Les Emirats arabes unis ont bombardé des cibles «islamistes» à Tripoli avec l'aide des Egyptiens. Le conflit entre milices libyennes a pris une dimension régionale avec les frappes aériennes des Emirats arabes unis (EAU) contre des cibles islamistes. Les avions de chasse de la petite monarchie pétrolière ont bombardé à deux reprises le sud de Tripoli, le 18 août et 23 août, avec le soutien logistique de l'Egypte. Les raids visaient des positions d'une coalition armée de factions de Misrata et de Tripoli qui ont lancé l'opération «Aube de la Libye» pour débarrasser la capitale libyenne des groupes dits «libéraux» et chasser l'influente milice de Zintan de la zone de l'aéroport international. Le secret avait été bien gardé puisque le mystère de l'origine des frappes n'a été éclairci qu'au bout d'une semaine grâce à des révélations du New York Times. Mardi, Abu Dhabi continuait d'ailleurs à nier l'évidence. Dans un éditorial, un journal de la place, al-Khaleej donnait toutefois des pistes. Il estimait que la Libye représente «un danger pour la région», évoquant «la mise en place d'une coalition arabe» pour affronter une «épidémie qui prend des appellations différentes comme Etat islamique, Ansar al-Charia (un groupe radical très présent dans l'est de la Libye, NDLR) et les Frères musulmans». Abu Dhabi entretient depuis le soulèvement contre Kadhafi des liens avec les brigades de Zintan, fer de lance de la «révolution» et accueille sur son sol Mahmoud Jibril, le chef de file des partis «libéraux». En 2011, les chasseurs émiriens avaient participé à la campagne internationale contre la dictature libyenne. En frappant à nouveau Tripoli, les Emirats arabes et l'Egypte cherchent cette fois à régler des comptes avec leurs voisins du Qatar. Doha est en effet proche des Frères musulmans, une organisation pourchassée en Egypte depuis le renversement du du résident Morsi en juillet 2013 et la prise du pouvoir du général al-Sissi, mais engagée en Libye en second rideau dans des grandes manœuvres politico-militaires. «Haftar, le petit Sissi» Cet affrontement par milices interposées entre les monarchies du Golfe est monté d'un cran avec les bombardements de Tripoli. Une escalade à distance jugée dangereuse par les Occidentaux. Alliés stratégiques des Emirats et des Egyptiens, les Etats-Unis se plaignent de ne pas avoir été informés de l'initiative de leurs partenaires. Washington ne cache pas son irritation. Lundi, dans un communiqué commun, Américains et Européens ont condamné «les interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions».