Le bilan de cette opération de contôle de la Gendarmerie nationale confirme la tendance constante vers la hausse du phénomène de l'immigration clandestine dont l'Algérie constitue, pour les candidats d'origine africaine, une zone de transit. Ces dernières années, avec le durcissement des politiques européennes en matière d'accueil, l'Algérie, aisance financière aidant, est devenue un pays d'accueil et d'installation pour ces clandestins dont la majorité est en quête d'un travail. Au mois de juillet, ce sont 638 étrangers en situation irrégulière qui ont été arrêtés. Preuve que le flux, malgré le dispositif national de lutte contre le phénomène et les législations européennes drastiques en la matière, est en croissance continuelle. Il faut dire aussi que la situation des pays d'origine de ces clandestins ne s'est guerre améliorée. Bien plus, puisque les conflits éclatent encore charriant derrière eux instabilité, réfugiés et leur lot de candidats à l'immigration clandestine. à Tamanrasset, on rencontre de plus en plus d'ivoiriens, de Libériens, de Tchadiens qui évoquent, parmi les raisons de leur entrée en Algérie, les conflits et l'instabilité politique dans leurs pays. Avec le verrouillage européen, le phénomène a pris une ampleur et une complexité tel qu'il est perçu comme une sérieuse menace pour les pays d'accueil. à l'immigration sélective, l'occident, de manière générale, a cessé les aides engendrant des exodes massifs de populations à la recherche de moyens de survie. D'où le flux incessant, malgré les refoulements, les reconduites aux frontières et les rapatriements. Cela dit, un pays est incapable d'y faire face seul. D'où une recommandation dans une étude de la gendarmerie qui insiste sur la nécessité de l'instauration de mécanismes bilatéraux pour une coopération dans la gestion de ce phénomène, notamment les opérations de rapatriement. Il est vrai qu'une frontière longue de 7 011 km ne peut être totalement contrôlée d'autant plus que les réseaux de passeurs empruntent des itinéraires multiples souvent renouvelés. Le seul corps des gardes frontières (GGF) relevant de la gendarmerie nationale, qui fait déjà face aux réseaux de contrebande et de trafic en plus de la surveillance de la frontière terrestre, ne peut pas faire barrage au flux de clandestins dont le nombre de nationalités est passé à 48 avec l'extension des zones sources aux pays asiatiques. Le choix de l'Algérie comme pays de transit est dû principalement à sa situation géographique. Elle fait le lien entre l'Afrique, grand pourvoyeur de clandestins, et l'Europe, destination finale et d'installation. Même les asiatiques et moyen-orientaux, pakistanais, bengalais et syriens optent pour l'itinéraire traversant l'Algérie même s'il est détourné. La croissance économique est également un facteur d'attraction pour les clandestins qui cherchent un travail. La plupart des clandestins rencontrés à Tamanrasset avouent être venus pour travailler et gagner de l'argent pour faire vivre leurs familles. Mais au-delà de la compréhension de cette détresse humaine, d'autres aspects qui lui sont liés plaident pourtant pour une approche froide du phénomène. Cela d'autant qu'il est associé à d'autres phénomènes et activités illégales, à risque et dangereux. En effet, l'immigration clandestine est souvent liée à la contrebande, au trafic de drogue, d'armes, d'or et de faux billets et elle se transforme, souvent, en source de tension et de conflits interethniques et bien entendu aux maladies comme le sida. Ce n'est pas un hasard si Tamanrasset est la ville qui connaît le taux le plus élevé de cas de sida. Au plan économique, les clandestins, main-d'œuvre à bon marché, peuvent provoquer des tensions par la concurrence de la main-d'œuvre locale et faire naître le racisme. Cette situation ne peut, en l'état actuel des choses, que persister tant que ses causes demeurent. Les conflits, les coups d'Etat et l'instabilité politique, conjugués à la faillite des gouvernements et de leur politique, définissent encore le continent africain alors que l'occident qui a une part de responsabilité dans cette situation s'éloigne de plus en plus des actes et se contente de discours et de vœux pieux sur la nécessité d'aider l'Afrique. Tout le monde s'accorde sur le principe de stabiliser les populations d'Afrique par le financement d'investissements local, mais dans les faits, on n'est toujours pas sorti des “rencontres” au sommet des bailleurs. La décolonisation inachevée, les frontières artificielles, la dette, les effets de l'ajustement structurel, la mondialisation et le tarissement des aides sont autant de facteurs qui encouragent l'immigration clandestine quand ils ne sont pas facteurs de déclenchement de conflits. Au niveau national, étant donné qu'hormis les centres de rétentions proposés par des pays de l'UE, il n'y a aucune démarche commune et globale pour faire face au phénomène, un certain nombre de mesures sont recommandées comme un moyen de lutte. Ainsi, les concepteurs de l'étude ont proposé la redéfinition des conditions d'entrée et de séjour pour les étrangers, le durcissement du dispositif de refoulement en intégrant des amendes et des peines de prison, la responsabilisation des compagnies de transport, la révision des conditions d'octroi de la carte de résidence, l'institution de mesures de reconduite aux frontières et le transfert d'une partie des saisies vers la prévention et les conditions de prise en charge des clandestins. Il va sans dire que l'inspection de travail doit être renforcée avec des contrôles inopinés. Au plan politique, les auteurs de l'étude préconisent la création d'un office de l'immigration clandestine. Djilali B.