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TLEMCEN: Il y a cent ans, la grande «Hidjra»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 28 - 04 - 2015


4ère partie
A propos du code de l'indigénat, Bénali Fekar écrit dans le journal «le Rachidi « : « Si les Européens et les Israélites naturalisés collectivement en 1870 reçoivent le bénéfice des libertés démocratiques, les Algériens eux, se voient appliquer une législation spéciale, confiée sans appel aux administrateurs : c'est le fameux code de l'indigénat. La responsabilité collective des tribus est officiellement instaurée par une loi de 1874, le séquestre des terres devient une arme administrative». D'un autre côté, un autre juriste tlemcenien, Taleb Abdeslam, notait dans son livre paru au moment de la guerre 14/18 ( Librairie Médiouni, Tlemcen) intitulé «Les ambitions algériennes« suggérant l'idée d'un «self governement« pour tous les Algériens, y compris les colons : «A l'heure actuelle , le Musulman algérien est frappé du «capitis diminutio » et ne jouit absolument d'aucun avantage des autres français bien que supportant et, au-delà, toutes les charges de ces derniers». La «Hidjra» fit réagir en son temps , d'autres personnalités se mêlant aux débats pour apaiser le climat, dont les célèbres imams malékites Cheikh Abdelkader al-Midjaoui (1848-1914) et cadi Choaïb Aboubekr (1848-1927) (11), enfin, le sage et homme politique Si M'hamed Ben Rahal (1858-1928) (12) … Le penseur algérien Malek Bennabi et l'historien américain Alan Christellow considèrent l'imam malékite Cheikh Abdelkader al-Midjaoui (1848-1914) comme l'un des premiers maillons de la chaîne des Oulamas ayant initié le mouvement réformiste (islahisme ) en Algérie, dès 1877 et dont, parmi les disciples de son sillage, il est cité Cheikh Hamdane Lounissi précepteur de Cheikh Abdelhamid Ben Badis (1889-1940). Cheikh Abdelkader al-Midjaoui fait partie de la pléiade de savants réformistes marocains et algériens formés à la Qaraouiyine de Fès par son père Abdelkrim al-Midjaoui (m en 1898) dont Abou Choaïb Doukkali, Mohamed Bensouda… Cheikh Abdelkrim al-Midjaoui, héraut maghrébin du réformisme ayant fait autorité, a occupé pendant vingt ans le poste de cadi à Tlemcen sa ville natale, avant de s'installer à Tanger comme cadi, puis professeur à la Quaraouiyine de Fès, jusqu'à sa mort.
Les partisans de la « sounna et la djamaa », très attachés à la culture islamique et ses courants andalou-maghrébins forgés par la pensée des grands maîtres de la pensée soufie dont les disciples étaient dans le passé très impliqués dans le domaine politico-social (voir Abou Madyan Choaïb (1127-1197 ), Mahieddine ibn Arabi 1167-1240) initiateur de l'école «akbarienne» dont l'émir Abdelkader ibn Mahieddine (m. en 1883) fut un des disciples, Abdeslam Ibn Machich (m. 1228), Ahmed ibn Adjiba (m. 1809)…, restaient quelque peu éloignés des tendances orientales qui ont réformé l'Islam au moyen-âge arabe avec, entre autres, Taqî al-din Ibn Taïmiya (1263-1328), mort à Damas et dont le courant radical eut une influence primordiale sur la pensée contemporaine des renaissants (Nahda) et des leaders réformistes en Algérie. « La création de l'association des Ulamas algériens sur la lancée de la Nahda (Renaissance) suscita à Tlemcen, la réplique des savants orthodoxes de culture religieuse spécifique andalo-maghrébine les «Ahl sounna oua-l-djamaa» ( Gens de la sunna et de la Communauté) qui, dans leurs critiques , considéraient l'association des Ulamas algériens comme «en dissidence du sunnisme» et de ce fait « non qualifiée à parler au nom de la Communauté «. A partir des années « 30» s'affrontèrent les partisans de l'Islam jacobin et les membres des zaouias dans un climat souvent exacerbé par le parti coloniste. (Source : Document inédit publié dans «Les Jeunes-Algériens et la mouvance moderniste, El hassar Bénali, Paris 2013).
Il comptait parmi ses grands amis l'homme d'Etat français connu pour son engagement dans l'affaire Dreyfus aux côtés d'Emile Zola et d'Anatole France (auteur d'un article publié dans «el Misbah») Edouard Herriot connu aussi pour son soutien à la cause de la construction de la mosquée de Paris en hommage aux Musulmans tombés au champ d'honneur pendant la première guerre mondiale, à Lyon où ils sont partagés les bancs de la faculté avant d'être élu maire, en 1905. Bénali Fekar était fondateur avec le romancier Pierre Loti, le peintre Etienne Nasrredine Dinet, les écrivains Jérôme et Jean Tharaud …de la première Alliance franco-indigène à Paris, en 1911, et co-fondateur avec son frère Larbi, instituteur à Oran, du premier journal d'inspiration «Jeune Algérie « du nom d'«el Misbah» (1904-1905) (la lanterne) au nom de la Lumière, symbole fort de liberté et de libération, rêve pour son pays natal… En tant que journaliste, Benali Fekar suivait avec intérêt l'actualité dans le monde musulman et dans l'empire ottoman notamment, signant des articles publiés dans les journaux parisiens et lyonnais dont : le Petit journal, le Matin de Paris, le Temps (actuel le monde ) , la France islamique, Revue du monde musulman, le courrier la Dépêche de Lyon ... En Algérie il eut à aborder la question de la «Hidjra» dans un article publiés dans le journal bilingue paraissant à Jijel » le Rachidi «, (1911-1914). «El Misbah» est le titre tel que transcrit tantôt par «le flambeau» tantôt par «la lanterne» en français par Larbi Fekar (1868-1932), instituteur et conseiller municipal de la ville d'Oran, son fondateur principal en souvenir du journal créé par Henri Rochefort (1831-1913) condamné au bagne et cela, sous l'influence d'acteurs favorables à la Commune de Paris exilés à Oran, parmi eux les nombreux instituteurs.
Dans un rapport militaire enquêtant sur l'effervescence provoquée par la conscription en Algérie, Benali Fekar, en vacance la même année dans sa ville natale, lui-même fort affecté par l‘exil de sa soeur à Adana (Turquie), fut accusé d'avoir «jeté de l‘huile sur le feu», en exposant publiquement dans une conférence à Tlemcen, son opinion sur la question . Les premières forces de refus se manifestant contre la conscription ont entraîné, en même temps, un mouvement de l'esprit qui prit de l'ampleur. Ch.R.Ageron écrit :» C'est seulement en 1901, à propos d'une grande enquête sur l'avenir de l'Islam que deux jeunes arabisants français, E. Doutté et W . Marçais, firent connaître au public l'apparition en Algérie d'un mouvement de Jeunes-Musulmans instruits qu'ils désignèrent comme un parti « Jeune -Turc». Ces observations furent une révélation et ressentaient trop directement, peut-être, de l'influence du milieu tlemcenien. Tlemcen faisait encore, à cette date, figure de capitale religieuse de l'Algérie musulmane et le besoin de réformes déjà tourmentait très naturellement la nouvelle génération « (Ch. R. Ageron Les Algériens musulmans et la France p.1031). C'est par l'intermédiaire du petit cercle des « Jeunes-Algériens« que les idées républicaines trouvèrent un chemin dans le microcosme urbain de la société musulmane.
Les «Jeunes - Algériens» firent de l'obligation militaire le corollaire des droits et des libertés. Ce projet divisait la classe politique française en ce sens que, pour certains, «la conscription était dangereuse » en ce qu'elle «armerait les Algériens» et pour d'autres, en ce qu'elle poserait implicitement « la question de la citoyenneté». Au regard de la loi sur la séparation du culte et de l'Etat, les « foqaha(s)»eurent, à ce moment, une réaction très négative car perçue comme un processus masqué de désislamisation et de naturalisation d‘autant aussi que le souvenir de la destruction en 1873 d'un des grands centres maghrébins d'enseignement religieux à savoir, la célèbre médersa «et-Tachfiniya», fondée au XVe siècle, était encore là, présent dans la mémoire des vieux citadins qui continuaient à se lamenter d'impuissance devant aussi le remodelage de leur cité qui a entraîné la disparation de pans entiers de son histoire enfin, les campagnes d‘expropriations massives, et l'accaparement des terres agricoles qui a durement restreint les droits à la terre. Dans son article intitulé « La représentation des Musulmans algériens et la France « ( Revue du monde musulman,1909 ) apprécié « comme un modèle de synthèse des problèmes algériens « par le professeur Gylbert Meynier, dans son livre « L'Algérie révélée …» (Ed. Droz, Genève, 1982) le politologue algérien Bénali Fekar considérait, que : « la population n'avait rien à voir avec la laïcité dont ils (les Foqaha-s) ont une difficulté à comprendre le sens et que cette question à trait à un contentieux historique de la France avec la religion dans son pays».
Les interventions du jeune juriste et politologue sont très utiles à l'analyse pour dégager l'atmosphère politique créé par l'appel au boycott de la conscription.»L'intransigeance des Arabes demeurait entière et l'hostilité sourde qu'on nourrissait contre le conquérant étant d'autant plus vive à ce moment «, soulignait il, en expliquant la situation lors de sa conférence intitulée «L'œuvre française en Algérie jugée par un Arabe» présentée à Rouen, en 1905, invité par les membres de la société de géographie de Saint-Nazaire. » A côté du Français, commente-t-il dans un discours en pleine invention, qui est, lui, le vainqueur et par cela même autorisé à agir comme il lui convient, arrive de toutes parts l'étranger qui s'assimilera, lui, parce que ses mœurs, sa religion lui permettent de le faire sans trop sacrifier à ses traditions. Peu de temps après, il sera légalement français. Il nommera ses représentants, ses défenseurs. Il développera son domaine, souvent au détriment de l'indigène, et cela légalement, par la licitation, par l'expropriation pour cause d'utilité publique, deux actes légaux qui ne peuvent jamais être compris de la population arabe autrement que comme des actes du vainqueur. L'ignorance aidant aussi, quelques maladresses administratives, l'empêcheront toujours d'en connaître le mobile qui inspire le législateur «. La politique coloniale de la France était encore , à ce moment, au cœur de critiques acerbes des vieux citadins surtout après le décret Crémieux qui accorda, en 1870 , la nationalité française aux Juifs d'Algérie appelés de ce fait, officiellement, à remplir un rôle prépondérant dans la cité . Ce décret qui a jeté la consternation dans les esprits, portait la responsabilité de la détérioration des relations entre Juifs et Musulmans dans cette ville où pendant des siècles les deux communautés ont fait partie de son univers, de sa sociabilité partageant ensemble leur citadinité ou «Tamaddoun ». Il est clair que ce décret constituait une des tentatives coloniales de division de la population ceci , «à l'effet aussi d'effacer toute trace de l'histoire commune entre Juifs et Musulmans» commente Bénali Fekar. Dans cette vieille cité, le commerce et la musique andalouse symboles des relations entre l'Andalousie mythique et le Maghreb illustrent parfaitement cette intégration entre Juifs et Musulmans qui y ont scellé pendant des siècles des rencontres et des dialogues, partageant, en dehors de la foi, des traits socio- culturels identitaires. Au croisement du chant et de la poésie, l'art andalou irradiait tout le Maghreb. Fortement ancré dans le paysage tlemcenien la pratique de cet art du goût et du bien-être était pour tout le monde, un terrain pacificateur. La tentative de séparer les deux communautés, historiquement imbriquées dans le Maghreb, a contribué à faire monter la tension, polarisant juifs et musulmans. Cette politique de division n'épargnait pas également le corps de sa bourgeoisie musulmane traditionnelle et cela, en exploitant ses clivages ethniques et religieux , voire entre les citadins «Hadar(s)» ( autochtones et maures d'Espagne ) et les citadins d'origine ottomane les «Couloughli (s)» turcophiles, entre également les thuriféraires du réformisme les «Islahi (s) « et, les initiés à la tradition soufie de l'enseignement des grands mystiques maghrébins , au sein des zaouias, les «toroqi (s)». Ces deux derniers courants affichaient ouvertement leurs obédiences religieuses et s'accusaient d'un côté «d'hérétiques» et de l'autre de « néo wahhabites».
A suivre


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