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Tiaret: Quand le mouton ne veut pas vendre sa peau !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 11 - 2011

A moins d'une semaine des fêtes de l'Aïd El-Adha, une surchauffe, jamais observée de mémoire de Tiarétien, s'empare des marchés à bestiaux de la wilaya de Tiaret. Samedi, à Sougueur, dans le deuxième plus important marché à bestiaux du pays, un antenais d'une vingtaine de kilogrammes avait fière allure et se cédait déjà à 32.000 dinars sous le regard médusé du chaland désemparé.
Après «l'essorage» du Ramadhan et de l'Aïd, suivi une encablure plus loin par «l'étau» de la rentrée scolaire, la ménagère n'a pas eu le temps d'attendre l'autre Aïd pour mettre déjà un genou par terre. Que dire alors de ceux, nombreux, qui seront obligés de faire le sacrifice... (sans mauvais jeu de mot) sur une fête à la charge symbolique des plus fortes chez la famille algérienne. Il n'y avait pas grand monde tôt dans la matinée de samedi, au marché à bestiaux de Sougueur. «Les gens n'ont plus d'argent, c'est la dèche» nous lâche au visage un vendeur de charbon qui dit, lui aussi, ne plus trouver de chaland. Véritable baromètre de toute la région pour la mercuriale des prix des viandes rouges, le marché de Sougueur a de tout temps été considéré comme le principal pourvoyeur en bêtes vivantes de pratiquement l'ensemble des wilayas du pays. Mais si le cheptel est si profus au point de donner l'illusion «cruelle» que l'on peut acheter une bête moyennant une poignée de dinars, les prix donnent le tournis au plus averti des arcanes des «choses de la terre».
Par un temps frisquet, un homme se cachant le visage sous un cache-nez bigarré, veut à tout prix faire la surprise à ses trois enfants dont l'un est convalescent après une lourde opération chirurgicale. Abordant avec un sourire feint un maquignon aux mains démesurément grandes, il s'évertue à marchander une bête encornée qui affiche une fière allure. Après moult palabres et suppliques, le digne père de famille finit par pousser un gros soupir avant de consentir à casquer la modique somme de vingt six mille dinars, «un sacrifice qui ne vaut pas son pesant… de viande» trouve-t-il le moyen de plaisanter.
Dans ce véritable capharnaüm qu'est le marché à bestiaux de Sougueur, les moutons sont agglutinés par pelotons entiers mais les prix continuaient à monter jusqu'à donner la nausée à quelques bouchers, révulsés à l'idée de rentrer bredouille. Une vigoureuse bête encornée tenue en laisse, un maquignon, le regard vif, joue de l'œil dans toutes les directions à la recherche d'un client qui ne viendra sans doute pas et pour cause, la bête d'une quarantaine de kilogrammes, à l'allure «accrocheuse», vaut un prix «fou» puisque son «proprio» ne veut pas la céder à moins de 45000 dinars cash.
LA LOI DU PARADOXE
En vertu d'une «loi» non écrite vieille comme le monde, les prix des viandes comme ceux, d'ailleurs, des fruits et légumes prennent l'ascenseur à chaque fois que le ciel se montre généreux. Cette année, la saison agricole a été bonne avec une production qui a frisé les trois millions de quintaux.
L'orge, aliment de bétail par excellence, est disponible en quantités largement suffisantes avec des prix à portée des éleveurs. Mais, selon les connaisseurs en la matière, les éleveurs n'ont plus besoin d'acheter de l'orge puisque la vaine pâture et les terres de parcours suffisent largement à nourrir leurs cheptels.
«Qu'il est loin ce temps où, à la suite d'une longue période de sécheresse, les éleveurs étaient obligés, la mort dans l'âme, de sacrifier une bête pour nourrir trois autres», soupire un boucher fort connu, installé depuis des lustres au marché couvert de la ville de Tiaret.
La semaine écoulée, au marché à bestiaux de Tiaret, si le nombre de têtes de mouton et autres caprins proposés à la vente était tout simplement impressionnant, les prix battaient tous les records : un antenais d'à peine dix-huit kilos a été cédé à un jeune homme de retour de la Omra contre la modique somme de vingt six mille dinars.
Les spécialistes s'accordent à souligner que la rétention des cheptels, dans une wilaya qui compte, faut-il le rappeler, l'un des plus importants effectifs ovins de tout le pays, trouve son explication par l'acquisition en «quantités industrielles» de moutons par des intermédiaires et spéculateurs de «métier», qui ne perdent rien, bien au contraire, à engraisser presque gratuitement les troupeaux, en attendant tranquillement la saison du Hadj et les fêtes du sacrifice du mouton pour, littéralement, «flamber» le marché avec des prix qui frisent l'imaginaire.
LE RAS-LE-BOL DES BOUCHERS
«De toute la carrière de boucher depuis une trentaine d'années, jamais le commerce des viandes congelées n'a été aussi florissant que durant le dernier mois de Ramadhan», confesse un boucher qui envisage de mettre la clef sous le paillasson aussitôt après les fêtes de l'Aïd. Pour lui, la hausse vertigineuse des prix de la viande fraîche s'explique aussi par l'envahissement du marché local par des quantités astronomiques de viandes congelées.
La «période de soudure» comme on dit dans un autre marché, représentée par le grand pèlerinage et l'Aïd El-Adha, sont une période où, traditionnellement, les prix des viandes prennent l'ascenseur sans crier gare, nous rappelle Ammi Miloud, vendeur de pastèques à ses heures perdues.
«Depuis l'été dernier, en achetant des moutons sur pied pour les revendre au détail, j'arrive même pas à couvrir mes frais», se plaint notre interlocuteur. «Même les abats, le bouzelouf ou encore la peau de mouton ne trouvent plus preneur auprès de la ménagère, ce qui grève dangereusement nos charges au point que la majorité des bouchers sur la place de Tiaret travaillent à perte», ajoute-t-il, le regard fuyant, comme pour éviter des esses accrochés au plafond désespérément vides.
Après un Ramadhan «ruineux», suivi dans la foulée par une rentrée scolaire tout aussi «essoreuse», la priorité de la ménagère est de faire plus attention à ses sous, même si elle est disposée à recevoir un... autre coup de corne à son porte-monnaie en sacrifiant à un rite quasi inévitable, quoi qu'il en coûte.
Et même si le poulet a perdu quelques plumes pour (re) tomber dans le plat du consommateur, nombreux sont ceux qui n'ont pas goûté à un traître morceau de viande «ghalmi» depuis plus d'une année... Vendredi encore, au marché des fruits et légumes de «Volani», le prix de la viande ovine avait largement franchi la barre «fatidique» des huit cents dinars le kilogramme, un avant-goût des plus amères de ce que sera la fête de tous les soucis.
Même si, pour ce boucher d'un certain âge, assis sur un tabouret déglingué au marché couvert de la ville, à attendre un improbable client, on ne peut jamais avoir la peau de l'ours sans l'avoir tué...
MÊME LA BLUE TONGUE...
Depuis septembre dernier, les éleveurs font face à une maladie qu'ils craignent particulièrement : il s'agit de la blue tongue, plus connue sous le nom de fièvre catarrhale. Des appels au confinement des cheptels ont été lancés par les services de l'Inspection vétérinaire pour éviter la contamination des troupeaux à plus grande échelle. Maladie virale transmise par des moucherons piqueurs, la fièvre catarrhale touche les ruminants d'élevage, les moutons notamment. Les symptômes de la maladie se caractérisent par une salivation excessive, la destruction des muqueuses du museau, une langue enflée et colorée de bleu, fatigue générale et manque d'appétit. Les moyens de lutte contre la blue tongue consistent en la désinctisation totale des étables et autres éclos et procéder à un enfouissement complet des bêtes mortes de la même maladie. Une maladie si redoutable qu'elle ne fait pourtant pas peur aux éleveurs, soucieux de garder leurs troupeaux jusqu'à la dernière «ligne droite» précédant l'Aïd El-Adha. «La faible prévalence de la maladie et la disponibilité des médicaments pour lutter contre la maladie sont aussi des facteurs qui expliquent pourquoi les éleveurs tiennent à faire dans la «rétention» des troupeaux pour ne pas agir à la baisse sur le niveau des prix des moutons», explique un peu doctement un docteur-vétérinaire, fin connaisseur des arcanes du monde agricole. «Assurément, au rythme où vont les choses, de nombreux Algériens seront contraints de faire l'impasse sur une fête qui n'appartient plus qu'aux gens aux gros sous…»


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