Ainsi, les nouvelles mesures répressives ne sont pas destinées à combattre le terrorisme sur le sol des Etats-Unis, mais à mettre au pas l'ensemble de la société, à extirper toute velléité d'opposition de la part de quelque groupe que ce soit. Si le pouvoir avait voulu s'en prendre au terrorisme, les lois, dont il disposait avant les attentats, auraient amplement suffi. En fait, le terrorisme, qu'il soit le fait de milieux islamistes ou de groupes américains d'extrême droite, est étroitement contrôlé par les autorités. Bien souvent même, il émane de celles-ci - ce qui a probablement été le cas le 11 septembre. Le terme «terrorisme» joue en 2001 le rôle que jouait autrefois le terme «communisme». L'équivalent moderne du maccarthysme («chasse aux sorcières», répression des activités «antiaméricaines») est cependant plus insidieux que son modèle des années 50, car dans l'esprit de la population, il semble justifié par une menace concrète et réelle, se traduisant déjà par des milliers de victimes innocentes. Par ailleurs, et en pratique, sans qu'il soit besoin de loi d'exception, la «justice» américaine a toujours su prouver son dysfonctionnement, pour employer un terme à la mode. Citons en exemples les affaires Mumia Abu-Jamal, Leonard Peltier, OJ Simpson, Move 9, Angela Davis, Wilmington Five, Rosenberg, Sacco et Vanzetti... Selon le cas, les «coupables», condamnés d'avance, y laissent leur vie, leur liberté, leur fortune ou leur bonne réputation. Comme par hasard, ils sont noirs, anarchistes, communistes ou contestataires. Le système judiciaire américain est un des plus iniques qui soient. On y voit des innocents poussés à «reconnaître» leur «culpabilité» afin d'obtenir une condamnation moins sévère que s'ils avaient plaidé non-coupables. Les prisons regorgent de gens arrêtés pour des délits ou des crimes qu'ils n'ont pas commis. Bien souvent, des «indices» trafiqués suffisent à les condamner à mort. Les Etats-Unis sont sans doute le pays qui détient le record des «erreurs» judiciaires; de nombreux innocents y sont exécutés chaque année, y compris des handicapés mentaux. Civilisation ou barbarie ?... On peut, aux Etats-Unis, être condamné par un tribunal civil à verser des dommages-intérêts pour un crime dont on a pourtant été disculpé par une cour pénale.... Et en mars 2005, à St. Petersburg (Floride), trois policiers appelés à la rescousse par une directrice d'école maternelle aussi incompétente qu'hystérique, passent les menottes à une fillette de cinq ans un peu trop indisciplinée. Entre 1999 et 2004, l'usage inconsidéré, par les «forces de l'ordre», du pistolet à électrochoc, y compris contre des enfants, des femmes enceintes et des vieillards «au comportement bizarre» a causé la mort de plus de 130 personnes. (à suivre)