Le décret rendant obligatoire le paiement par chèque de l'ensemble des transactions dépassant le seuil des cinq millions de dinars a été mis en application. Par ces nouvelles mesures, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa veut mettre fin au blanchiment d'argent à travers ladite «chkara». Le décret exécutif en question qui a été publié au journal officiel a rendu obligatoire le paiement par chèque pour toutes les transactions dépassant le seuil de cinq millions de dinars pour les transactions immobilières et de un million de dinars pour l'acquisition des véhicules neufs. Cet état de fait devrait mettre à nu le blanchiment d'argent par l'utilisation de l'espèce, chose qui fait saigner les caisses de l'Etat depuis plusieurs années. Les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des Finances n'ont pas réussi à appliquer cette mesure visant à obliger le paiement des transactions par le biais des chèques et des virements. Il faudrait être sourd et aveugle à la fois pour ne pas voir les centaines d'infrastructures réalisées au coût des milliards de dinars appartenant à X et à Y alors que leurs propriétaires n'ont exercé aucune activité réglementaire dans leur vie. Le dernier des citoyens du quartier sait d'où proviennent ces fonds collossaux, qui ont permis à la construction de ces locaux commerciaux, d'habitations, l'achat de matériel et de véhicules flambant neuf. Parmi ces propriétaires de ces biens, certains ont occupé quelques simples fonctions dans le passé. Le comble est que même si nous multiplions par 1 000 les salaires perçus durant toute leur carrière, cela ne pourrait pas justifier les prix par lesquels les personnes en question ont réalisé leurs biens. Ce n'est pas le cas pour certains individus «chômeurs» redevenus en un clin d'œil de véritables «richards», possédant des gigantesques capitaux mais qui demeurent inconnus sur les registres de l'administration des impôts et des services fiscaux. Circulant à bord des véhicules de dernier cri, ces nababs ont réussi à se donner des nouvelles appellations à l'exemple, d'homme d'affaires ou de «Si El Hadj». Pour n'importe quelle affaire, ces riches, par accident, utilisent les paquets de liasses et parviennent à obtenir ce qu'ils désirent. Afin de stopper l'hémorragie, l'actuel ministre des Finances a décidé de relever le défi, déclarant la guerre à ceux qui nuisent au peuple, à l'Etat et au pays et qui continuent de s'enrichir à travers la «chkara». L'utilisation du «cash» est désormais strictement interdit par la loi pour les montants évoqués plus haut. La réussite de cette délicate opération permettrait au ministre des Finances de rendre obligatoire l'utilisation de la carte bancaire, chéquier et virement même dans les petits achats ou pour payer des factures mensuelles. Pour l'instant, c'est l'anarchie totale et même les avocats refusent le paiement de leurs honoraires par les moyens bancaires et exigent de l'espèce. En contrepartie, le client qui oserait réclamer un reçu de caisse ou une pièce comptable justifiant le montant versé sera invité à quitter les lieux mini militari avant qu'on ne le fasse par d'autres moyens qui ne lui plaisent pas. La question qui mérite d'être posée est la suivante : M. Benkhalfa réussira-il, là où ses prédécesseurs ont échoué ? Il est difficile de répondre à cette question du moment que la guerre déclarée par le ministre des Finances est à ses débuts. Ce ne sera pas facile du tout, des dents ont commencé à grincer. En somme, pour réussir M. Benkhalfa devrait avant tout donner quelques «coups de balai» devant les portes des institutions financières de son département. Des « mauvaises odeurs» se dégageraient à partir de certains sièges de wilayas, signalées par des citoyens et par plusieurs autres clients qui ont bénéficié de différents crédits dont les derniers étaient ceux de l'Ansej. «Il n'y a pas de fumée sans feu», dit un certain proverbe. Nous y reviendrons certainement à ce sujet en temps opportun.