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«Les Algériens n'accepteront jamais l'injustice sociale»
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 04 - 2012

Des hommes et des femmes libres ont jalonné notre histoire parfois tumultueuse, sans jamais abdiquer devant le despotisme de la pensée unique, ou le bruit des bottes des envahisseurs. Notre pays a la chance de posséder une élite cartésienne pour contrecarrer le péril islamiste et pour apporter les réformes nécessaires à notre essor économique.
Parmi ces hommes bourrés de compétences, et représentant l'espoir pour des millions de jeunes, se trouve Amara Benyounès. Doté d'un esprit méthodique, rationnel, car il a reçu une formation de haut niveau en économie, le secrétaire du Mouvement populaire algérien parle sans ambages de son parcours en politique et de son expérience culturelle avec la troupe théâtrale Debza. Selon lui, des transformations sont nécessaires. Vous êtes né en 1958 à Aïn El-Hammam ; fils de chahid, vous militez très tôt pour défendre la classe ouvrière et les étudiants en vous engageant dans le syndicalisme estudiantin. Vous avez participé à la fondation de Debza pour faire reconnaître les langues arabe dialectale et tamazight, ainsi que les différentes spécificités de la culture nationale. La fluidité de la communication avec le peuple s'avérant stratégique, vous vous êtes impliqué dans cette bataille pour la reconnaissance des langues maternelles. Gardez-vous les mêmes convictions ? Amara Benyounès : Quand je suis arrivé à la fac centrale, le premier engagement à cette époque, en 1978/79, a été de créer un syndicat estudiantin avec les étudiants en sciences économiques, en médecine, en lettres, en sociologie et en sciences exactes. Les revendications d'ordre politique portaient sur la réclamation des libertés individuelles et collectives, ainsi que la reconnaissance de l'identité berbère. Ensuite arriva le printemps berbère, en avril 80. A la fin des années 80, il y a eu des réflexions envisageant la création d'une troupe théâtrale où évolueraient des comédiens et des chanteurs. Cette troupe, ce que beaucoup de gens ignorent, a été baptisée «Debza» par le guitariste Djamel Zenati. Cet ensemble de chanteurs et de comédiens avaient au départ collaborés avec la troupe de Kateb Yacine, et l'écrivain lui-même. C'est avec lui que nous avons fait les premières répétitions, en épousant sa conception des mises en scène lesquelles sont inspirées par la distanciation brechtienne. L'intérêt, c'est qu'avec peu de moyens financiers, on arrive, avec pour seul décor un simple porte-manteau sur la scène, à faire mouvoir les acteurs pour passer les messages de l'auteur de la pièce. C'est la première fois que se posait publiquement le problème de la démocratisation du pays. Nous avons passé plus de deux ans à l'université à faire fonctionner Debza à travers laquelle nous avons fait passer nos pensées, notre conception de la politique, et de la culture. Mon rôle au sein de cette troupe a été d'assumer la fonction d'impresario, vu que je n'étais pas un bon comédien. Nos revendications essentielles portaient sur les libertés fondamentales, qu'elles soient individuelles ou collectives, et sur la reconnaissance identitaire. Cela nous permettait à l'époque de faire de la politique par le biais de la culture. Pour ce qui est de la langue véhiculant nos créations, nous nous adressions aux spectateurs par la langue qu'ils parlaient. D'ailleurs, jusqu'à présent, tous les pouvoirs algériens qui se sont succédé depuis l'indépendance, quand ils veulent se faire comprendre par la population usent de l'arabe algérien, sinon, ils utilisent un arabe classique que peu comprennent. Je pense qu'il est temps que les Algériens revendiquent et assument-leur langue parlée. Nous avons notre propre langue arabe avec ses dissemblances, il faut le reconnaître, car nous avons un grave problème de communication avec le peuple algérien. Les hommes politiques algériens parlent tous entre eux l'arabe dialectal, mais dès qu'ils se trouvent face à un micro, ils se mettent à s'exprimer dans une autre langue. Moi, je pense qu'il faut réhabiliter notre propre langue. Dans l'ensemble des pays arabes, les orateurs utilisent la langue parlée chez eux. Tout le monde parle son arabe sans aucun complexe. Chez nous, ce sont les 130 années de la colonisation qui ont fait que le peuple algérien a été spolié de ses langues. Il y a cependant ce retour vers l'usage des langues ancestrales et vers les racines. Ce que nous observons, c'est qu'il y a maintenant de plus en plus de responsables s'exprimant en arabe algérien. Membre fondateur du RCD en 1989, vous avez été député de ce parti, puis président du groupe parlementaire de cette formation à l'APN. Vous êtes nommé ministre de la Santé et de la Population dans le gouvernement Benbitour et ministre des Travaux publics dans celui de Benflis. Vous participez à la fondation du MPR en 1993, et vous êtes membre fondateur de l'UDR (l'Union pour la démocratie et la république) en 2004. Avez vous des ambitions personnelles à la lumière des expériences politiques vécues au RCD et au gouvernement ? En 1989, nous avions décidé suite aux assises qui se sont tenues, auxquelles avaient participé les militants de toute une génération,de créer un projet de société avec le RCD. Dans ce parti, j'ai assumé d'importantes fonctions. J'ai été député, premier vice-président de ce parti ; j'ai été désigné par ce parti pour être membre du gouvernement en tant que ministre de la Santé, puis en tant que ministre des Travaux publics. Cela fait plus de dix ans depuis que j'ai quitté ce parti. Par la suite, j'ai créé mon propre journal, le quotidien La Dépêche de Kabylie. A cet époque, j'avais conservé des contacts avec des amis qui avaient formulé le voeu de la possibilité pour nous de continuer notre engagement politique. Fallait- il adhérer à un parti politique, telle était la question que nous nous sommes posée ou en créer un ? Donc, nous avons décidé de créer l'Union pour la démocratie et la république, puis nous sommes restés après notre congrès constitutif en stand by, jusqu'à ces derniers mois où nous avons pu, avec l'entrée en vigueur des réformes politiques, tenir un congrès les 17 et 18 février 2012 à Alger. Nous avons décidé de changer le sigle UDR par le signe MPA, signifiant Mouvement populaire algérien. Nous sommes présents dans les 48 wilayas, ce qui signifie que nous couvrons à 100% l'ensemble des circonscriptions électorales. A l'issue du congrès tenu les 17 et 18 février 2012 vous attribuant le poste de secrétaire général du MPA, lequel a fini par recevoir son agrément quelques jours plus tard, l'UDR a changé de sigle pour devenir MPA. a) Quels en ont été les motivations ? b) Quelle est l'envergure de votre parti sur le plan national ? Nous avons décidé de changer d'appellation pour tourner définitivement la page avec l'expérience qu'a enduré l'UDR qui n'avait pas d'agrément. Ce changement est survenu à la suite de nombreuses discussions quelques mois auparavant avec les membres du bureau national. Ce changement a 2 raisons majeures. La première : il fallait qu'on tourne définitivement la page de non agrément de l'UDR vis-à-vis du ministère de l'Intérieur, et aussi par rapport à la presse. La deuxième : comme tout parti politique moderne, il fallait par le terme «mouvement» imprimer une dynamique populaire parce que nous sommes une partie intégrante du peuple algérien. Vous avez fait un parcours scolaire remarquable. Pour rappel, vous décrochez une licence en sciences économiques en 1983 à l'université d'Alger, puis, en 1986, vous obtenez un diplôme de 3e cycle en économie internationale et développement à la Sorbonne : quel est, selon vous, le modèle économique le plus à même de hisser l'Algérie au rang de puissance économique régionale ? Etesvous pour un capitalisme ultra libéral ou pour un modèle favorable à une meilleure redistri bution des richesses créées ? Le meilleur modèle économique pour notre pays est le libéralisme. C'est le monde entier qui a adopté ce système économique parce qu'il est celui qui fonctionne le mieux. Le système collectiviste à la soviétique ultra centralisé et bureaucratisé a disparu, mis à part la Corée du Nord et Cuba. La Chine communiste a fait voter par le Parti communiste chinois à l'unanimité l'intégration de la Chine dans l'économie de marché. C'est un pays qui était arriéré et sous-développé. A présent, ce pays peut être qualifié de pays émergé. Ce n'est plus un pays émergent puisqu'il dispose du tiers des réserves mondiales en devises fortes. Quand vous voyez le peu de différences existantes entre le capitalisme social et le capitalisme à l'américaine, on peut dire que la mécanique est la même. Quand on suit la campagne électorale se déroulant en France, on ne trouve pas beaucoup de divergences sur le plan économique. Les dissemblances se déroulent sur les questions sécuritaires ou celle de la viande halal. Il existe un consensus mondial, cependant, il y a la préoccupation d'une justice sociale, ce qui est essentiel d'autant qu'en Algérie, c'est une exigence historique. Il ne faut quand même pas oublier que nos parents qui se sont soulevés contre la France se sont levés pour arracher l'indépendance, et surtout parce qu'ils ont été spoliés de leurs richesses. Les Algériens n'accepteront jamais une injustice sociale accablante. Ce qui est important, c'est d'avoir une économie qui soit efficace, pour qu'il y ait une justice sociale. Il faut que les Algériens comprennent qu'on ne peut distribuer ce que l'on n'a pas produit. Pour l'instant, nous avons le pétrole nous offrant la chance de ne pas travailler, de ne pas produire suffisamment tout en profitant des recettes des pétrolières. Il est impératif de prendre conscience que si nos ressources en hydrocarbures venaient à baisser, il ne nous restera pour alternative que l'économie de production. Il faut que notre économie devienne une économie de production dans tous les secteurs, notamment agricoles, industriels ou de services. Nous avons importé en 2011 pour 10 milliards de dollars en produits alimentaires, imaginez que les prix des hydrocarbures venaient à s'effondrer, alors, nous traverserions une très grave crise. Effectivement la facture de nos importations en produits alimentaires en 2011 a doublé, n'est-ce pas suspicieux ? Vous savez que c'est un pouvoir et un gouvernement qui réagit ; ce n'est pas du tout un pouvoir qui agit. Dès qu'il y a un problème qui se pose
au niveau de la société algérienne, ces gens là s'affolent en recourant aux importations, en attribuant des subventions, des aides ou des financements de microcrédits par le biais de l'Ansej. Lorsqu'il y a un problème quelconque, ils donnent de l'argent. Ce n'est pas une façon de régler les problèmes. Pour l'agriculture, il faudrait qu'un débat national s'ouvre. A titre d'exemple, la notion de la propriété de la terre se pose ; qu'on le veuille ou non, les Algériens à l'instar des autres peuples sont extrêmement attachés à leur terre. Les Algériens pourront se mettre sérieusement au travail de la terre s'ils savent que cette terre leur appartient. Ils ne peuvent pas faire de grands investissements sur une période de concession de 30 ans. Il y a un problème de confiance qui se pose entre l'Etat et le citoyen. Rien ne prouve que l'Etat ne changerait pas d'avis dans 30 ans pour ordonner une expropriation. Le sujet de l'appropriation des terres est très important. En deuxième lecture, il faut prendre en considération que le mode de consommation de l'Algérien a changé. Nous ne consommons plus comme consommaient nos pères et grands parents. Nous avons un pays avec plus de 1 200 km de côtes, alors que l'Algérien ne mange pas de poisson par le fait que les prix sont exagérément élevés. Nous sommes le seul pays au monde où le poisson meurt de vieillesse à l'intérieur de nos eaux territoriales. Il faut parvenir à une réflexion globale. C'est ce projet global qu'il convient de traiter avec l'agriculture. Il faut en finir avec les crises cycliques comme celui de la pénurie de pommes de terre. Des Conseils de ministres se réunissent pour débattre de la patate, alors qu'il y a des questions autrement plus urgentes, et plus importantes. Les enjeux géostratégiques au niveau de la zone Mena (Moyen- Orient et Afrique du Nord) semblent se redessiner en faveur de formations politiques islamistes qui s'appuieraient financièrement et politiquement sur des pays traversant de graves crises économiques, sinon, de pays hostiles à toute forme d'expression démocratique. Qu'est-ce qui motive cette alliance politiquement contre nature ? Ce n'est pas une alliance contre nature. C'est une alliance objective basée sur des intérêts. Ce qui nous intéresse le plus, ce sont les pays avec lesquels nous avons d'importants échanges comme la France ou l'Italie. Quand vous voyez que la France officielle combat les taliban en Afghanistan pour soi-disant éliminer la constitution d'une République islamique, et qu'en même temps ils viennent bombarder la Libye pour imposer une République islamique, il y a de quoi être dubitatif, de déduire que les intérêts de la France en Libye sont avec les islamistes, alors qu'en Afghanistan leurs intérêts ne sont pas avec les taliban. Qu'ils aient des intérêts à défendre, c'est normal. Mais pour ce qui nous concerne avons-nous une politique étrangère qui défende nos intérêts et exclusivement nos intérêts ? A titre d'exemple pour l'histoire de l'UMA, comme je le dis depuis 6 mois, cette Union est complètement dépassée. Je l'ai dit au MPA que nous devions élargir l'Union au Niger et au Mali. Nous devons élargir l'Union africaine. L'intégration du Niger et du Mali est une option stratégique. C'est une affaire de fond. On ne peut pas s'occuper des voisins du nord, en oubliant nos profondeurs au sud. Nous avons plus de 2 000 km de frontières avec le Niger et le Mali. Les évènements de ces dernières semaines vont peut être réveiller les responsables algériens. Il y a des hommes politiques très importants qui n'ont jamais mis les pieds au sud. Il faut absolument que nous redéfinissions ce concept d'Union nord africaine. Rien ne se bâtira sans l'Algérie, et rien ne se fera sans le consentement de l'Algérie. Je suis le premier homme politique à encourager cette ouverture. L'Algérie est une exception. Personne ne nous ressemble, et nous ne ressemblons à personne par notre culture, par notre histoire jonchée de combats contre les colonialismes et le terrorisme. Nous sommes le seul pays à s'être libéré par les armes. Nous avons été la banque de sang pour les autres pays africains avec un million et demi de martyrs. Il faut reconnaître que notre expérience est unique. Notre première révolte de masse nous l'avons faite en 1988 ; nous avons combattu et vaincu le terrorisme. Nous avons quatre chefs d'Etat qui vivent dans notre pays en toute liberté, et ce que les gens n'arrivent pas à comprendre, c'est que Bouteflika n'est ni Moubarak, ni Ben Ali. Nous vivons en liberté. Bouteflika n'est pas un dictateur. Les pratiques d'élections plurielles, nous les faisons à tous les niveaux depuis une vingtaine d'années. Les démocrates algériens quoique dispersés ont-ils de réelles chances de bien figurer lors des prochaines échéances électorales, surtout à un moment où le FLN est en panne d'idées pour garder sa mainmise sur le pouvoir ? Oui, je pense que le courant nationaliste et démocrate sortira majoritaire. Je suis persuadé que si le peuple algérien sort pour voter massivement, si les élections seront libres et transparentes, nous battrons les intégristes. Nous traversons une nouvelle étape que les autres pays arabes ne connaissent pas encore. Nous allons entrer dans une période post-islamique. L'islamisme politique a été disqualifié en Algérie. Ils ont utilisé la manière forte et la violence pour arriver au pouvoir ; avec le FIS, ils ont échoué pour prendre par la force le pouvoir; depuis, ils ont participé à une dizaine d'élections plurielles. Maintenant, ils affirment que les élections étaient truquées, avant, ils ne le disaient pas. Ils ont même collaboré avec le pouvoir, donc, je pense qu'à partir des élections du 10 mai prochain, nous allons réellement entrer dans une nouvelle phase de post-intégrisme. Le courant nationaliste et démocrate sortira vainqueur des urnes. Les islamistes se présentent en rangs serrés, sous le symbole du vert, n'ayant aucun plan de restructuration économique, ne disant mot comment ils espèrent faire mieux pour faire décoller la croissance hors hydrocarbures, ils se permettent de menacer le pouvoir, s'ils ne remporteraient pas la victoire. A quoi attribuez-vous un comportement aussi irresponsable dans un contexte de turbulences et de violences à nos frontières? Quand on les entend, ils disent que nous allons gagner les élections et que si nous ne gagnons pas, c'est qu'il y a eu de la triche ; cela veut dire qu'il faut les laisser gagner, donc ce sont des menaces qu'ils exercent sur l'Etat. Très franchement si nous analysons cette précampagne électorale durant ces 3 ou 4 derniers mois, on se rend compte que dans leurs discours, il n'y a pas une seule proposition concrète en matière de développement socioéconomique, ou en matière de règlement de la crise de logement, sinon de la santé publique, autrement leurs conceptions par rapport à l'enseignement, à la justice, ou par rapport au pouvoir d'achat ; ce qui est plus grave, c'est que personne ne connaît leur projet économique, sur quoi repose leurs visions en matière de relance économique. On sait pertinemment que sans projet économique, il est impossible d'édifier quoique ce soit. Leur projet est tellement vague, qu'ils peuvent se permettre de surfer sur le pinacle de la vague des pays nouvellement islamisés comme la Tunisie, la Libye ou l'Egypte. Ils espèrent prospérer sur cette vague, mais ils se trompent lourdement, comme ils se sont souvent trompés sur la société algérienne. C'est un courant politique qui a utilisé la violence, les élections. Je suis convaincu que le 10 mai prochain sonnera une véritable défaite politique du courant islamiste. Retracez-nous brièvement les grands axes du programme politique du MPA ? Nous sommes un parti de la mouvance démocratique. Nous croyons aux fondements républicains et démocrates de l'Etat algérien. Lors du prochain débat sur la Constitution, nous allons centrer notre intervention sur la préservation de ce caractère démocratique et républicain de l'Etat algérien parce qu'ils faut rappeler aux Algériens les moments de terreur et de violences que nous avons subis et vécus. Tous les acteurs politiques doivent quelque soit leur orientation politique accepter les règles du jeu sans remettre en cause les fondements républicains et démocratiques de l'Etat algérien. Le coeur de notre projet, c'est la liberté ; il faut absolument laisser les Algériens jouir de leur liberté dans tous les domaines. Je pense que nous sommes l'un des rares pays au monde à ne pas autoriser la liberté dans les médias ; il est temps qu'il y est une véritable couverture médiatique par le secteur privé. La justice algérienne ne doit pas rester comme elle est, il nous faut une justice indépendante ; les magistrats doivent avoir une meilleure formation, une meilleure rémunération. Il faut absolument sécuriser le fonctionnaire, on ne peut demander à quelqu'un d'être impartial, d'être honnête et intègre lorsqu'on lui donne un salaire de 25 000 DA par mois ; il faut surtout moraliser la République du cancer de la corruption qui gangrène la société algérienne. La corruption s'est démocratisée et généralisée partout, à toutes les échelles de la société. Pour le prochain gouvernement, il sera pour lui vital de mener une politique d'éradication de ce fléau, tout au moins le limiter par des actions très fortes et déterminées. Il faut avoir le courage de dire les choses telles qu'elles sont, à commencer par le salaire minimum qui est dramatiquement bas. C'est une chose absolument inacceptable, mais en même temps, il faut prendre conscience qu'on ne pourra pas augmenter les salaires de manière sérieuse s'il n'y a pas une véritable production en face. Il faut rappeler dans le même contexte que l'Etat algérien accorde par ailleurs énormément d'argent sous forme de subventions. Il attribue 10 milliards de dollars de soutien aux produits alimentaires. Tout le monde sait que ce mécanisme est injuste, puisque l'argent destiné aux pauvres permet aux riches d'en tirer
profit. Ceux qui possèdent énormément d'argent achèteront le produit subventionné à un prix très bas. Je pense qu'il faut réorienter toutes ces allocations de l'Etat pour les mettre à la disposition des gens qui en ont vraiment besoin. On ne peut subventionner une foule de produits de la même manière. Il y a des Algériens qui ont les moyens de payer le juste prix. Il faut à présent cibler ces aides, créer une grande réflexion, un débat national ou augmenter les revenus plutôt que d'user de subventions, car, comme nous le constatons, ce protectionnisme du consommateur algérien profite aux pays voisins. Ce sont des milliards de dollars de produits subventionnés qui traversent nos frontières. Ces aides de l'Etat devraient aller vers les personnes démunies.


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