Lors d'une récente déclaration à la chaîne Echorouk, Madani Mezrag, ex-chef de l'AIS (bras armé du FIS dissous) a annoncé la création de son nouveau parti politique. «Je vous annonce officiellement la création du Front de l'Algérie pour la réconciliation et le salut (FARS)», a-t-il déclaré. Dans nos propos, nous nous contenterons de quelques questions. Qu'est-ce qui permet à l'ex-membre du FIS d'«officialiser» son parti ? Primo, à notre connaissance, la charte pour la paix et la réconciliation nationale a interdit aux ex-membres du FIS dissous d'exercer une activité politique. Ce qui revient à se demander, en toute logique, comment une telle rencontre ait pu être tenue sans accréditation ? Secundo, serait-ce parce que l'ex-membre du FIS a réussi à réunir près de 1 000 délégués venus de toutes l'Algérie pour assister à la rencontre tenue dans la wilaya de Jijel, qu'il croit que son parti sera «officiellement» reconnu ? Tertio, ne serait-ce pas son invitation par Ahmed Ouyahia à la présidence de la République pour être consulté au sujet de la révision de la Constitution qui lui aurait fait croire qu'il a de sérieuses assurances quant à l'approbation de sa demande d'agrément ? Quarto, on se demande comment ce parti pourrait-il obtenir son agrément alors que quelques partis politiques légalement constitués attendent encore leur agrément depuis deux ans. Enfin, qui composerait ce nouveau parti ? Là au moins, l'ex-membre du FIS y répond sans ambages en affirmant qu'il a le soutien de ses anciens compagnons de lutte en l'occurrence le FIS et l'AIS. De triste mémoire, les familles des 200 000 victimes (entre morts et disparus) de la décennie noire ne sont pas prêtes d'oublier le passé d'un bonhomme aux mains tâchées de sang. Avoir bénéficié de ses droits civiques grâce au décret de «grâce amnistiante» n'ouvre pas forcément la voie au retour déguisé de l'ex-FIS sous une autre couleur. Cela dit, le phénix serait-il en train de renaître de ses cendres ? L'histoire nous permet de comprendre le présent et d'appréhender l'avenir, dit-on.
