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Sidi Bel-Abbès: D'un 19 Mai à d'autres
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 05 - 2009


1ère partie
Fidèles à une longue tradition établie à Sidi Bel-Abbès, de nombreux programmes marquent l'anniversaire du 19 Mai 1956 dont c'est le cinquante-troisième.
Ils sont l'oeuvre, depuis des années, des différentes organisations estudiantines dites autonomes, d'autres institutions étatiques, telle l'université qui emboîte le pas. Or la genèse du mouvement estudiantin et celui de la jeunesse avant 1954, son implication dans le combat libérateur, ses sacrifices, ses deuils en constituent une plaie béante, un pan encore méconnu. D'un dix-neuf Mai à d'autres, c'est ce que nous abordons aujourd'hui.
Dans Sidi Bel-Abbès, très engagée dans le processus révolutionnaire du 1e novembre 54, d'innombrables actes de bravoure, batailles urbaines, qui firent déjà date, aux leçons d'héroïsme en zones rurales sous l'égide du FLN/ALN, l'appel illimité proclamé par l'UGEMA, à savoir d'abord la grève générale des cours et examens, le 19 mai 1956 est largement suivi dans les rares établissements de la ville, principalement les lycées coloniaux Laperrine et Leclerc, aujourd'hui Azza AEK et El-Haouès.
L'émergence de l'AEMAN (Association des étudiants musulmans nord-africains
Historiquement parlant, c'est dans une atmosphère hostile que c'est créée l'organisation des étudiants à un moment décisif pour la lutte du peuple algérien. C'est à Paris qu'a eu lieu le congrès constitutif et que fut implanté le siège, au 115, boulevard Saint-Michel. Demeure à bien comprendre son processus. Ainsi, il faut remonter aux années vingt, époque à laquelle s'était forgée l'AEMAN (association qui regroupait l'ensemble des étudiants algériens, tunisiens et marocains et dont le siège était à Alger). Cette initiative visait l'affirmation de la personnalité des peuples maghrébins qui, malgré la colonisation, demeuraient profondément attachés à leur culture, à leur civilisation. Les développements logiques ont eu pour effet l'avènement de l'AEMAN qui n'était en fait que le prolongement de l'association d'Alger sur le territoire français. Pendant trois décennies, le combat des étudiants maghrébins s'est inscrit dans le contexte de cette organisation et celle-ci sera animée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, par les trois mouvements nationalistes, le PPA-MTLD pour l'Algérie, le Néo-Destour pour la Tunisie et l'Istiqlal pour le Maroc. L'évolution historique particulière à chacun des trois pays fera que, petit à petit, la nécessité d'un cadre spécifique à chaque composante apparaîtra avec force tant il importait de répondre avec efficience aux exigences propres à chaque pays. Voilà pourquoi les étudiants algériens ont été conduits dès le lendemain du premier novembre 1954, à réfléchir aux voies et moyens d'une mise en place de leur structure propre, capable de jouer le rôle qui lui incombe dans la lutte de libération nationale. Et pour que soit concrétisée cette réflexion, il a fallu une assez longue préparation d'autant qu'il y avait un combat sur deux fronts: le front extérieur, puisque tout se déroulait sur le terrain de l'administration coloniale qui développait une répression féroce et systématique à l'encontre des étudiants algériens, des deux côtés de la Méditerranée, et le front interne caractérisé par la lutte contre deux conceptions idéologiques contraires. En effet, il y avait celle résolument nationaliste et qui s'avérera massivement majoritaire, et il y avait celle des partisans d'une laïcité revendiquant par une minorité de plus en plus tenue d'étudiants. Le choix même de l'appellation de l'organisation posait problème dès lors qui considéré définissant les caractéristiques culturelles et civilisationnelles du peuple, revendiquant pleinement son appartenance à la civilisation arabo-musulmane auquel cas l'organisation ne pouvait s'appeler que l'UGMA (Union générale des étudiants musulmans algériens). Les protagonistes prétendaient faire valoir une autre définition de la personnalité nationale fondée sur le mixage de diverses ethnies et cultures, ce qui supposait l'intégration de la communauté française dans cette personnalité algérienne. Sans tenir compte des tenants et des aboutissants de la guerre de libération engagée par le peuple algérien car il s'agissait en fait d'une vision propre au parti communiste selon lequel la nation algérienne était en formation. Donc, après huit mois de préparation intense et une coordination étroite entre les étudiants de l'université d'Alger, il a été décidé de tenir le congrès constitutif de l'UGMA à partir de juillet 1955. Simultanément, les protagonistes de l'UGA menaient leur congrès à quelques centaines de mètres du lieu où sont réunis les autres étudiants. Ainsi, deux unions rivales voyaient le jour au même instant, au même endroit. Après quoi, il a fallu aller vers la base dans les différentes villes universitaires, à commencer par Alger. Pendant des mois, un débat idéologique d'une grande importance s'est déroulé entre les tenants de l'une et de l'autre thèse. Cinq mois plus tard, le fossé était net, l'UGMA s'affirmait de très loin l'unique représentant authentique de la communauté estudiantine algérienne.
D'ailleurs à la fin de 1955, l'UGA prenait acte de la situation et décidait son auto-dissolution. Il est bon de noter que parmi les figures notoires de l'encadrement estudiantin à Paris figurait le Belabbésien le docteur Amir Benaïssa qui était responsable de la section universitaire MTLD dans la capitale française. Cet ex-spécialiste de cardiologie a été d'ailleurs arrêté le 6 novembre 54. Au sein de l'AEMNAF, feu Amir était chargé des relations extérieures dont notamment la propagande pour libérer sa patrie colonisée. Au sein de cette communauté installée à Paris, l'on signalera Larbi Madi, Zeraïa El-Hadj, Benchoufi Hassène, Fatima-Zohra Bendissari, Mustapha Francis, Belaïd Abdessalam, M. Kebaïli, Khider Seghir... et autres qui s'illustrèrent par des actes qui honorent l'Algérie révolutionnaire.
Les SMA locaux, un long combat méconnu
Toutefois pour bien tenter de cerner un des aspects émergents de la grève du 19 mai 1956, il est opportun d'évoquer le rôle du scoutisme à Sidi Bel-Abbès comme véritable vecteur du patriotisme. Pour cela, laissons parler Hadj Ali Nehari, SG de la section du 8 Mai 45, «Ce n'est que vers 1934-38 que sont nés les premiers groupes musulmans: El-Falah à Alger, Ibn Khaldoun à Miliana, Er-Radja et Es-Sebah à Constantine, El-Mouna à Annaba, El-Ikbal à Blida, El-Hayet à Sétif, El-Hilal à Tizi Ouzou, Er-Radja aussi à Batna, En-Noudjoum à Guelma, Er-Radja également à Laghouat, Al-Falah à Mostaganem, El-Mansourah à Tlemcen, d'autres à Oran et Saïda. L'association des Eclaireurs musulmans algériens d'Oranie, quant à elle, est déclarée en 1938. Elle rassemble alors tous les groupes existant dans cette partie du pays. Celui de Sidi Bel-Abbès sera donc affilié aux EMA», a d'abord indiqué le SG de la section du 8 Mai 45. Son premier local est alors situé rue de Bretagne, dans la ville arabe ; il est animé d'abord par les frères Menouar, feu El-Ghoul Bachir, Moulay... Auparavant, vers 1940, un jeune étudiant, Djamil Bendimered, avait créé le premier groupe scout de Sidi Bel-Abbès affilié aux SMA. Il en était le commissaire local et feu Saïm Lakhdar, le morchid, tandis que le comité sera successivement présidé par Omar Seguini, Abdeddaïm Bendouda et Boumediène Fardeheb. Cependant, le problème majeur à cette époque consiste à fédérer, à l'échelle nationale, l'ensemble de ces groupes. Au congrès d'El-Harrach, réuni à cet effet du 10 au 16 juillet 1939, le choix se situe entre ces deux appellations: Fédération des EMA, proposée par Omar Lagha, ou Fédération des SMA, avancée par Mohamed Bouras, deux pionniers du scoutisme algérien. Finalement, c'est la seconde qui est adoptée, démocratiquement, après un vote majoritaire. Cependant, il est évident qu'à travers le choix du nom, se profilaient d'autres questions, indique toujours le même Nehari Ali. «Quoi qu'il en soit, non sans heurt, le groupe El-Amal de Bel-Abbès, affilié aux SMA, s'impose. La famille Baraka lui offre l'asile dans le local qui restera toujours le sien, rue du Cimetière, jusqu'à l'indépendance. Il est alors pris en main par feu Mokadem, Mohamed Bendaoudi, Ben Ghazi Cheikh, Saïm Lakhdar, Djellil Hocine, Ben Barek, Amir Benaïssa, Taleb Mourad et Taleb Abderrahmane - cinq futurs médecins - puis Seguini Mohamed, Tabet Mohamed, Daouadji Mohamed, Sekkal Benali, Amir Ghaouti et Zine-El-Abidine, Abdeddaïm Mustapha, Bedjaoui Djilali... qui encadrent les louveteaux, les éclaireurs et les routiers. Notre source signale que des insignes, morse, noeuds, signaux, rose des vents, écussons et tout un bestiaire de fauves (loups, panthères noires, rapaces empaillés...) ornent les murs du local. Autant de symboles et des signes nouveaux pour la jeunesse locale, autant d'interrogations qui font «travailler» l'esprit des adolescents. De ce fait, Bel-Abbès sera donc présente au premier camp fédéral de juillet 1944 organisé par la ville voisine de Tlemcen qui a vu «le rassemblement historique» de plus de 450 scouts musulmans venus de toute l'Algérie.
«Mine Djibalina» sur les hauteurs de Lala Setti
C'est à Lala Setti qu'a été appris «Min Djibalina» pour la première fois ; c'est avec ce chant patriotique qui deviendra un hymne national avant la lettre que défilent les scouts à travers la cité des Zianides, indique Hadj Ali Nehari qui signale que «De l'organisation et de l'accueil des habitants, ils en conserveront tous un souvenir impérissable et stimulant et, ce d'autant plus que trois leaders, Messali Hadj, Ferhat Abbas et Cheikh Bachir Ibrahimi ont tour à tour rendu visite à ce premier camp fédéral et se sont entretenus avec ces jeunes scouts représentant la continuité et la modernité, l'espoir et l'avenir du pays. La délégation belabbésienne, comme les autres, en est revenue plus enrichie et plus déterminée à continuer sa tâche d'éducation civique de la jeunesse. Mais que signifie ‘éducation civique' quand l'article 2 de la loi scoute stipule que ‘le scout est loyal et fidèle envers Dieu, sa patrie, ses chefs et ses subordonnés' et que l'article 3 de la Route déclare que ‘le routier est un patriote modèle' ? Dans ce cas, qu'est-ce que ‘la patrie'» ? souligne Hadj Nehari. Face à l'hostilité et aux manoeuvres d'intimidation de l'administration française, les SMA seront amenés à définir et identifier comme suit la patrie: «le pays où l'on naît, le pays des ancêtres», c'est-à-dire l'Algérie qu'ils doivent aimer et servir pour demeurer fidèles à leur loi. Dans cette optique, par leurs activités culturelles, leurs chants et défilés, ils clament haut et fort leur amour de la patrie qu'ils propagent par ce biais. «Mine Djibalina» Moyteni-»Hayou Chamel Ifriqiya» entre autres, indiquent clairement par leurs titre et contenu l'orientation patriotique, indépendantiste et maghrébine du scoutisme algérien dès cette époque. C'est tout un programme à long terme. Aussi le local de Sidi Bel-Abbès est surveillé et des pressions exercés, en vain, sur les chefs pour que de tels chants ne soient pas répétés. En attendant, survient le 8 mai 1945 qui a ébranlé la ville, comme toutes les autres en Algérie. Des scouts en civil ont pris part à la manifestation qui a regroupé quelque 4.000 musulmans environ, dont 600 mauresques... à travers les principales artères de la ville de Sidi Bel-Abbès, selon un rapport officiel confidentiel. Mais, c'est surtout l'arrestation de Djellil Hocine, jeune scout et lycéen structuré dans le PPA, parmi les militants engagés, qui a marqué ses camarades dans le milieu du scoutisme ; il passera son bac en prison mais il l'aura quand même. La répression et surveillance étroite du local imposent une pause momentanée. Cependant, la reprise de plus belle ne tarde pas car, ayant atteint un certain degré d'organisation, les Belabbésiens doivent maintenant préparer un camp-école. Celui-ci a lieu, en 1946, avec la participation de Kerouicha, un des rares Algériens qui s'étaient initiés aux techniques scoutes avec les EDF à Oran avant la guerre. Les activités, relève-t-on, sont intenses, le patriotisme et l'élan révolutionnaire aidant entraînent en 1947, la participation au jamboree de la paix qui devait avoir lieu à Moisson, près de Paris, au mois d'août. Une délégation belabbésienne est désignée pour y participer avec les autres groupes SMA d'Algérie. Aussitôt un d'entre eux, initié à la broderie, se porte volontaire pour confectionner le drapeau. A suivre


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