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Un enfant de la Révolution à la base de l'Est
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 12 - 2015

Le hasard en partie, m'a amené à faire un enregistrement avec Ammi Abdallah, un des héros de la révolution. Sa position en tant que simple Djoundi nous permet d'avoir une vision de l'intérieur de l'Armée de libération nationale (ALN). Son honnêteté m'a agréablement surpris. Il n'a cherché d'aucune manière à me raconter une épopée tout faite. Plutôt, il a parlé de leur lutte, leurs espoirs de l'époque, leurs déceptions, leurs erreurs et de leur naïveté. Il dit qu'il ne regrette rien. Il a insisté même. «Il ne faut pas croire que parce qu'on était en guerre, on ne s'amusait pas entre amis. Au contraire, mes vraies camaraderies se sont construites au cours de cette époque».
Ammi Abdallah vit actuellement au chef-lieu de Besbès, wilaya d'El-Tarf. Il est né en le 15/04/1940 à Aïn Zana, Souk-Ahras dont il est originaire. Il a rejoint la révolution malgré l'interdiction que son père, Hadj Mohammed, également combattant à l'ALN, lui a imposée. Il était son plus grand fils. Il fallait quelqu'un pour rester avec la famille et les autres enfants. Il transgresse l'interdiction de son père et s'engage dans l'ALN discrètement en choisissant un autre nom. Le subterfuge est découvert par le responsable du recrutement ALN, mais admirant son courage, il l'admet. Comme tous les djounouds, il avait un nom de guerre, «Bouragâa». Son long parcours, sa blessure, et les heures d'enregistrement ne peuvent être résumés. Mais j'ai choisi quelques passages intéressants qui démontrent le quotidien presque «ordinaire» des moudjahidines. L'oignon au plus vite La nourriture manquait cruellement pour les djounouds. En plus il n'y avait aucun ingrédient. Ils étaient obligés de manger des préparations crues. Une fois, ils ont eu la chance de tomber sur une vache sauvage. A force de manger cru, ils avaient besoin d'au moins un accompagnement. Ammi Abdallah et un autre djoundi sont mandatés pour ramener l'oignon. Ils descendent vers le village le plus proche. Ils passent à la première maison où ils sont accueillis par le café. Entre-temps Ammi Abdallah prend le maximum d'oignon de la petite ferme, et le met dans un sac. En utilisant les pieds, il condensait l'oignon puisqu'il voulait apporter le plus possible vu le grand nombre des djounouds dans le Djebel. Mais il a oublié qu'ils sont deux seulement et qu'il serait trop difficile de porter cet énorme sac à travers les pistes difficiles. Son ami lui reproche ça. Il veut alors diminuer l'oignon. Mais le djoundi ne veut rien comprendre. « Tu as décidé de le remplir ainsi, on va le porter donc ». Ils prennent deux jours entre l'aller et le retour éprouvant. Quand ils reviennent personne n'est sur place. On craignait qu'ils fussent pris et que sous la torture ils dévoilent le lieu de la Katiba. De plus, les consignes sont claires, les djounouds de l'ALN ne peuvent d'aucune manière dormir plus de deux nuits dans le même lieu. Djaber est assassiné, la Révolution dévore ses enfants A propos du fameux incident qui a failli causer des pertes irrévocables à la révolution, Ammi Abdallah raconte. Des djounouds de l'Aurès sont venus se réfugier à Souk-Ahras, fuyant la concentration des efforts de l'armée française dans la région la plus enflammée, les Aurès de Ben Boulaïd. Un conflit opposa des djounouds locaux sous la direction de Djaber et des djounouds de l'Aurès sous la direction d'El-Ouardi Guettal. Dans une réunion de conciliation, Djaber est assassiné. Souk-Ahras s'embrase. Les djounouds crient vengeance. La situation se complique. Guettal se retire et se rend aux autorités françaises. La raison finit par gagner les esprits. Encore une fois, la révolution est sauvée dans la région. Pas de régionalisme Ammi Abdallah a insisté pour me dire que le régionalisme était combattu de force au sein de la révolution. Les djounouds n'utilisaient que des surnoms, ainsi s'ils sont pris, même s'ils dévoilent les noms des combattants sous la torture, rien ne mènera aux vrais noms des moudjahidines. « Il nous était formellement interdit de demander à un djoundi, de quelle région vous êtes originaire ? Ou quel est votre vrai nom ? » L'action politique A ma question, «combien vous haïssez vos ennemis?», Il m'a répondu que jeunes comme ils étaient, ils ne se souciaient pas trop. Les conditions de vie difficile dans les djebels et l'énorme disparité entre les moyens de l'armée française et leurs moyens pouvaient atteindre le moral. Pour cela, il y avait un responsable politique avec les djounouds. Des heures avant chaque opération militaire, un responsable politique venait leur faire un discours. Il leur racontait certaines horreurs commises par les soldats de l'armée française contre leurs frères dans les douars ou des agressions à l'encontre d'une femme, avec toute la particularité de la question de la protection de la femme dans la région. « Imaginez que votre père, frère ou sœur est capturé par l'ennemi et torturé par des chiens ! Imaginez qu'ils sont torturés par l'électricité ! Quelle sera votre position ? » Le but était de les inciter à être fous de rage. «Après chacun de ses discours, nous devenions encore plus motivés à combattre», me dit-il. «Cette relation nous remontait le moral et nous donnait encore l'envie d'affronter les monstres qui ont commis cela à l'égard de nos frères». Ceci montre un volet important de la propagande menée à bien par le FLN. Propagande nécessaire à la révolution où les maquisards affrontent un ennemi prêt à tout pour les anéantir. A cela, s'ajoute évidemment, la mémoire des frères tombés en martyre devant eux. Les frères qu'ils ont vu perdre un bras, une jambe ou la vie tout simplement à cause de cet ennemi cruel. Une fois ils ont trouvé chez un soldat français capturé la photo d'une femme nue et attachée de ses bras. Les soldats la piétinaient. «Ce genre d'actions nous rendait encore plus déterminés. Deux options devant nous, soit la mort en martyrs, soit l'indépendance. Il fallait sauver nos frères». J'ai été capturé en mai 1956 par l'armée française Il m'a raconté sa capture. «Entre Aïn Zana et Bouhadjar, j'ai été capturé avec d'autres frères. Mais Nous étions en civil. Un de nos frères est capturé armes à la main. Devant nous, Il a été torturé puis brûlé vif». Ce Moudjahid a nié entièrement connaître Ammi Abdallah et les autres frères capturés. Grâce à son courage, ils échappent à la torture et rejoignent à nouveau les maquis. Il regrette le fait qu'ils ne connaissaient ni le nom ni la région d'origine de ce martyr. Ils ne connaissaient que son surnom, suivant les instructions de l'ALN. Pourquoi la base de l'Est a été créée ? En me parlant de cette question, Ammi Abdallah m'a dit qu'il était un simple djoundi et qu'il n'avait donc aucun rôle à jouer dans les décisions des chefs. Cependant, les discussions engagées ici et là entre les djounouds leur procurer des informations sur les tractations. Il m'a expliqué que les responsables de la région n'étaient pas satisfaits qu'elle soit en partie sous la tutelle de la Wilaya 1, dans le sud, Souk-Ahras, et en partie rattachée à la Wilaya 2, Bouhadjar et El-Kala. Ils considéraient qu'ils ont le nombre d'hommes le plus important et l'armement aussi. Donc ils doivent être une wilaya à part entière. A l'approche du congrès qui va se tenir à Soummam, ils comptaient poser cette question. A la surprise de tout le monde aucun représentant de la région n'assistera à ce congrès. Ils étaient furieux. Une réunion entre les chefs de la région tels que Aouachria, Draia, Djabar, Bouglaz ... eut lieu. Ils décident de ne pas accepter les décisions de la plate-forme de Soummam. On a frôlé la catastrophe encore une fois. Les chefs réunis à Soummam s'inquiètent et délèguent Ben Aouda pour calmer la région et leur expliquer la décision. Ce dernier n'est pas respecté. On lui impute la liquidation d'un héros de la région Djabar, tombé victime d'un conflit interne avec des djounouds de la Wilaya 1. Il échoue. C'est alors que Amar Ouamrane prend le relais. Il est un maquisard pur depuis 9 ans (avant le déclenchement de la révolution. Il profite d'une estime considérable). Leur demande de devenir une wilaya n'est pas satisfaite. En revanche, une situation intermédiaire est décidée. La création de la base de l'Est qui sera indépendante et aura pour mission de combattre, comme les armées des autres wilayas, mais également la mission supplémentaire d'approvisionner en armes les wilayas 1, 2 et 3. Les lignes Challe et Maurice, une aubaine ! Ammi Abdallah, contrairement à d'autres avis, pense que l'instauration des lignes électriques était bénéfique à la base de l'EST. Tout d'abord, il reconnaît que ces lignes entourées de champs de mines ont coûté énormément de dégâts à l'ALN. Des braves hommes y sont restés. De plus, la population civile obligée soit à se réfugier en Tunisie, soit à vivre dans des camps d'internement en a souffert énormément. Mais pourquoi alors il pense qu'elles étaient utiles ? Il dit : «les lignes ont été instaurées à l'intérieur du sol algérien. Ainsi une partie du territoire s'est retrouvée indépendante. Il n'y avait ni population ni armée française. En conséquence, c'est l'ALN qui prenait l'initiative d'attaque des casernes de Bouhadjar quand bon lui semble-elle». Evidemment avec l'avantage considérable aérien de l'armée française, la situation n'était guère simple. Tout de même, Ammi Abdallah pense que la délimitation créée a servi l'ALN. Ordres précis à propos des combats Ammi Abdallah m'a raconté les ordres précis qu'ils recevaient à propos des combats. On avait un ordre de ne jamais entrer en affrontement frontal avec l'ennemi. Il faut imposer l'heure et le lieu du combat qui nous conviennent. Quand l'ennemi, venait avec tous ses moyens pour engager une bataille, on faisait tout pour l'éviter. La période de cessez-le-feu : en face de l'armée de l'occupation Il m'a raconté que suite à l'entrée triomphale de l'ALN après l'indépendance, Il était dans un barrage de l'ALN à Besbès. Un grand véhicule de l'armée française arrive sur lequel une mitraillette est placée. On leur intime l'ordre de cacher la mitraillette. Désormais, c'est nous qui assurerons la sécurité. Ces armes doivent rester au sein des casernes en attendant l'évacuation de l'armée française conformément aux accords d'Evian. Le capitaine français n'est pas content, il arrive à la daïra qui porte actuellement le nom du glorieux Ben M'Hidi à 10 km environ. Il donne l'alerte. (Suivra)

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