursuivre par la formule consacrée : “Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.” Aujourd'hui, ils sont mariés et viennent d'avoir des jumeaux. Il était donc une fois un jeune homme, Naïm Soltani, 27 ans, qui refuse l'anonymat et accepte volontiers de se confier. C'est en cherchant à télécharger des morceaux de musique qu'un prénom a attiré son attention sur un site de dialogue : “Si je te dis que tu as un joli prénom, tu m'ignoreras car j'ai été gentil avec toi.” Telle a été la première phrase échangée, raconte-t-il. Cette réplique en appellera d'autres : “Nous avons alors chatté toute la soirée et nous nous sommes donné rendez-vous sur le Net le lendemain. Moi j'étais à Alger et elle en France.” Cette rencontre, encore virtuelle, remonte à 2003 alors que les futurs époux ne pensaient pas au mariage. Mais que peuvent bien se dire un jeune Algérien dont le pays panse encore ses plaies et une Française qui ne connaît de l'Algérie qu'une image souvent déformée par le prisme des médias de son pays. “Elle avait une mauvaise image de l'Algérie. À cette époque, elle pensait que tous les Algériens étaient des terroristes. J'ai essayé de lui faire changer d'avis.” La tâche n'a pas dû être de tout repos. De deux heures, puis de quatre, les tourtereaux sont enfin passés à des nuits entières à pianoter sur le clavier. Si bien que quelques semaines plus tard, les messages instantanés ne suffisaient plus à exprimer un attachement en devenir, car rien ne saurait remplacer la voix humaine. “Le Net, c'était bien mais ne suffisait plus. Nous nous sommes échangés nos numéros de téléphone. Après quelques conversations, je me suis dit : c'est la femme de ma vie”, explique Naïm, rencontré dans son bureau d'Alger, qui avoue que “même quand elle est avec moi, elle me manque”. Une belle déclaration d'amour qui ne peut s'accommoder du seul lien téléphonique. Il fallait mettre un visage sur une… flamme. S'ensuivront, naturellement, des échanges de photos. “Je lui en avais envoyé un milliard.” Puis la connaissance faite, toujours au bout du fil, avec les parents de Vanessa. Cette dernière a pris, en décembre 2003, un visa d'un mois pour pouvoir venir en Algérie. Elle n'est jamais repartie. “Elle a tout laissé tomber : travail, appartement... pour venir ici. Et nous avons alors décidé de nous marier.” Mais comme attendu, l'entourage de la jeune Française était unanime quant au risque qu'elle prenait en s'installant dans un pays “à risques”. Vanessa ne pourra pas exprimer, dans ces colonnes, les motivations qui ont présidé à son choix de vivre en Algérie. En janvier, elle s'occupait à faire visiter Alger à ses parents venus lui rendre visite. Et c'est dans “Chronique d'une Française en Algérie” qu'elle tient dans le magazine féminin Dzeriet, qu'elle gère depuis deux années avec son mari, que l'on peut se faire une idée de son mariage et ce qu'elle en pense. En réponse à une de ses compatriotes qui s'étonne de la “bizarrerie” de cette option, la journaliste répond : “Comme si vivre à Alger la blanche était une erreur de parcours, comme si l'on m'y avait forcée (…) Oui Madame, la sécurité en Algérie va bien, merci beaucoup (…) et pour tout vous dire je me sens plus en sécurité ici dans mon pays de cœur que, là-bas, dans mon pays natal !” Une réplique sans appel qui, à l'évidence, n'est pas du goût d'autres jeunes Algériens.
Le concret contre le virtuel
Depuis, Naïm et Vanessa ont créé une autre revue spécialisée dans la téléphonie mobile. Les parents de la jeune Française viennent régulièrement à Alger. Et, à en croire Naïm, ils auraient même décidé de s'installer en Algérie une fois qu'ils seront à la retraite. Cependant, cet épisode authentique ne saurait en cacher d'autres plus près de la réalité de la vie de tous les jours. Ceux qui cherchent une femme, surtout, pour partir. Car Internet est un moyen beaucoup plus sûr que les embarcations de fortune à bord desquelles s'embarquent des centaines de jeunes gens pour une aventure à la fin souvent dramatique. La splendeur des paysages de son village natal de Kabylie n'a pu faire oublier à Aziz le chômage dans lequel il se débat depuis quelques années. Aziz a longtemps accompagné le mouvement de contestation qui a touché toute une région du pays. Aziz, 25 ans, surfait sur le Net tous les soirs à la recherche d'une solution à sa situation. Et c'est son frère qui en témoigne. “Je ne pense pas qu'il cherchait, du moins au début, une femme à épouser. Mais c'est ce qui s'est passé. Aziz a passé un nombre incalculable de soirées au cybercafé du village. Jusqu'au jour, affichant un large sourire, il est venu nous annoncer coup sur coup, son départ en France et son mariage avec une Française. Il s'en est sorti ! Et Tant mieux pour lui !” Mais ce que ne dit pas le frère d'Aziz, c'est que la mariée a vingt ans de plus que son mari. À ce sujet, une blague a fait le tour du pays, celle d'un jeune Algérien accompagné d'une Française d'un certain âge. Lorsque celle-ci a trébuché, un passant lui a susurré à l'oreille : “Ramasse tes papiers ya kho !”
On pourrait multiplier à l'envi des exemples pareils tant les témoignages sont nombreux. Venir à bout de deux difficultés : partir en Europe tout en résolvant le problème des papiers. Le rêve assuré ! Hafid, lui, n'est pas Algérien. Installé en Algérie jusqu'en 2002, il est ressortissant de notre voisin de l'est et avait maille à partir avec les autorités politiques de son pays. À l'heure qu'il est, il doit être dans les bras de sa belle à écouter Jacques Brel chanter son plat pays. À force de chatter, une Bruxelloise, un jour, s'est montrée attirée par le bagout du jeune Tunisien et intéressée par ses positions politiques.
Selon son propre témoignage, elle venue l'attendre à l'aéroport de la capitale belge avec cet écriteau, en arabe “Marhebene bi Hafid” et bonjour la Belgique !
Karim et Ghislaine, l'autre départ
Un autre témoignage, celui d'un mariage conclu entre un Algérien et une Française, repris intégralement comme nous l'ont transmis, par courrier depuis la capitale française, Karim, 37 ans, et Ghislaine, 30 ans, installés en France depuis leur mariage. “J'étais en pleine déception amoureuse. Un jour, un collègue me conseilla de recourir à un site de rencontre et discussion. C'est lui, qui choisit mon pseudo et me remplit ma fiche. Comme il y a plusieurs salons, selon les nationalités, je cliquais sur celui de la France. Le premier jour c'était calme mais distrayant. Le troisième jour, une fille de Paris me contacta, je ne sais pas ce qui s'est passé mais je me sentais proche et à l'aise, je lui ai raconté ma déception, et comme par hasard, elle aussi venait de rompre avec son ami, après dix ans de vie commune. On avait le même âge. On a échangé nos mails, numéros de téléphone et photos. Tout est allé si vite. Elle est venue me voir à Alger deux fois. J'ai pu avoir un visa et lui rendre visite trois fois. Sans trop réfléchir, j'ai tout balancé à Alger et je l'ai rejointe à Paris. On s'est mariés et notre amour dure depuis cinq ans. Ce que je peux dire, Internet peut être un bon moyen de rencontre, il suffit de tomber sur la bonne personne.”
Attention aux mauvaises blagues, mesdames !
Ces histoires d'amour qui finissent bien ne doivent pas cacher l'autre revers de la médaille. La liberté et l'anonymat qu'offre Internet sont souvent synonymes d'impostures. Il est facile, tapis derrière les touches d'un clavier, de déverser sa libido ou de laisser libre cours à ses refoulements sexuels. Le clavier, comme l'alcool pour ceux qui en ont besoin, ça désinhibe énormément. Sans aller jusqu'à cet extrême, des soupirants éconduits peuvent jouer de mauvais tours à celle qui a rejeté leurs avances. Ici, l'exemple est donné par un site algéro-allemand (voir l'entretien) spécialisé dans les rencontres. Ce site affiche les numéros de téléphone des candidates au mariage ! Chose plutôt rare. Plusieurs de ces femmes, originaires de différentes régions d'Algérie, une fois contactées (par nos soins) disent n'avoir jamais passé d'annonce de mariage dans quelque support que ce soit. Amira, c'est le prénom donné par ce site, répond au téléphone : “Vous n'êtes pas le premier à m'appeler. Je n'ai jamais fais d'annonce. C'est mon ex-fiancé qui, pour se venger, a donné mon numéro.” Amira n'est pas un cas isolé. Sur un autre site, le numéro de Katia est disponible pour qui le veut. Egalement appelée, la jeune femme s'étonne : “J'ai commencé par recevoir plusieurs appels. Cela m'a évidemment intriguée. J'ai alors demandé à une personne que j'ai eu au bout du fil comment a-t-elle eu mon numéro. Sa réponse m'a sidéré : mais demoiselle je réponds à une annonce de mariage que vous avez passée !” Comme les happy end, ces blagues d'un goût douteux font légion. Que prévoit la législation algérienne dans ce cas ?
Un vide juridique à combler
Le 22 janvier s'est tenu à Alger une rencontre internationale qui a débattu de la cybercriminalité. Car il y a bien délit lorsque des données personnelles sont disponibles sans consentement préalable de la personne concernée. Cette rencontre, à laquelle avait pris part un directeur central du ministère des Télécommunications, avait mis à nu un vide juridique. “Une commission de lutte contre la cybercriminalité est en phase de préparation de textes juridiques. Elle a été installée en mars 2006 et s'attelle à préparer une batterie de lois pour la protection et les libertés et des droits des citoyens (…) Elle prépare la mise en place d'instruments en rapports avec les conventions internationales”, avait alors promis ce responsable. En attendant que la batterie soit fonctionnelle, faites attention, mesdames. Amel, l'accro du Net, prévient de son côté les candidates au mariage par Internet : “Ne jamais donner son numéro de téléphone ni son adresse. Et surtout ne pas envoyer de photo à celui qui, au premier contact en ferait la demande ! Laissez plutôt faire le temps.” À bonne internaute Salut !
S. B.
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