L'annonce de l'éviction d'Abdelaziz Belkhadem de ses fonctions de ministre d'Etat, et conseiller spécial à la présidence de la République, avant-hier, selon une source émanant de la Présidence, diffusée par l'officielle Agence presse service n'a surpris que partiellement les observateurs de la scène politique, en raison des ambitions politiques de l'ancien secrétaire général du FLN, qui, se souvient-on, n'avait jamais caché ses appétits pour briguer la magistrature suprême, au cas où Bouteflika ne se présenterait pas en 2014. Ecarté au forceps par le comité central du FLN, le 31 janvier 2013, par une courte majorité, Abdelaziz Belkhadem vivra cette éviction comme un affront, en dépit du fait qu'il est repêché par le Président pour occuper un poste de ministre d'Etat, et conseiller spécial du président de la République. L'ancien secrétaire général du FLN et ancien chef de gouvernement savait un peu mieux que d'aucuns ce que représentait dans l'échiquier politique algérien l'appareil de l'ancien parti unique pour tout présidentiable. Qualifié d'islamo-conservateur, et peu enclin à convoler avec les adeptes des thèses démocratiques, Belkhadem n'hésitera pas à privilégier la manière forte contre ses adversaires politiques, à plusieurs reprises, en faisant appel à des hommes de main pour semer la pagaille au sein même des enceintes réunissant les hommes les plus influents du bureau politique et du comité central du FLN. Mais quelques unes de ses manœuvres en coulisses, puis le fait qu'il ait souvent évoqué qu'il agissait en parfaite harmonie avec les directives de Bouteflika comme lors du dernier congrès du FLN lorsque Belkhadem a voulu changer l'ordre du jour, en procédant à l'élection du nouveau secrétaire général, auraient fini par agacer sérieusement le président Bouteflika, avec entre autres griefs, que rapporte TSA, notamment le fait «que Belkhadem aurait estimé que les adversaires du 4e mandat avaient le droit de manifester et a demandé aux autorités d'autoriser les manifestations des boycotteurs». Belkhadem s'était même permis de critiquer les éradicateurs au sein de l'armée, en affirmant d'après TSA : «Je ne suis pas heureux de la présence d'éradicateurs au sein de l'armée et eux ne sont pas contents de ma présence au sein du pouvoir.» Pour Saâdani, «l'agitation de Belkhadem» est nourrie par ses ambitions politiques. Belkhadem veut devenir président, en remettant la main sur le FLN, il espère franchir un grand pas vers ce rêve qui ne l'a jamais quitté», accuse-t-il. Belkhadem agit-il seul ou bénéficierait-il d'appuis ? Saâdani accrédite la première thèse : «Belkhadem n'est pas un adolescent. Il n'a pas besoin d'être poussé vers un choix. L'homme sait très bien ce qu'il fait et ce qu'il veut.» Lecture de l'info du décret faite, après l'effet de surprise, ce qui frappe est la non-ambivalence des décisions prises, afin, qu'au-delà du limogeage du ministre d'Etat et conseiller spécial à la présidence de la République, il n'est plus permis à Belkhadem «d'avoir des activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat», et que selon la même source, «contact a été pris avec M. le secrétaire général du Parti du Front de libération nationale (FLN) à l'effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem au sein du parti, et interdire sa participation aux activités de l'ensemble de ses structures». Ce qui signifie que Belkhadem est mort politiquement sur l'ensemble des composantes essentielles de l'échiquier politique national.