Toutes les promesses importantes n'ont jamais été tenues. Toutes ? Oui pratiquement toutes, les plus importantes surtout. De Ben Bella à Bouteflika. Qui d'entre eux n'a pas parlé de démocratie et d'Etat de droit en pleine période d'autoritarisme, pour ne pas dire dictature ? Chacun d'eux a eu sa phase annonciatrice qui a produit un terrible effet d'annonce. Mais chacun d'eux ne semblait pas savoir si les moyens disponibles ne suffisaient pas. L'homme qu'il faut à la place qu'il faut. C'était beau, c'était intelligent, ça promettait un grand changement. Puis «tab djnana». C'était en même temps un aveu et une décision, tout un programme surtout. Et avant tout ça, il y avait «sif El-Hadjadj». Les populations avaient trouvé la réponse «il chante tout seul». D'où tirons-nous à chaque fois les éléments de validation de ces promesses ? Pourquoi avions-nous à chaque fois cru que ça allait être le changement, la rupture même alors qu'il ne s'agissait que de continuité ? Se présentera ? Ne se représentera pas ? Nous étions sortis de la rationalité. Ce ne sont pas des disponibilités pour des analyses plutôt scientifiques qui manquent, mais ce sont les comportements de ceux qui décident qui ne correspondent à ce que nous, citoyens, sommes en droit d'attendre. Ceux-ci sont en conséquence abordés sous l'angle des incertitudes et fatalement, les analyses en subissent le contrecoup. Les conditions sont-elles réunies pour que nous disposions d'assez de données qui puissent nous permettre de réduire la marge d'incertitudes dans nos analyses nationales ? En disposons-nous des données dont disposent les étrangers quand ils portent des appréciations, voire même des jugements, sur la situation interne à notre pays et même dans la politique extérieure ? En absence d'information, nos analystes réduisent la portée et l'étendue de leurs analyses. Délibérée comme attitude que celle qui consiste à ne rien dire qui ne soit pas encore validé ? L'analyse non sollicitée, est-elle acceptée ou alors, permet-elle réellement d'éclairer tous les acteurs de tout bord ? Disons-le franchement. Sans complaisance aucune, sans que ne s'en suivent fatalement des «mea culpa» du genre «voilà les raisons pour lesquelles je me suis trompé dans mes analyses». C'est une voie courageuse que sont rares ceux qui l'avaient empruntée. Nombre d'analyses prévoyaient qu'à l'issue de l'expiration du délai accordé à la validité de la concorde civile (soit six mois), il n'y aurait plus que la politique du «sif El-Hadjadj» qui serait développée à l'encontre de ceux qui refuseraient de rejoindre cette démarche pour abandonner la pratique de la violence. Pourtant, ce ne fut pas le cas. La date butoir avait sauté, et la concorde était devenue permanente jusqu'à la promulgation du stade supérieur qu'est la réconciliation nationale. Pour nombre d'analystes, ou plutôt pour nombre d'analyses, il n'y a pas introduction d'éléments de rupture dans les projections. Il ne s'agit pas d'une réflexion «rupture». Le futur par exemple ne pourrait être qu'une reconduction du passé. En plus, sans condition. Tout se passe comme si nous avions pour la plupart l'habitude de croire que les évolutions politiques se feraient toujours selon un processus linéaire. Les forces de sécurité devaient toujours être disponibles pour réprimer les opposants, le pouvoir en fournissant les opportunités (les contraintes ?) par l'interdiction des marches à Alger.