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«La décadence du monde musulman»
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 12 - 2016

La plupart des historiens conviennent que les déboires de la civilisation islamique ont commencé trente ans environ après la mort du Prophète avec la remise en cause de la légitimité du calife Ali par le clan des Banu Omayya et la bataille de Siffin sur laquelle elle a débouché. C'est là qu'est survenue la grande «fitna» qui a mis fin à l'ordre moral, social et politique instauré par les quatre califes qui ont succédé au Prophète.
Description frappante du phénomène de dislocation du réseau des relations sociales mis par Bennabi à l'origine de la décadence et de la colonisabilité : « Les complexes qu'une culture et une longue tradition ont déterminés deviennent impropres à produire et à entretenir le mouvement social normal, provoquant une espèce de paralysie dont les effets ne deviennent visibles qu'à travers les épreuves d'une société et les vicissitudes de ses institutions.» Comme certaines maladies, la décadence est héréditaire, elle est transmise d'une génération à l'autre par des germes qui sont les représentations mentales, les habitudes, les traditions... Bennabi écrit : «Toute modification d'un complexe psychologique a pour conséquence une modification sociale correspondante, en bien ou en mal[4]... Les idées sont les «microbes» qui transmettent et perpétuent à travers le temps les maladies sociales...». C'est de l'an 1369 après J.-C. que Bennabi date le point d'inflexion de la civilisation musulmane. Cette date correspond à la fin d'un cycle de civilisation qui a commencé avec Abou Bakr et s'est terminé avec les Almohades. On peut dire en gros que la civilisation islamique a connu à l'intérieur de ce grand cycle un cycle proprement arabe (de la fondation de l'Etat musulman à l'avènement des Abbassides en 750), un cycle arabo-persan (de 750 à l'avènement des Mongols en 1258), un cycle arabo-berbère en Afrique du Nord et en Espagne avec les Almoravides et les Almohades, un cycle ottoman (de 1517 à 1924), ainsi que plusieurs cycles à vocation régionale en Inde et en Asie centrale dans l'intervalle. Ce qui va se passer, c'est une marche en arrière, une régression : l'homme civilisé, ayant perdu son élan civilisateur, devient incapable d'assimiler et de créer des idées ; il ne sait plus appliquer son génie au sol et au temps ; la vie sociale fait place à la vie végétative, la synthèse fondamentale (homme-sol-temps) se désagrège, l'homme post-almohadien va remplacer le musulman civilisé et incarner la colonisabilité. Contemporain et témoin de ce point d'inflexion, Ibn Khaldoun a dressé un tableau saisissant de ce coucher de civilisation : «Le Maghreb n'était pas un pays pauvre. Sous les Almohades il était dans de bonnes conditions avec un revenu important. Mais, aujourd'hui, la situation est mauvaise parce que le Maghreb est bien déchu de son faste d'antan... Le temps n'est plus où son rayonnement s'étendait entre la Méditerranée et le Soudan, et du Sousse marocain jusqu'à la Cyrénaïque. Aujourd'hui c'est presque partout un désert, sauf sur le littoral et les collines voisines... Alors, le déclin commence, la prospérité diminue, la population décroît, les techniques se ralentissent. En conséquence, on perd l'habitude de bâtir des édifices élégants et solides, la main-d'œuvre diminue avec le nombre des habitants ; on ne trouve presque plus de pierre, de marbre et d'autres matériaux, on utilise des pierres de réemploi... Après quoi, on revient à la mode bédouine, avec du pisé au lieu de pierres, et sans aucun ornement. Les villes retournent aux villages, aux hameaux, puis elles tombent peu à peu en ruines... On dit couramment d'un pays civilisé qui se dépeuple qu'il perd sa substance ; c'est au point que même les sources et les rivières cessent de couler. Car, les sources ne jaillissent que lorsqu'on les creuse et qu'on en tire de l'eau : autrement dit, il faut y travailler. C'est la même chose qu'avec les bêtes laitières. Des sources qui ne sont plus utilisées et qu'on n'entretient plus se perdent sous terre, comme si elles n'avaient jamais existé... Lorsque le vent de la civilisation eut cessé de souffler sur le Maghreb et sur l'Espagne, les sciences y déclinèrent et toute activité scientifique y disparut, à l'exception de rares traces individuelles... Si l'argent est rare aujourd'hui au Maghreb et en Ifriqiya, ce n'est pas le cas chez les Slaves et les Francs. S'il est rare en Egypte et en Syrie, il ne l'est pas dans l'Inde, ni en Chine. Ce n'est qu'un instrument, qu'un capital. C'est la civilisation qui en cause l'abondance ou la rareté... Baghdad, Cordoue, Basra, Koufa... Au début de l'islam, c'étaient des villes très peuplées et policées. Les sciences y étaient à l'honneur et les habitants étaient versés dans la terminologie scientifique, dans les différentes branches du savoir ; ils se posaient des problèmes et inventaient de nouvelles spécialités. Ils étaient en avance sur les anciens, comme sur les modernes. Mais, quand vinrent la décadence et la dispersion, ce fut aussi la fin de la science et de l'enseignement dont la tradition fut transportée ailleurs»[5]. Terrible moment de vide historique où tout se fige comme sous l'effet d'un sortilège. Mais tel un enchanteur qui se prépare à briser le sortilège, Bennabi nous éclaire sur les dessous du mystère et note dans Le problème de la culture : « Lorsque l'œuvre d'Ibn Khaldoun a vu le jour dans le monde musulman, elle ne pouvait plus contribuer ni à son progrès intellectuel, ni social, parce que dans cette étape elle représentait une idée isolée du milieu réel. D'ailleurs, dans une pareille étape, ce n'est pas seulement l'idée qui perd sa signification culturelle, sa faculté de créer des choses, mais réciproquement la chose elle-même ne peut plus engendrer des idées. Par exemple, à quoi aurait servi la fameuse pomme de Newton si, au lieu de tomber sur l'illustre mathématicien, elle était tombée sur son ancêtre de l'époque de Guillaume le Conquérant ? Il est évident qu'elle n'aurait pas créé l'idée de la gravitation, mais tout juste un petit tas de fumier parce que l'ancêtre de Newton l'aurait tout simplement mangée. Il est donc clair que l'idée et la chose n'acquièrent de valeur culturelle que dans certaines conditions. Elles ne deviennent créatrices de culture qu'à travers un intérêt supérieur sans lequel la vie dans le «monde des idées» et le «monde des choses» se fige comme dans de simples musées et perd toute efficacité sociale véritable. On peut interpréter cet intérêt supérieur par rapport à l'individu comme la liaison organique qui le lie au monde des idées et au monde des choses. Quand cette liaison fait défaut, l'individu n'a plus de prise ni sur les idées, ni sur les choses. Il glisse seulement sur la surface des choses sans les pénétrer et passe à côté des idées sans les reconnaître. Et ce contact superficiel ne fait naître aucune interrogation, aucun problème. Newton a interrogé la pomme parce qu'il y était attaché par un intérêt supérieur. A une autre époque, mille ans plus tôt par exemple, il l'aurait simplement dévorée parce que «l'intérêt supérieur» faisait encore défaut dans la société anglaise qui elle-même n'était pas née encore. Inversement, personne dans la société musulmane jusqu'au XIXe siècle ne pouvait plus interroger l'idée d'Ibn Khaldoun parce que cette société n'avait déjà plus un intérêt supérieur à la base de son activité intellectuelle et sociale. A partir de cette époque, le musulman glissait à la surface des choses sans les pénétrer et passait à côté des idées sans les comprendre parce qu'il n'avait plus de liaisons avec les unes et les autres. Il ne résultait plus de sa rencontre avec les réalités sociales ce choc impétueux qui les transforme et le transforme lui-même». L'année 1492 qui marque la chute de Grenade, dernier émirat musulman en Europe est aussi celle de la découverte de l'Amérique qui marque le début du monde moderne. Les musulmans ne sont plus en état de sommer les autres de s'islamiser. Au contraire, ce sont les autres qui les invitent à changer de foi. C'est ainsi qu'en 1461, Pie II appelle le sultan ottoman à se convertir au christianisme : «Tu es sans aucun doute le plus grand souverain du monde. Une seule chose te manque : le baptême. Accepte un peu d'eau et tu domineras tous ces couards qui portent des couronnes sacrées et s'assoient sur des trônes bénis. Sois mon nouveau Constantin et pour toi je serai un nouveau Sylvestre. Convertis-toi et, ensemble, nous fonderons avec ma Rome et avec Constantinople - qui à présent t'appartient - un nouvel ordre universel. [6]» (A suivre)

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