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Ouvrage collectif «Medghacen, histoires secrètes»
Publié dans La Nouvelle République le 28 - 11 - 2019

L'histoire a besoin de couler, pourtant, elle n'est pas souvent un long fleuve tranquille et a besoin de faits et d'indices pour se retrouver sous nos yeux à nous raconter les longues épopées de civilisations qui nous ont précédé et qui nous livrent leurs actes dans l'écriture féconde esquissée dans les monuments et les réalisations qui ont transcendé le temps pour arriver jusqu'à nous.
«Medghacen, histoires secrètes», est une délicate équipée, une formidable plongée dans le temps catalysée par les éditions Chihab et par l'élégant Azzedine Guerfi, digne marathonien, éditeur, homme de culture, hôte généreux qui manie l'humour et la dérision comme tout être normalement constitué. Féru de vieilles pierres et d'œuvres d'art, il demande à une bande de garnements éclairés et turbulents de participer à une escapade qui sort des sentiers battus et qui oublie le commun le plus trivial pour aller dans une sorte de récréation littéraire transformer l'Histoire en une dimension esthétique qui devient une aventure à dix très intéressante. De cette escapade transcendante, il en ressort un livre qui décide de lever un pan entier d'une histoire immémoriale transformée par la grâce de l'imaginaire et des mots en une œuvre collective dont le sujet principal, le nœud des intrigues ou la simple évocation parallèle sur des monuments équivalents reste cette «Bazina» immense qu'est le Medghacen.
Peu défini dans le temps, très peu exploré malgré les multiples campagnes de fouilles entreprises, très peu informé, le Medghacen reste en tout cas le monument numide, berbère pour ceux qui veulent, le plus ancien d'Afrique du nord. Cette œuvre monumentale a inspiré un grand nombre d'archéologues, de chercheurs et c'est ainsi que son obsolescence criminelle est observée aujourd'hui soit sous des yeux complices inconcevables et inexcusables, soit sous une impuissance terrible qui fait pleurer les gens sensibles au passé flamboyant que ce monument représente. La récréation offerte à Chawki Amari, Hmida Ayachi, Nassira Belloula, Ameziane Ferhani, Jaoudet Gassouma, Tahar Hlissi, Amin Khan, Rachid Mokhtari, Thierry Perret et Mohamed Sari pour évoquer le Medghacen a été une parenthèse enchantée, aventureuse, esthétique, imagée à travers la nouvelle, le texte politique, l'essai, la poésie, ou même le mini roman.
Il en ressort un livre en français et en arabe de quelques 250 pages déclinées en plusieurs attitudes stylistiques évocatrices d'un rapport conscient qui sort le Medghacen de sa portée historique, géographique, stratégique vers des horizons plus créatifs, plus enclins au recueillement, à l'imaginaire et sans nul doute au dépaysement. Au-delà du marathon annuel organisé pour évoquer l'état de déliquescence qui caractérise le site et la construction, il y a aussi la nécessité de voir de plus près ce «grand-père» qui porte en lui les stigmates de siècles d'histoires passionnantes avec des passages immémoriaux à la densité pertinente.
Chacun des auteurs sollicités est parti de son inspiration, débridée pour certains, comme celle de Chawki Amari, dans «Les douze pierres de minuit» qui commet une nouvelle un peu disparate, sur fond de contemporanéité érudite. Un aigrefin veut vendre le Medghacen avec des histoires croisées entre Alger, la nationale I et Boston, un road-movie dessiné de main de maître par l'auteur qui s'amuse avec les travers humains comme on s'amuse avec un puzzle impossible. Nassira Belloula, dans le «Syndrome de Medghacen», se pose un peu comme les gardiennes du temps. Comme les sorcières celtes, elle offre au lecteur une écriture classique, narrative qui plonge son stylet dans des encres historiques, faits de souvenirs, de grandiloquence numide où le Medghacen prend une dimension séculaire, entre passé et présent pour se raconter à travers les générations de gardiens de ce temple particulier.
«La Tetraktys des Aurès» d'Améziane Ferhani est un texte plongé dans les abysses d'un imaginaire très bien mené sur fond d'une histoire d'amour qui,, du Musée des Beaux-arts d'Alger va aller plonger ses racines dans un monument étrange qui, entre science-fiction et anticipation livrera des secrets inimaginables… «La fille des Pierres» de Jaoudet Gassouma, mettra aux prises un marathonien épuisé avec une princesse étrange venue du fond des temps, sur un lit de réflexion féministe sur la vie, sur la mort, sur l'amour et sur notre histoire numide vue du point de vue féminin, traité par le regard du héros déchu de cette histoire qui accompagne, impuissante cette dame étrange…
«A la mémoire de la pierre numide», Amin Khan livre un pan de construction poétique par un éloge aux vieilles pierres sur des mots, clairs, brefs, concis, efficaces, esthétiquement sans reproches. Mohamed Sari, enfant de Cherchell, va se consacrer à l'immensité du mausolée de Maurétanie, et de Juba Sin en compagnie de sa belle princesse lunaire Cléopâtre Séléné, on aura droit à une transmission de l'aïeule vers sa petite-fille qui vivra une double histoire d'amour pour le «tombeau de la chrétienne» et pour le collègue de lycée aux qualités intellectuelles prometteuses. C'est un peu comme ça, que dans un style classique assez épuré Mohamed Sari nous montre par procuration ses amours timides pour ce monument géant, témoin de toutes les vicissitudes de l'histoire. La prose est là, présente, abrupte de temps en temps, souple et doucereuse dans un autre temps. Amin Khan, est poète, la force de son texte nous le confirme.
Rachid Mokhtari nous offre à travers «Rallye Barbare» une formidable épopée pétaradante d'un bus enfumé qui s'en va par monts et par vaux aurèsiens rendre justice aux têtes de nos valeureux martyrs volées à notre histoire et effrontément disposées dans un Musée de l'Homme, plus comme un butin de guerre que comme objets d'intérêt scientifique et enfin restitués -dans l'imaginaire de l'auteur aux autorités algériennes.
Rachid Mokhtari va dans son texte produire un texte éminemment éloquent avec force détails et allants historiques évoquant les turbulences de l'histoire de l'Afrique du nord avec toutes ses agitations frénétiques. Le texte est flamboyant sortant de l'ordinaire monographique qui nous plonge dans une atmosphère tonitruante, émotionnelle et farouchement inscrite dans le coup de gueule esthétique le plus marquant de ce livre et dans une esthétique historique et romanesque franchement excellente. Dans un retour au débat essayiste un peu plus proche de la réalité, Thierry Perret dans «Les pierres qui sont des étoiles» entame une discussion croisée entre un Français, à l'histoire algérienne immémoriale, il est question d'appartenance à la terre algérienne, de rapports historiques entre l'Algérie et la France, sous le témoignage placide de ce monument géant qui «entendra» aussi l'actualité se faire et se défaire sur fond de «Hirak». La nouvelle de Thierry Perret va trancher avec le reste de cette «team» hallucinante en produisant un texte «sérieux», sobre et lucide qui tombe à propos sur une actualité prenante.
Tahar Hlissi dans «Qabr el khalidin» va se mettre dans la peau d'un numide guerrier qui entre rêves, oracles et réalités va aller dans une quête initiatique retrouver les racines de ses ancêtres dans d'aventureuses pérégrinations pour retrouver l'âme de son peuple. L'écriture de Tahar Hlissi, enfant des lieux, offre un très bel exercice d'empathie somme-toute naturelle qui revient sur les traces de ses ainés qui depuis des siècles ont côtoyé d'une manière ou d'une autre ce géant de pierre qu'est le Medghacen. Pour Hmida Ayachi, «Dhilal Medghacen» élaborée en arabe comme pour Tahar Hlissi, nous offre un parcours atypique, une mise en abîme d'un personnage qui use du critère autobiographique dans lequel nous inscrit Hmida Ayachi qui est pour le théâtre un élément novateur.
L'écrivain-dramaturge laisse une histoire à tiroir nous faire faire le tour de questions taboues, de traditions persistantes, et aussi de sociologie prégnante par l'entremise d'une histoire alambiquée dont seul cet auteur a le secret. «Medghacen, histoires secrètes», avec une très belle photo de couverture de Kay Djillali, est donc cette escapade dans le temps, dans l'esthétique qui nous met en face de nos responsabilités sans trop avoir l'air d'y toucher, qui pose avec l'association des amis du Medghacen la délicate question de notre histoire et de cette maladie grave qui touche nos monuments à travers notre propre incapacité de préserver des vestiges qui nous racontent…Peut-être que le livre dira ce que nous taisons honteusement…
«Medghacen, histoires secrètes , livre collectif avec Chawki Amari, Hmida Ayachi, Nassira Belloula, Ameziane Ferhani, Jaoudet Gassouma, Tahar Hlissi, Amin Khan, Rachid Mokhtari, Thierry Perret, Mohamed Sari. Nouvelles, essais, Poésie, paru aux Editions Chihab, Alger 2019, prix public 900 DA.


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