La grève de deux jours annoncée le mois dernier par une douzaine de syndicats des différents secteurs d'activités protestant contre l'annulation de la retraite anticipée a débuté hier. Pour son premier jour, le mouvement de protestation a été partiellement suivi mais a causé un désordre total. Education, formation professionnelle, santé et administration ont été les secteurs les plus affectés lors de la journée d'hier où, comme d'habitude, les taux de suivi de la grève communiqués par les meneurs du mouvement et celui des sources officielles sont largement différents. En somme, même si le mot d'ordre de débrayage n'a pas été largement suivi par tous les secteurs et à travers toutes les wilayas, un désordre presque total a régné dans la capitale et quelques autres wilayas où embouteillages, rassemblements devant les établissements scolaires et sanitaires ainsi que devant quelques APC ont envahi le décor de la journée en plus du dispositif sécuritaire musclé qui a occupé tous les espaces. En effet, les forces de l'ordre ont marqué leur présence renforcée dès les premières heures de la journée afin, explique-t-on, « d'assurer l'ordre et la sécurité publique et d'éviter tout déraillement de la situation». Une mobilisation due également à quelques échos faisant état d'intentions malveillantes visant à politiser des revendications socioprofessionnelles et d'impliquer des élèves et des étudiants dans une atteinte à l'ordre public. Fort heureusement, à part le débrayage des travailleurs, étudiants et élèves sont restés à part mais ont quand même participé au décor du désordre puisqu'ils étaient des dizaines à se rassembler devant les établissements gênant la circulation routière, tel que de nombreux parents se sont retrouvés contraints à rebrousser chemin pour récupérer leurs enfants livrés à eux-mêmes dans la rue. Circulation dans tous les sens et stationnement anarchique n'ont fait qu'empirer la situation déjà habituellement chaotique chaque matin en temps normal. Bien que la plupart de personnes, la majorité même de celles rencontrées dans différents coins de la capitale ont exprimé leur compréhension et leur soutien à la revendication légitime relative au régime de la retraite, un désarroi notable a été observé chez les parents d'élèves dénonçant le renvoi de leurs enfants mineurs des établissements scolaires les obligeant (parents) à quitter leurs postes de travail pour retourner les chercher. Aussi cette présence massive de personnes, de véhicules et de policiers sur la route a rendu le déplacement vers les lieux de travail presque impossible. Comme il a été constaté dans toutes les wilayas, le secteur de l'éducation a été le plus touché par le débrayage et ce, malgré les nombreux rappels à la raison lancés par Nouria Benghebrit. Pas plus tard que dimanche, soit la veille de la grève, la ministre de l'Education a rappelé, encore une fois, aux syndicats que «les portes du dialogue sont toujours ouvertes». Aussi les justifications de la décision prise par l'Etat concernant la retraite, réitérées dimanche par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale Mohamed El-Ghazi n'ont pas convaincu les grévistes à renoncer à leur mouvement. Cette protestation qui devra se poursuivre aujourd'hui pourra être, selon l'intersyndicale regroupant une douzaine de syndicats, renouvelée les 24 et 25 octobre en cours. Une grève cyclique considérée, selon la même source, comme un premier mouvement renouvelable de protestation jusqu'à ce que le gouvernement accepte de surseoir à l'application de la décision de l'annulation de la retraite anticipée. Une retraite proportionnelle qui sera réservée aux travailleurs de certaines professions dite pénibles dont la liste n'est toujours pas définie.