Le double attentat dans cette ville de l'arrondissement de Kolofata, dans l'Extrême-Nord, aurait fait "une quarantaine de morts et une centaine de blessés graves". Jeudi, 3 septembre 2015. Il est 9 h 45 minutes à Kerawa. Le petit village, non loin de Fotokol, frontière avec le Nigeria, vient de se réveiller dans une insouciance totale. Les rares commerçants du petit marché à bétail vaquent chacun à leurs occupations. Subitement, un bruit assourdissant déchire l'air. Une forte explosion qui, d'après plusieurs témoins joints au téléphone à Kerawa par le correspondant du Point Afrique : « L'explosion s'est fait entendre à un rayon de deux kilomètres. » Selon Aboubakar Ousmou, habitant de Kerawa : « On a commencé à fuir dans toutes les directions sans exactement savoir ce qui se passait. On a vu même les militaires courir avec les armes. Quelques minutes après, on a entendu une autre explosion, cette fois du côté du centre de santé. » Un double attentat dont l'un près de l'infirmerie du BIR Selon une source militaire locale qui a requis l'anonymat, « le premier attentat s'est produit vers 9 h 45 au marché de Kerawa et a fait de nombreux morts et blessés. La seconde kamikaze s'est fait passer pour une blessée pour s'infiltrer à l'infirmerie du bataillon d'intervention rapide (BIR), l'unique centre de santé ouvert et qui accueille tous les blessés. D'après les témoins, « la bombe du second kamikaze a explosé à quelques mètres de l'infirmerie ». Un bilan en évolution Jeudi soir, le gouvernement camerounais, par la voix de son porte-parole Issa Tchiroma Bakary, par ailleurs ministre camerounais de la communication, a indiqué que « le double attentat a fait une vingtaine de morts et une centaine de blessés ». Mais, les sources locales ont fait état jeudi, à 19 heures GMT, de « 31 morts au marché et 8 morts devant l'infirmerie du BIR. Des dizaines de blessés dont des cas graves. » Les mêmes sources, parmi lesquelles les agents du corps médical (Croix-Rouge, HCR, Medical Corps) ont ajouté à 22 heures GMT que « deux blessés viennent d'ailleurs de succomber sur la route de l'hôpital de Mora et 7 personnes ont succombé à leurs blessures (4 à l'hôpital de Kolofata et 3 à l'hôpital de Mora) ». Pour les sources militaires locales, « 20 morts (y compris les deux kamikazes) et 141 blessés ».